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Nicolas Hulot : même pas peur !
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Ushuaïa

Comprendre la personnalité et les ambitions des prétendants à la course présidentielle, c'est le défi que s'est lancé le collectif Sophocle, auteur du livre "Les Candidats et ceux qui vont compter en 2012", dont Atlantico publie les bonnes feuilles. Coup de projecteur, avec humour, sur l'un d'entre eux, Nicolas Hulot...

 Sophocle

Sophocle

Sophocle est un collectif anonyme d’une douzaine de journalistes politiques, qui publient Les candidats et ceux qui vont compter en 2012 (Editions l'Archipel, 2011).

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Fiche d’identité

Nom : Hulot

Prénoms : Nicolas Jacques André

Âge en 2012 : 57 ans

Terre d’élection: une autre planète

Fonction principale : ex-animateur de télévision et fondateur de la Fondation Nicolas-Hulot pour la Nature et l’Homme (FNH)

Sur scène : porte-voix de la défense de l’environnement

Dans la loge : coach écolo des leaders politiques et grands patrons. Et kitesurfeur

Message subliminal : « Je suis devenu écologiste, pourquoi pas toi »

Comprendre : n’a jamais digéré son renoncement à la présidentielle de 2007

Arme fatale : la séduction

Défaut majeur : la paranoïa

Qualité première : l’écoute

Haine primale : la chasse

Mentors politiques: Théodore Monod, Dominique Bourg

Secret inavouable : la mallette de magicien

Être ou ne pas être candidat en 2012. Comme la première fois, Hulot a tracé deux colonnes. Oui/Non. Début 2011, à un an du scrutin, la péniche du jovial Gérard Feldzer a déjà repris son statut de QG en plein Paris. Lui est devenu conseiller régional, tout comme Annabelle Jaeger, l’ex-RPR de la Fondation. Fidèles également, les deux « piliers de gauche » qui ont aussi basculé – et survécu – chez Europe Écologie-Les Verts : Pascal Durand à la direction et Jean-Paul Besset qui avait rédigé le Pacte écologique, désormais eurodéputé. Comme en 2007, ça cogite sur fond de clapotis. Hulot, le buvard, écoute des économistes, des sociologues, engrange les arguments sur la précarité, la fiscalité écologique ou son idée de vice-Premier ministre.

La colonne des oui s’est remplie.

Il s’ennuie. « Ushuaïa » l’amuse moins. La Fondation ne lui suffit plus. Eva Joly est pitoyable. Donc la primaire ne sera qu’une formalité… Qu’il croit ! Sa cote de popularité tourne autour de 80 % – la blague écolo du moment veut qu’il se demande ce que peuvent bien lui reprocher les 20 % restants. Même Cohn-Bendit a remisé la hache de guerre déterrée en 2009 contre son fi lm Le Syndrome du Titanic. Dany, qui ne lui pardonnait pas son lâchage pour les européennes six mois plus tôt, a promis son soutien. Hulot voudrait tant répondre présent. Enfin ! Gommer 2007. Et basculer dans une nouvelle vie.

Dans la colonne des non demeurent toutefois quelques embûches.

Claude Allègre, dont il a savonné la planche auprès de Sarkozy pour qu’il ne soit pas ministre. Corinne Lepage : l’avocate lui cherchait des poux en 2007 sur ses futurs comptes de campagne, lui le salarié de TF1 aux 33 000 euros mensuels. Plus coriaces : les « ayatollahs » Verts comme les appellent certains potes qui vomissent ce vendeur de gel douche, qui plus est toujours ambigu sur le nucléaire, même après la catastrophe de Fukushima. Bien entendu, à droite on lui rappellera son soutien au Grenelle, à gauche on lui reprochera d’être de droite. Manquerait plus qu’au FN on le trouvât « compatible » ! Dans le mille : ce sera précisément la fleur empoisonnée de Marine Le Pen au soir de son discours de candidature à Sevran le 13 avril 2011. « Ça commence bien », lâchera le novice dépité.

Hulot candidat, on découvrira aussi une Fondation qui n’allait pas si bien avant même que son président ne se lance en politique. Dès 2010, les hôtels Ibis n’avaient pas renouvelé leur contrat de partenaire fondateur. Contrat à 450 000 euros par an sur trois ans. Grand seigneur, le président avant de partir parvient quand même à convaincre EDF et L’Oréal de rester. Il trouve même de nouveaux parrains comme Veolia. Sans le vouloir, le quêteur concurrent Yann Arthus-Bertrand lui rend d’ailleurs un fier service en allant se fourvoyer comme soutien au Mondial de football climatisé du Qatar en 2022. À choisir, les sponsors préfèrent encore le petit Nicolas.

À l’heure de partir à la bataille, Hulot enrage aussi à l’idée de publier son patrimoine. Ses maisons bretonne et corse. Sa société, Éole Conseil. D’après les comptes qu’il dépose au tribunal de commerce en avril 2011 après quatre ans de silence, il engrange environ 65 000 euros par mois de droits d’auteur et droits dérivés. Gel douche Ushuaïa compris. Parce que, évidemment, il a toujours touché sa part. Tabou suprême pendant vingt ans mais magot bien utile durant la campagne présidentielle une fois que TF1 lui aura coupé les vivres.

Un autre détail – plus inattendu – inquiète ses proches. Cet œil droit. Tout sauf anecdotique. Le clignement intempestif revient puissance dix avec le stress. Mais aussi cette déroutante façon de renifler entre deux phrases. Son équipe l’a remarqué : les tics s’aggravent ces derniers temps. Sujet ultrasensible. De là à renoncer à une candidature, il n’y a qu’un pas qu’une partie de l’entourage franchit certains jours. Délicat d’affronter ainsi un débat télévisé en 2012.

Allez comprendre ! Cet homme n’aime pas la politique, mais il sent qu’il doit y aller. Seulement Hulot ne serait pas Hulot s’il ne se ménageait une porte de sortie. Ça le rassure. Cette fois, l’échappatoire s’appelle Marine Le Pen et le spectre d’un nouveau 21 avril. Si le FN risque d’atteindre le second tour, il se retirera avant. Les frères Cohn-Bendit sont sur cette même ligne. Une « sortie républicaine » qui ne le privera pas de son diplôme d’entrée en politique. L’animateur aura gagné son pari. Sa quatrième vie pourra commencer.

Même plus peur !

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Extrait de Sophocle,Les candidats et ceux qui vont compter en 2012(Editions l'Archipel, 2011).

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