Gangrène : l'Espagne va-t-elle périr par ses régions malgré la détente des marchés ? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Suite aux annonces de soutien de la BCE, l'Espagne a profité d'un marché détendu.
Suite aux annonces de soutien de la BCE, l'Espagne a profité d'un marché détendu.
©Reuters

Mucho dinero

Acculée par la dette, la Catalogne appelle Madrid à l'aide. L'Espagne elle-même croule sous les faillites régionales. Un enchaînement de dominos qui n'arrangent pas la situation du pays auprès des organismes de prêt européens.

Matilde Alonso Pérez et Elies Furio Blasco

Matilde Alonso Pérez et Elies Furio Blasco

Matilde Alonso Pérez est professeur à l’Université de Lyon 2. Elle est spécialiste en économie de l’Espagne.

Elies Furio Blasco est professeur à l’Université de Lyon 3 et anime le projet Dimension économique de l’Espagnol, dont l’objectif est l’analyse stratégique des entreprises espagnoles internationalisées.

Voir la bio »

C’était une mort annoncée. La Catalogne, la région la plus riche d'Espagne (1/5ème du PIB espagnol) a chiffré officiellement son appel à l’aide à Madrid. Le gouvernement d’Artur Mas, président de la Generalitat, a demandé 5 milliards d’euros pour faire face à ses obligations tout en reconnaissant que cette quantité sera insuffisante pour régler tous les problèmes de trésorerie.

Pour sa part, Madrid admet que la date d'activation du Fonds régional de liquidité (FLA) n’est pas fixée. Le gouvernement n’a pas non plus précisé son financement. Le ministre de l'Economie parle d’une participation du Trésor, sans mentionner les modalités. Un prêt de l’organisme de loteries de 6 milliards est le seul montant qui semble se confirmer. Un problème de plus pour la Catalogne. Elle a besoin d’un milliard pour le mois de novembre, date d’échéance des « bons patriotiques » (bonos patrióticos), la dette publique de la Generalitat proposée aux investisseurs particuliers.

Mis à part la Catalogne, deux régions ont déjà frappée à la porte du FLA : la région de Valence (4,5 milliards d’euros) et Murcie (300 millions). La liste risque de s’alourdir avec d’autres candidates : Castille-La Manche, Iles Baléares, Canaries et l’Andalousie.

D’ici à la fin de l’année, les gouvernements autonomes devraient faire face à leurs obligations de remboursement de dette (15,8 milliards d’euros) et aux objectifs de déficit de 1,5% du PIB.

Avec un FLA de 18 milliard d’euros (moins de 9 après avoir déduit les besoins de la Catalogne, Valence et Murcie), reste à savoir si le fonds pourra répondre à toutes les demandes qui se préparent.

Responsables des lourds budgets de la santé et de l’éducation, certaines régions ont profité des 15 ans de croissance économique pour lancer des projets pharaoniques. Le résultat : une dette de 12,6% du PIB espagnol en 2011, avec en tête la Catalogne et Valence.

Des exemples déjà classiques du gaspillage des années folles sont les aéroports sans avions (Castellon et Ciudad Real), la cité de la culture de Saint-Jacques-de-Compostelle : 60 000 m2, onze ans de travaux, un coût de 400 millions d’euros, contre 108 millions prévus au départ et 4,5 millions par an d’entretien des bâtiments. Canal 9, la chaîne publique de la région de Valence, emploie 1 800 personnes, soit plus que les trois chaînes Antena 3, Telecinco et la Sexta réunies… elle prépare aujourd’hui un plan de licenciement pour garder 400 emplois. Des dizaines de projets similaires ont vu le jour. Ils ont coûté cher au contribuable, parfois sans rentabilité.

Les 17 régions espagnoles ont profité des taux d’intérêt dérisoires pour dépenser sans limite. Le laxisme du chef du gouvernement socialiste José Luis Rodriguez Zapatero (2004-2011) laisse une facture salée. Aujourd’hui, les régions subissent un ajustement à la hauteur des folies du passé.

Contrairement aux lourdes dépenses, les revenus des régions, fondés notamment sur la construction, sont très sensibles au cycle économique. Par ailleurs, pendant la période de forte croissance, la dépense publique a augmenté plus que l’économie mais le surplus a été épongé par les recettes publiques extraordinaires de la bulle immobilière et par l’endettement des régions. Pour enfoncer le clou, la crise augmente les besoins (il ne faut pas oublier les 4,5 millions de chômeurs) et ce même que certains projets comme la loi de la dépendance n’ont pas pu être mis en route faute de ressources.

La panne de la Catalogne, moteur économique de l’Espagne, peut entraîner la débâcle du pays. Traditionnellement, la Catalogne exportait et la demande catalane dynamisait l’économie espagnole. Avec le premier moteur en panne et le reste de régions en miettes, le sauvetage hors de prix de l'État espagnol pourrait avoir des conséquences graves pour la zone euro.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !