L’addiction au porno fait de plus en plus de victimes chez les femmes <!-- --> | Atlantico.fr
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De plus en plus de femmes deviennent addicts à la pornographie.
De plus en plus de femmes deviennent addicts à la pornographie.
©AFP / Jeanne Fourneau / Hans Lucas

Dépendance

Les femmes regardent de plus en plus de vidéos pornographiques. La proportion d'addiction entre les hommes et les femmes tend à s'égaliser aujourd'hui

Alain Héril

Alain Héril

Alain Héril est psychothérapeute et sexothérapeute depuis 25 ans.

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Atlantico : On assimile souvent le porno aux hommes. Quant aux femmes, elles regardent de plus en plus du porno. Quelle est l’ampleur du phénomène ?

Alain Héril : C’est un phénomène qui est en mouvement. Il y a une trentaine d’années, l’addiction concernait 90% des hommes et 10% des femmes, une proportion qui tend à s’égaliser aujourd’hui. Le rapport à l’image pornographique chez les femmes se fait de manière beaucoup plus discrète que chez les hommes, car il y a une certaine honte pour les femmes à regarder du porno. 

Il y a deux grandes catégories d’images pornographiques regardées par les femmes : les images de soumission (bdsm) et les images lesbiennes, souvent chez les femmes hétérosexuelles d’ailleurs. 

Les femmes reproduisent-elles davantage que les hommes ce qu’elles regardent ?

Pas nécessairement. La sexualité féminine est beaucoup plus intellectualisée que la sexualité masculine, dite d’imprégnation, où l’homme veut reproduire dans le réel ce qu’il a dans la tête. Chez les femmes, il y a encore une certaine pudeur à ce niveau-là. Il existe une excitation interne qui ne cherche pas à se reproduire dans le réel.

Il est donc difficile de quantifier ce phénomène ?

Oui car la femme reste discrète sur ce sujet. Les premières images pornographiques correspondaient à des vignettes qui étaient projetées dans les bordels. La pornographie s’est donc construitee sur la prolifération d’images et de situations excitantes pour les hommes. C’est pourquoi on reproche à la pornographie d’être misogyne et machiste. Depuis quelques années, il y a un courant de pornographie féministe, où les femmes ne sont pas forcément soumises et où le porno lesbien est bien plus présent. Ce type de pornographie ne va pas se retrouver sur les sites traditionnels, mais plutôt sur des sites payants. C’est une autre philosophie de la pornographie. 

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Concernant l’addiction au porno, quelles en sont les conséquences pour les femmes ?

Il n’y a pas d’addiction sans compulsion, c’est-à-dire sans l’envie d’y revenir. Comme pour toute forme d’addiction, la personne est embarquée par le produit et reste obsédée par les images. Des patientes me disaient que dans leurs relations sexuelles, elles avaient besoin de convoquer les images pour trouver de l’excitation. 

Les jeunes filles âgées entre 18 et 24 ans ont moins de relations sexuelles que leurs aînées. Le porno a-t-il eu un impact ?

Le rapport sexuel en lui-même n’a pas encore été vécu à cet âge. On cherche en la pronographie un modèle. On essaye de reproduire ces images-là, ce qui ne peut que décevoir les jeunes filles. Le risque est de les inhiber au lieu de les débrider. Les jeunes filles s’enferment dans leur imaginaire sans être capables de passer à l’acte. On constate le même phénomène chez les garçons de cette tranche d’âge. 

Comment sensibiliser les jeunes filles au risque de l’addiction au porno ?

Il y a un déficit d’éducation à la sexualité, aussi bien dans les collèges que dans les lycées. À ces âges-là, il y a un questionnement sur la sexualité, mais le porno ne peut pas répondre aux questions que se posent les jeunes. Aujourd’hui, on ne fait que de la prévention des maladies sexuellement transmissibles à l’école. Il faudrait pousser plus loin la réflexion et aborder des sujets tels que le plaisir, le consentement, la masturbation ou encore le rapport à l’autre.

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