Féminicides du 7 octobre : un Appel à la conscience féministe française et universelle<!-- --> | Atlantico.fr
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Une affiche demandant la libération de la Germano-Israélienne Shani Louk lors d'une manifestation pour la libération des otages.
Une affiche demandant la libération de la Germano-Israélienne Shani Louk lors d'une manifestation pour la libération des otages.
© AFP / THOMAS COEX

A la mémoire de Shani Louk

Pourquoi dans l'omerta la plus totale - après le meurtre barbare de centaines de femmes israéliennes, dont certaines sont françaises, allemandes, américaines - l’ensemble du tissu féministe et LGBTQI+ français garde-t-il le silence ?

Olivia Cattan

Olivia Cattan est écrivaine, journaliste, présidente de Paroles de Femmes et de SOS autisme.
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Alain  Beit

Alain Beit

Alain Beit est président de Beith Haverim, association LGBTQ.
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Depuis le 7 octobre et les massacres de civils israéliens, dont des femmes et des enfants, nous avons interpellé des organisations féministes afin de dénoncer les centaines de féminicides, commis lors d’un Festival de musique électronique pour la paix. Ces meurtres faits dans la plus grande barbarie se sont accompagnés de l’exhibition des cadavres de ces femmes dans des vidéos envoyées aux familles. Certains corps ont été également souillés par de l’urine, démembrés et brulés. C’est la raison pour laquelle il a fallu beaucoup de temps aux équipes scientifiques pour confirmer leur identité. Les féminicides n’ont pas été les seules violences faites aux femmes. Puisque d’autres femmes ont été exhibées nues, violées à plusieurs reprises, frappées et prises en otages. Tout a été filmé. Certaines de ces vidéos sont visibles sur les réseaux sociaux. Les autres, jugées sensibles, ont été montrées aux chefs d’État et aux journalistes du monde entier.

A côté de ces meurtres d’une barbarie hors du commun, des viols et de la prise d’otage, les terroristes du hamas ont éventré les ventres des femmes enceintes et tué leur fœtus. 

C’est dans ce cadre-là que nous avons interpelé l’ensemble des organisations féministes comme les collectifs « Nous toutes », « Osez le féminisme », « le Planning familial », « les Mariannes de la diversité », « La fondation des femmes », « les femmes de l’ONU », et l’ensemble des députées. Nous attendons évidemment leur soutien.

Abasourdies par le silence de ces organisations, nous sommes allées sur leur site afin de voir si ces associations soutenaient les femmes à l’international. Nous avons pu remarquer que certaines d’entre elles s’étaient mobilisées pour les femmes iraniennes, pour le droit à l’avortement aux Etats-Unis…Alors pourquoi, après le meurtre barbare de centaines de femmes israéliennes, dont certaines sont françaises, allemandes, américaines…l’ensemble du tissu féministe et LGBTQI+ français se tait, comme si ces toutes ces associations avaient une volonté d’invisibiliser le meurtre de ces femmes. 

Mais l’infamie ne s’arrête pas là, puisque certaines d’entre elles comme le comité local de Nous toutes de Nice, Quimper, Gironde, Eure, Pontarlier, Saint Malo, Le Havre, Paris 15, 16, 19, 20…Le Planning familial 41,  l’AG féministe Paris Banlieue ainsi que de nombreuses associations LGBTQI+ comme les Marche des Fiertés du Havre, les Lesbiennes contre le Patriarcat, le coin des LGBTQI+, média queer, ou encore le STRASS et GARCES, collectif féministe étudiant de science Po Paris…ont signé une tribune dans le blog Médiapart pour demander : « la libération de la Palestine » expliquant que c’était « une cause féministe ». 

Dans ce texte de haine envers tout Israël, les féminicides, les viols, et la prise d’otages de ces femmes ont été passés sous silence et réduits à une seule phrase : « nous condamnons ces actes, comme l’ensemble des attaques visant des civils israélienNEs ». Pire, les autrices justifient les meurtres de ces femmes, en expliquant que c’est la situation politique qui serait à « la racine de toute cette violence ». 

De plus, elles reprennent à leur compte en tant qu’organisations féminines françaises, le message de l’appel d’un collectif palestinien basé aux Etats-Unis dont la direction et le financement restent opaques, le Palestinian Feminist collective. Ces organisations françaises prennent également la défense d’une militante palestinienne Mariam Abu Daqqa, une activiste du FPLP (front populaire de la libération de la Palestine), qui est une organisation qualifiée de « terroriste » par l’Union européenne.

Par l’écriture de cette tribune publiée sur un blog du journal Médiapart, ces organisations féministes et LGBTQI+ ont souillé une seconde fois le corps et l’intégrité de toutes ces femmes mortes qui ne faisaient que danser. 

Ces associations ne peuvent en aucun cas représenter le mouvement féministe français et républicain qui fait partie de notre patrimoine. Elles insultent la mémoire de nos grandes féministes françaises, Simone de Beauvoir, Simone Veil, Gisèle Halimi, qui n’ont jamais fait le tri entre les femmes selon leur confession, leur nationalité, leur couleur ou leur orientation sexuelles.

Nous voulons également profiter de cette tribune pour rappeler à ces organisations qui ne sont jamais allées sur le terrain, et qui n’ont pas été apparemment en contact avec des associations de droit humain, qu’à Gaza, le droit des femmes et des homosexuels sont bafoués. Les femmes ne sont pas libres, ni de leurs corps, ni de leur sexualité. Sous la loi de la charia, les femmes adultères sont lapidées. La polygamie est autorisée. Une journaliste palestinienne Asma al-Ghul a été arrêtée parce qu’elle était, selon le hamas, habillée de façon « impudique » et qu’elle avait osé rire en public. Les homosexuels, transgenres et queers, sont traqués : agressions, arrestations et interrogatoires arbitraires pour « atteinte à la morale publique ». De nombreux homosexuels palestiniens ont été sauvés par Israël et 90 d’entre eux ont trouvé refuge là-bas. De nombreux articles, notamment dans le courrier international, relatent ces faits. Citons la militante LGBT palestinienne Mayssane Hamdane, exilée en Allemagne ou encore Ahmad Abou Markhia retrouvé assassiné 

Alors que nous le rappelons, haut et fort, en Israël les femmes disposent pleinement de leurs droits, le droit LGBTQI+ est respecté, des marches des Fiertés ont lieu chaque année. La GPA a aussi été autorisée par la Cour suprême israélienne en 2022.

Alors je m’adresse à vous autrices de cette tribune, en soutenant la Palestine contre Israël, vous êtes en pleine contradiction en matière des droits des femmes et des droits LGBTQI+.

En niant les féminicides des femmes du 7 octobre qui se sont déroulés en Israël, et en passant sous silence la discrimination des femmes et des homosexuels palestiniens à Gaza, vous jouez le jeu du hamas et des islamistes au lieu de les aider à faire valoir leurs droits.

Nous adressons notre dernière remarque à Adèle Haenel, qui a également signé cette tribune. Soutenir la cause palestinienne ne peut pas vous faire fermer les yeux sur les féminicides et les viols de toutes ces femmes. Vous ne pouvez pas non plus fermer les yeux sur ce qui se passe à Gaza lorsque l’on est une femme libre et homosexueLLe. Nous connaissons suffisamment vos combats pour savoir qu’en connaissance de cause, vous ne sauriez cautionner toutes ces atrocités.

Nous nous tenons à la disposition de toutes ces organisations et personnalités qui ont peut-être signé cette tribune par un effet d’entrainement, et non par idéologie pour vous montrer l’ensemble des vidéos montrant les crimes les plus barbares commis sur des femmes et des enfants depuis les années 40 sous le régime nazi. Quant aux femmes qui se taisent, nous les laissons à leurs consciences.

Il n’y a pas à soutenir la Palestine contre Israël, notre mission est de réfléchir à nos moyens d’action pour faire respecter le droit des femmes et LGBTQI+ dans tous les pays du monde.

Ces causes sont universelles, alors de grâce ne politisez pas ces combats qui doivent tous et tous nous rassembler, non nous diviser. Ne laissez pas, non plus, les bas instincts de l’antisémitisme gangréner nos rangs.

Enfin nous voulons dédier cette tribune à Shani Louk, 22 ans, artiste tatoueuse et influenceuse germano-israélienne dont nous venons d’apprendre la mort. Exhibée nue dans les rues de Gaza par les terroristes du hamas, inconsciente, souillée et trainée à l’arrière d’un camion, Shani a été massacrée et décapitée. Seul son ADN retrouvé sur un os de son crâne a permis de confirmer son identité. Nous porterons ta mémoire à jamais.

Olivia Cattan, Présidente de Paroles de Femmes, écrivaine, journaliste.

Alain Beit, Président de Beit Haverim, groupe LGBT+ France.

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