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Y a-t-il trop de candidats 
aux législatives ?
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Pléthore

A chaque élection législative, d’aucuns feignent de s’étonner du nombre élevé de candidats par circonscription et y voient une dérive de la démocratie, qui donnerait à toute opinion droit de cité.

 Trop Libre

Trop Libre

Trop Libre est un blog de la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol) fondé par David Valence et Christophe de Voogd, tous deux historiens et enseignants à Sciences Po. Il est désormais animé par ce dernier, avec la collaboration d’Alexis Benoist et de Rémi Hugues.

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Au hasard des départements, on rencontre parfois trois candidats écologistes dans une même circonscription, des candidats du parti pro-cannabis ou d’autres du « parti du plaisir »...

En 2007, 7423 impétrants se bousculaient  au premier tour des législatives en métropole, soit une moyenne de près de 13 candidats par circonscription. En 2012, s’affronteront 5691 candidats dans 577 circonscriptions, ce qui marque une nette diminution (3 candidats en moins par circonscription, en moyenne).
Mais la question des effets de l’abondance de l’offre électorale sur la participation n’a pas disparu. La richesse du choix électoral incite-t-elle vraiment l’électeur à la participation, chacun trouvant un candidat qui lui convienne, lui ressemble, bref, le représente ?

Des candidatures évanescentes

L’abondance de candidature ne témoigne pas pour autant d’une dispersion réelle de l’offre politique. La machine électorale est une chose bien réglée et les électeurs portent le plus souvent leur adhésion envers les « grands » candidats reconnus par les partis traditionnels, crédité d’un ancrage local ou disposant d’une aura médiatique. A de rares exceptions, les mouvements d’opinion évanescents ne sont pas plébiscités et s’évanouissent aussi rapidement qu’ils sont apparus.
Faut-il réformer en  conséquence les conditions peut être trop lâches de validation des candidatures aux législatives ? Pour concourir, il suffit d’être de nationalité française, d’avoir 23 ans et de remplir bien évidemment les conditions d’éligibilité. Or, l’abondance de candidatures aux législatives n’est pas absolument sans conséquence : elle a notamment un coût pour les communes et plus largement, pour ceux qui organisent les élections (préfectures, imprimeries), donc pour l’Etat. En 2007, le coût des législatives s’est ainsi élevé à 77,6 millions d’euros, dont 34 millions rien que pour les dépenses postales.

Une fausse question 

Mais cette surabondance de choix a-t-elle un impact sur l’électeur ? Surprise : du point de vue de la participation, la conséquence semble être nulle ou presque. La surabondance des candidats n’inciterait pas, ni n’éloignerait les électeurs des urnes. Un exemple ? La Moselle et la Corrèze comptait  le même nombre moyen de candidats en 2007 : 13. Or, au 1er tour, la même année, le taux d’abstention le plus élevé était enregistré… en Moselle[1] (48,4%), alors que la Corrèze affichait un des taux de mobilisation les plus forts, avec seulement 29,8% d’abstention.

Une inanité statistique n’est pas un non-sens politique

En étudiant la corrélation entre le nombre de candidats en moyenne dans le département par circonscription et le taux d’abstention, on constate donc que la relation statistique[2] est vide de sens. L’abondance de candidats n’influe en rien sur la mobilisation. Cette inanité statistique n’est pas sans portée politique. Si la démocratie ne se trouve en rien revitalisée par une offre large pour chaque segment de l’électorat, alors la « vertu » de l’abondance représentative doit être revue sérieusement. L’argument défendu farouchement par les promoteurs d’une pleine proportionnelle pourrait s’en trouver nuancée, par ricochets : une telle représentation ne favoriserait pas nécessairement la participation du citoyen.

Plus de candidats dans les circonscriptions denses en population ?

Autre question que pose le nombre de candidats par circonscription : la prolifération des candidatures se rencontre-t-elle plus volontiers sous des cieux urbains ? C’est vrai dans l’ensemble, mais cette considération n’explique pas tout[3]. C’est ainsi le Doubs qui détenait le record en 2007 avec un peu moins de 17 candidats en moyenne au 1er tour, soit plus que Paris (16 candidats en moyenne) : or, ce département franc-comtois est à la fois urbain -Besançon, Montbéliard- et rural -secteur de Pontarlier-. Certes, c’est dans un département peu peuplé, la Haute-Corse, que le nombre moyen de candidats par circonscription était le moins élevé en 2007 (8 en moyenne). Mais des circonscriptions plutôt rurales et souvent étendues et des circonscriptions très urbaines peuvent enregistrer le même nombre de candidats.
Il n’est pas très aisé d’interpréter les statistiques par circonscription concernant le nombre de candidats aux législatives, sinon pour constater que la multiplication des impétrants ne stimule en rien la participation. Reste une interrogation, évidemment cruciale : le lien entre le nombre de candidats et la dispersion des voix est-il systématique ? N’est-il pas possible que, comme aux Etats-Unis à certains scrutins, deux candidats concentrent plus de 50% des voix malgré la présence d’une myriade d’autres ? C’est tout l’enjeu de la baisse du nombre des candidatures en 2012 par rapport à 2007 (-23,3%) qui se trouve ainsi posé…
[1] Nous considérons un taux d’abstention par département en réalisant une moyenne des circonscriptions ; cette méthode peut cacher des valeurs extrêmes plus fortes par circonscription sans néanmoins influer significativement sur la corrélation avec l’abstention à l’échelle départementale.
[2] Voir le graphique « abstention et nombre de candidats ». La corrélation entre nombre de candidats et abstention est inexistante.
[3] Voir le graphique « Candidats et population par département ». Il y a une corrélation intéressante entre le nombre d’habitants dans le département et le nombre moyen de candidats par circonscription. Toutefois l’explication demeure insuffisante.

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