Et si la gauche se portait électoralement nettement mieux sans la NUPES ? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Jean-Luc Mélenchon.
Jean-Luc Mélenchon.
©Thomas SAMSON / AFP

La Nupes divisée

Selon Virginie Martin, Si la NUPES a émergé, c’est parce que Emmanuel Macron a enjambé le clivage droite-gauche.

Virginie Martin

Virginie Martin

Virginie Martin est Docteure en sciences politiques, habilitée à Diriger des Recherches en sciences de gestion, politiste, professeure à KEDGE Business School, co-responsable du comité scientifique de la Revue Politique et Parlementaire.

Voir la bio »

Atlantico : Au regard de l'évolution des sondages avec un PS assez fort aujourd'hui, est-ce que les forces de gauche doivent se détourner de la France insoumise pour obtenir des résultats positifs aux élections ? 

Virginie Martin : Il me semble que oui, la gauche de gouvernement, doit retrouver l'espace qui était le sien avant 2017. Si la NUPES a émergé, c’est parce que Emmanuel Macron a enjambé le clivage droite-gauche. On a besoin d'une gauche de gouvernement et d'une droite de gouvernement classique dans un clivage gauche-droite réhabilité qui est vraiment consubstantiel de notre démocratie. C'est-à-dire que le clivage gauche-droite nous permet d'avoir l'oxygène de l'alternance, ne sont plus que dans la France insoumise Marine Le Pen, vous comprenez bien que ce ne sont pas forcément des alternatives classiques de gouvernement. Mais c'est une gauche qui doit en effet se départir de LFI qui fait pour beaucoup office de repoussoir. Ma théorie, je l'ai d'ailleurs écrite à plusieurs reprises dans vos colonnes, que les législatives de 2022 ont été favorables à la NUPES et donc à la France insoumise, parce qu'il y avait aussi une étiquette socialiste, Europe écologie les verts, qui venait édulcorer finalement le vote à LFI. Mais une fois qu'on enlève à LFI son maquillage de fréquentabilité on voit bien que le roi est nu. D'ailleurs pour les Européennes, LFI voulait absolument qu'Europe Écologie Les Verts et le PS restent avec eux. C'était eux qui avaient peur du départ, ce n'est pas le contraire. Pour que la gauche redevienne un parti fort et un parti de gouvernement, en tout cas d'alternance crédible, elle doit se défaire de LFI. Ça me paraît assez important. Ceci n'empêcherait pas, ici ou là, d'aller piquer des ministres lors d'une formation de gouvernement potentielle, évidemment, vous voyez. Mais il faut que LFI soit la force d’appoint et pas le pivot de l’alliance. Le PS, c'est fragilisé en s’alliant avec LFI en 2022. Le PS n’est plus sûr de ses ancrages locaux, alors qu'ils sont énormes et puissants. Mélenchon a expliqué aux médias que grâce à lui, le PS avait été sauvé, et qui a expliqué au PS lui-même que grâce à lui, le PS avait été sauvé. Mais moi, je ne crois pas du tout à ça. Non, c'est Olivier Faure qui a vendu le PS. Il a vendu une fois l'hôtel de Solférino et il a vendu après le PS une deuxième fois à la NUPES. C'est une autre histoire.

Est-ce que vous pensez que les sondages qu'on voit aujourd'hui pour les élections européennes,  traduisent le rejet de la NUPES par les électeurs de gauche ?

Ça traduit ça, évidemment. Mais il n'y a pas que ça. Il y a aussi la grande faiblesse, de la candidature Renaissance, le bilan Macron qui n'est pas bon. Donc il y a aussi l'absence de concurrence à la droite de Glucksmann, si vous voulez. Il y a aussi l'absence de concurrence du côté d'Europe Écologie Les Verts qui s'est beaucoup affaiblie par rapport aux Européennes de 2019, où Yannick Jadot avait quand même un effet d'autorité plus fort. Et c'était une candidature aussi un peu moins clivante. Par ailleurs, évidemment, le fait qu'il soit pas avec LFI lui permet de récupérer les voix des déçus du macronisme qui ne vont pas voter pour LFI.Il faut voir aussi ça. 

Qu’est-ce que ces sondages nous disent de l’avenir de la gauche ? 

La question qu’il faut se poser c’est : est-ce que de Glucksmann, pérenniser et consolider finalement un résultat qui, a priori, ne serait pas trop mauvais ? Mais qu'est-ce qui va se passer derrière, qui va reprendre les clés de la maison PS ? Et évidemment, ce n'est pas Glucksmann. Son origine, ce n'est pas le PS. Donc il est un peu frappé d'illégitimité de ce point de vue-là. Certains veulent même ressusciter François Hollande. Mais il faut surtout que le PS, après ce chaos, cet uppercut de 2017, finisse par s'en relever, 10 ans presque après. 

Après, il y a quand même la question de ses gauches. Qui est LFI ? Et qui va porter LFI aussi après Mélenchon ? Et puis aussi, il faut que la direction d'Europe Écologie-Les Verts peut-être s'incarne mieux, soit plus claire. Quelle est cette écologie politique aujourd'hui incarnée par les Marine Tondelier et aussi, et Sandrine Rousseau qui font du bruit et qui sont aussi des bons clients médiatiques ? Donc ça aussi, tout ça va bouger, en fait. Qu'est-ce qu'ils racontent ? Quelle est leur ligne ? C'est quoi l'écologie politique aujourd'hui ? Est-ce que c'est ce côté très anticapitaliste, très antipatriarcal ? C'est pareil pour le parti communiste. Le parti communiste de Roussel est un parti qui essaye de remettre la question sociale au milieu du jeu, qui essaye de modérer les questions sociétales. Il faut aussi qu'ils arrivent, chacun, à se stabiliser dans leur périmètre idéologique. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !