Incivilités, drogues, règlements de compte à Marseille... L’armée peut-elle résoudre tous les maux ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Un homme de 25 ans a été tué par balles mercredi soir dans un quartier nord de Marseille. Il s'agirait d'un nouveau règlement de compte.
Un homme de 25 ans a été tué par balles mercredi soir dans un quartier nord de Marseille. Il s'agirait d'un nouveau règlement de compte.
©Reuters

Camouflage

Dans une interview donnée au Parisien ce dimanche 26 août, la sénatrice marseillaise Samia Ghali a prôné un "recours à l’armée" dans les quartiers chauds de Marseille. Mercredi soir encore, un homme de 25 ans a été tué d'une rafale de Kalachnikov.

Alain Tourre

Alain Tourre

Alain Tourre a passé plus de trente-huit années au service de la police nationale, dont la majeure partie en police judiciaire.

Au cours de ce parcours professionnel, il fut pendant deux ans le «patron» du SRPJ (Service régional de police judiciaire) de Marseille. Il a écrit L'Histoire de l'évêché (Jacob-Duvernet - 2011).

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Atlantico : Samia Ghali, sénatrice des Bouches-du-Rhône, a prôné dimanche dernier un « recours à l’armée pour bloquer l’accès des quartiers aux clients des dealeurs ». La situation marseillaise nécessite-t-elle réellement l’intervention de l’armée française ?

Alain Tourre : Je suis étonné par les propos de Mme Ghali. On ne fait appel à l’armée qu’en cas de situation d’insurrection. Ce n’est absolument pas le cas aujourd’hui à Marseille. Les militaires font un excellent travail dans certaines zones sensibles extérieures. Ne mélangeons pas les genres !  La police est là pour rétablir l’ordre et faire respecter la loi.

Faire intervenir l’armée, oui mais quels services ? Cela poserait plusieurs problèmes en termes de liaison avec les autorités judiciaires et policières. C’est irréalisable !Je crois que l’intervention de cette sénatrice marseillaise doit être davantage vue comme un signal d’alarme que comme une réelle proposition.

Où se situe l’urgence à Marseille ?

Le gros problème à Marseille est celui des cités et plus particulièrement celui de la drogue qui est on ne peut plus crucial. La grande partie des règlements de compte que l’on constate à l’heure actuelle sont le résultat d’enjeux en termes de trafic de stupéfiants.

C’est clairement l’objectif prioritaire et je crois que Manuel Valls en est tout à fait conscient. Il l’a bien montré en disant récemment qu’il fallait déclarer la guerre au trafic.

Si l’intervention de l’armée est inenvisageable, quels types de solutions proposez-vous alors ?

Il n’est vraiment pas facile de démonter les affaires de stupéfiants dans les cités marseillaises. Les « schoufeurs » font bien leur job et acquièrent de plus en plus d’expérience. D’ailleurs les meilleurs « schoufeurs » des années 70 et 80 sont maintenant devenus les plus gros caïds du moment. Investir ces cités nécessite bien évidemment des moyens financiers et humains. Il faut également mieux cibler les affaires, les quartiers. La définition par le ministère de l’Intérieur de certaines zones de sécurité prioritaires (ZSP) va dans ce sens.

De plus, lorsque le gouvernement précèdent était en place, il a été décidé d’installer un système de vidéosurveillance dans le centre-ville. Ce système est en train d’être mis en place et je pense qu’il devrait bientôt apporter un certain soulagement.

En faisant ce type de déclaration Samia Ghali désavoue en quelque sorte le travail des forces de police marseillaises. Les Marseillais ont-ils toujours confiance en leur police ?

Au travers des personnes qu’il m’arrive de rencontrer, j’ai pu constater que les marseillais savent que la police fait son travail du mieux possible avec les moyens dont elle dispose. La mauvaise réputation de la police marseillaise relève de la légende. Il n’est pas juste de se focaliser sur l’honnêteté des forces de police marseillaises.

Samia Ghali propose également de « rétablir le service militaire pour obliger les jeunes qui arrêtent l’école trop tôt à sortir de leur quartier et à apprendre la discipline ». Partagez-vous cette analyse ?

Même si cela coûtait excessivement cher à l’Etat, je trouve réellement dommage que le service militaire ait été supprimé. Cela permettait effectivement à des jeunes qui étaient souvent en difficulté de pouvoir trouver au sein d’une collectivité un véritable sens des valeurs. Un sens des valeurs qui n’existe malheureusement plus dans les cités aujourd’hui.

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