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Carnets secrets de Valérie T. : "Hospitalisée d'office, j’ai été traitée moins en malade qu’en prisonnière d’État"
©Reuters

Bonnes feuilles

Témoin privilégié de la grande et petite histoire, voici le journal apocryphe que l'ex-Première dame a tenu durant les vingt mois passés à l’Elysée aux côtés François Hollande. Extrait de "M. le président, je te fais cette lettre - Valérie T", publié aux éditions l'Archipel (1/2). Cet auteur anonyme n'est pas Valérie Trierweiler, mais est très bien informé.

Un journaliste  anonyme

Un journaliste anonyme

Le journaliste auteur de "M. le président, je te fais cette lettre - Valérie T", a souhaité conserver l'anonymat afin de préserver le secret des sources.

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Ma colère a été décuplée davantage par la soudaineté et la cruauté de l’annonce que par l’annonce elle même. J’ai beau être tête en l’air et superficielle, du moins le dit-on, je n’étais pas assez cruche pour n’avoir point remarqué depuis quelque temps un refroidissement dans l’attitude de François à mon égard. Il me battait froid depuis que nous avions quitté, fin novembre 2013, notre nid d’amour de la rue Cauchy pour vivre en permanence à l’Élysée. La veille de notre fatal entretien, durant la cérémonie de la galette des rois que la République, bonne fille, persiste à fêter, il m’avait ostensiblement boudée. Le temps était venu d’une franche explication entre nous, et je m’y étais soigneusement préparée.

S’il m’avait laissée parler la première, François m’aurait entendue murmurer de tendres mots de regret pour certains de mes actes ainsi que l’aveu d’un amour aussi fort qu’au premier jour. Pour avoir moimême amplement joué du Laguiole en matière sentimentale, j’étais toute disposée à passer l’éponge sur les coups de canif que je le soupçonnais d’avoir portés à notre contrat de vie commune. La chair est faible et les hommes singulièrement démunis, par un curieux atavisme, des ressources indispensables pour résister aux multiples tentations semées sur leur passage. Comme le veut l’adage, faute avouée est à moitié pardonnée. Je me sentais l’âme d’une actrice capable d’interpréter une version décapante de la clémence d’Auguste pour Cinna :

Prends un siège, François, prends, et sur toute chose Observe exactement la loi que je t’impose : Prête, sans me troubler, l’oreille à mes discours ; D’aucun mot, d’aucun cri, n’en interromps le cours ; Tiens ta langue captive ; et si ce grand silence À ton émotion fait quelque violence, Tu pourras me répondre après tout à loisir : Sur ce point seulement contente mon désir.

Hélas ! lui qui se soucie tant de la carrière des actrices ne m’a pas laissé la possibilité de lui démontrer mes talents de tragédienne. Après m’avoir sèchement demandé de ne pas l’interrompre, il s’est lancé dans une longue tirade, débitée d’un ton monocorde, comme s’il avait face à lui une journaliste à laquelle il devait donner sa version, la plus impersonnelle qui fût, de l’affaire, à charge pour son interlocutrice de se préparer à faire bonne figure quand le scandale éclaterait. Cette manière pour le moins cavalière de procéder ajoutait à l’insulte une bonne dose de cynisme. Blessée dans ce que j’avais de plus sacré et de plus intime, j’ai donc laissé éclater ma fureur en m’emparant des objets à portée de main et en les lançant en sa direction, tout en fulminant un torrent d’imprécations à faire rougir le corps de garde le plus salace. Puis je me suis écroulée, jusqu’à ce que le Dr Olivier Lyon-Caen, à qui François, par précaution, avait demandé de venir, me fasse une piqûre sédative pour permettre mon transport jusqu’aux appartements privés.

À en croire Olivier, ma brusque chute de tension, ma crise de nerfs et mon état d’épuisement nécessitaient une hospitalisation immédiate dans un service psychiatrique fermé, pour une cure de sommeil sous surveillance médicale. Il n’était pas question de me laisser reprendre mes esprits à l’Élysée. Je suppose que lui et son ami avaient en tête le précédent Grossouvre. Cet ancien responsable des chasses présidentielles, pour se venger d’avoir été disgracié par François Mitterrand, s’était tiré une balle dans la tête dans son bureau. J’ai donc été conduite par l’épouse d’Olivier Lyon-Caen à la Pitié-Salpêtrière, où un lit m’attendait. J’étais trop faible pour pouvoir résister, je me suis donc laissée embastiller.

J’ai été traitée moins en malade qu’en prisonnière d’État. J’ai dû batailler ferme pour obtenir qu’on me rende mon téléphone portable afin de rester en contact avec les miens. Et c’est à peine si ceux-ci eurent la possibilité de me rendre visite. Les médecins montaient la garde et abrégeaient nos rencontres, quand ils ne faisaient pas mine de s’y opposer sous différents prétextes. Mon fils Léonard dut user du chantage pour parvenir jusqu’à ma chambre. Je me suis vengée de ces menus tracas en refusant obstinément de faire la moindre confidence aux psychiatres dépêchés à mon chevet pour me tirer les vers du nez. Non, je n’étais ni dépressive ni folle, tout simplement trahie et abandonnée. Et encore assez bête pour croire à la possibilité de reprendre une vie commune avec François, un espoir auquel je me cramponnais comme un naufragé à sa bouée.

J’ai dû attendre le mardi suivant pour comprendre que j’avais tout faux. Pire, les espoirs dont je me berçais et ma décision de prendre mon mal en patience servaient les intérêts de mes bourreaux. François s’assurait ainsi que je n’aurais pas l’audace ou la tentation suicidaire de venir troubler par ma présence sa fameuse conférence de presse. Quand je l’ai eu enfin compris, j’en ai tiré immédiatement la conclusion : il n’était pas question pour moi de rester une seconde de plus à l’hôpital et de donner de la sorte des arguments à ceux qui me faisaient passer pour folle. J’ai exigé et obtenu de pouvoir m’installer à La Lanterne, le temps que nos avocats se mettent d’accord sur les conditions de notre séparation.

C’était aussi pour moi une manière de dissiper les rumeurs sur mon prétendu vandalisme, et je m’étonne que nul journaliste n’ait alors affirmé qu’en m’autorisant à habiter cette résidence officielle le Mobilier national prenait le risque de m’y voir poursuivre mes dépravations… Il m’a fallu faire preuve d’une détermination à toute épreuve et me méfier de certains de mes proches, soucieux avant tout de leurs propres intérêts. Au point que j’ai dû me passer des services de mon avocate, Véronique Giffard, un peu trop empressée à donner satisfaction à la partie adverse. Je n’entendais pas céder sur l’essentiel, à savoir que je n’étais pas demandeuse d’une séparation. Libre à François de vouloir mettre un terme à notre vie commune, mais il devait en assumer seul la responsabilité. Il n’était pas question pour moi de jouer à la bonne âme du Sichuan et à lui faire l’aumône d’un simili-divorce par consentement mutuel ou aux torts réciproques, encore moins d’accepter sa proposition d’un communiqué commun annonçant la fin de notre histoire. Je ne suis pas un Premier ministre qui, dès sa nomination, remet au Président une lettre de démission en blanc.

J’ai refusé d’en discuter avec l’intéressé, tout comme j’ai refusé de le recevoir, lui ou ses représentants, m’abstenant même de répondre à ses SMS. Il a dû en passer par mes volontés et, une fois l’accord mis au point par nos conseils respectifs, téléphoner lui-même à l’AFP pour annoncer que je n’étais plus la première dame de France. Je me suis même offert le luxe d’exiger de revenir une dernière fois à l’Élysée pour prendre congé de mes collaborateurs, à défaut du personnel, trop heureux de me voir décamper.

Extrait de "M. le président, je te fais cette lettre - Valérie T", aux éditions l'Archipel, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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