Tribune
« Ecocide » un suicide économique, social et environnemental
Pierre Pagesse revient sur la Convention Citoyenne pour le Climat et sur les objectifs du gouvernement.
La Convention Citoyenne pour le Climat, cette mascarade de la démocratie, aligne 146 mesures dont certaines - au mépris d’une complexité scientifique et technique - ont quelque chose de suicidaires.
Elle propose la révision de la Constitution pour mettre l’environnement dans son article premier.
Ce principe de précaution, déjà introduit dans la loi de 1995, est devenu un principe d’abstention qui paralyse notre pays dans l’application de technologies, y compris celles qui ont fait largement leurs preuves depuis de nombreuses années.
Cette paralysie a déjà un coût exorbitant pour tous nos citoyens et est contraire à l’esprit des Lumières de notre nation.
De plus, cette Convention Citoyenne, quelque peu catéchisée par les idéologues de l’écologie, a réclamé l’instauration d’un « crime écocide » pour toutes atteintes environnementales, y compris de façon involontaire.
Finalement, notre Ministre de l’Environnement et celui de la Justice, conscients des limites constitutionnelles d’une telle proposition, ont remplacé le mot crime par celui de délit, pour éviter tout amalgame entre « crime » et « génocide ».
Cette notion de délit mettra une fois de plus nos entreprises en situation juridique et économique instable à l’heure de la reconquête industrielle proclamée …
Cet argument a d’ailleurs été mis en avant avec justesse par Bruno Lemaire, Ministre de l’Economie et des Finances.
Je crois que nous sommes en droit de nous poser quelques questions à la vue de l’actualité récente.
L’écocide de nos écologistes mis en œuvre au plus haut sommet de l’Etat n’est-il pas d’abord la fermeture de nos deux réacteurs de Fessenheim, qui fragilise notre réseau électrique et son approvisionnement par des risques de coupures voire d’effondrement.
Quid des émissions de CO2 supplémentaires de 10 à 15 millions de tonnes selon le type d’énergies pilotables mises en place. D’ici 2025 ou 2030, l’objectif de réduction de 75 à 50 % de notre énergie nucléaire pourtant décarbonée, procède du même délit alors que la pierre angulaire de la transition écologique a bien pour objectif la réduction des émissions de CO2.
Et ce ne sont pas - en dehors de l’hydraulique - les dépenses vertigineuses dans les énergies dites renouvelables (et intermittentes), qui nous garantiront la sécurité énergétique indispensable à nos diverses activités, y compris domestiques.
Et que dire du secteur agricole ? La publicité éhontée de l’agriculture biologique au détriment de la production conventionnelle procède du même processus.
Même si on peut comprendre, compte-tenu de la pression exercée, la conversion d’un certain nombre d’agriculteurs en agriculture bio.
Toutes les études sérieuses montrentqu’il n’y a aucun avantage à consommer les produits bio, ni sur le plan nutritionnel, ni sur celui de la santé.
Quant à l’environnement, les produits de protection des plantes, fussent-ils d’origine naturelle, sont tout aussi impactants (sulfate de cuivre, huile de neem, …). Et le cahier des charges interdisant les engrais minéraux compte-tenu des limites de la fumure organique (15% maximum de la surface) conduira inévitablement à un appauvrissement des sols, le contraire du durable.
Par contre, la captation du CO2 d’un hectare de bio est l’équivalent net de 40% en moyenne d’un hectare conventionnel. Il réduit à néant le stockage supplémentaire potentiel dans nos sols, pourtant très utile à la vie microbienne, à la biodiversité de celle-ci et donc à sa fertilité.
Mais il y a plus grave. Sur la base d’une consommation journalière de 2 800 calories, avec un régime très peu carné, cela représente environ l’utilisation d’un équivalent de 4 quintaux de céréales par être humain et par an. En prenant l’écart statistique moyen français entre une production de blé bio et conventionnel, nous nous trouvons avec un différentiel de 40 quintaux hectares, ce qui représente non seulement 11 Tonnes de CO2 captées en moins mais aussi plus de 10 vies humaines remises en cause sur cette planète. Ce constat est terrifiant car ce sont les plus démunis qui paieront en premier ce lourd tribut.
C’est inhumain et inadmissible sans compter que cela générera des flux migratoires supplémentaires liés à cette insécurité alimentaire nouvelle. Il s’agit bien là par ricochet d’un véritable génocide, même s’il est probable que cette baisse de production française - voire européenne - sera compensée ailleurs par de nouveaux déboisements et avec de nouvelles dépendances à la clé.
Dans un article récent, le groupe de réflexion écologiste californien (Breakthrough Institute) et l’Université de Göttingen estiment que notre opposition aux OGM - entre autres - se traduit par une déficience d’efficacité de 33 Millions de Tonnes de CO2. Cette étude conclut que « plutôt que de délocaliser les dommages environnementaux vers d’autres nations, comme va le faire le Green Deal européen, l’UE devrait augmenter la productivité agricole en adoptant de nouvelles technologies de cultures contribuant ainsi aux bénéfices environnementaux mondiaux ».
La condamnation récente de l’Etat pour inaction climatique a un caractère historique. Elle est revendiquée par la Fondation Nicolas Hulot, Green Peace, Oxfam et consorts et constitue un nouvel avatar.
Elle réduit les valeurs de la République et ses libertés à la dictature des juges et à l’idéologie des plaignants. Les bouleversements sociaux et économiques qu’impliqueraient de tels schémas sont à mettre sans tarder au regard des bénéfices qui seraient affichés, hors ceux - altruistes - d’œuvrer pour le bien de la planète.
La démocratie a pour principe fondamental le jugement des électeurs. Il paraît dangereux d’y déroger.
« La plus faible de toutes les choses faibles est une vertu qui n’a pas été prouvée par le feu » disait Marc Twain.
Tout cela est vrai, encore faut-il qu’il y ait une adéquation entre les objectifs recherchés et affichés et les moyens mis en œuvre.
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