Au Boao Forum, le Davos asiatique, les Chinois cherchent à récupérer leurs clients étrangers. Pas facile !<!-- --> | Atlantico.fr
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Des journalistes regardent un écran montrant le président chinois Xi Jinping prononçant un discours lors de l'ouverture de la conférence annuelle 2021 du Forum de Boao, dans le sud de la Chine, le 20 avril 2021.
Des journalistes regardent un écran montrant le président chinois Xi Jinping prononçant un discours lors de l'ouverture de la conférence annuelle 2021 du Forum de Boao, dans le sud de la Chine, le 20 avril 2021.
©STR / AFP

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Le Boao Forum, qui s’est ouvert en Chine, est un peu l'équivalent asiatique du Davos occidental, le lieu de rendez-vous du monde des affaires. Les dirigeants chinois cherchent désormais à récupérer leurs clients occidentaux alors que les pays du G7 veulent appliquer des droits de douane sur les importations chinoises.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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À priori, le Boao Forum 2024 a retrouvé la fréquentation d’autrefois. Le Boao est un peu le Davos de la zone Asie-Pacifique destiné aux hommes d’affaires et aux investisseurs de la planète entière, mais organisé par les dirigeants chinois. En gros, c’est la vitrine de l'économie chinoise dans laquelle les champions de la mondialisation viennent faire leur marché mais se déclarent de plus en plus réticents, à tel point que les pays du G7 ont recommandé à leur gouvernement d’appliquer des droits de douane élevés sur tous les produits fabriqués en Chine. Pour les Chinois, cela risque de leur être insupportable.

Le problème, c’est que l'économie chinoise a du mal à s’adapter aux évolutions de la mondialisation, les perspectives ont beaucoup changé depuis 5 ans et la Chine traverse une phase difficile. Son taux de croissance ne se relève pas, ce qui crée des tensions sociales et politiques difficiles à gérer. Le taux de croissance ne se relève pas parce que les exportations n’ont pas retrouvé les niveaux d’antan. Les clients occidentaux ne sont pas revenus et ne reviendront sans doute pas comme avant, car ils cherchent à récupérer une grande partie de la chaîne de valeur, que ce soient les Américains ou les Européens. Comme les dirigeants chinois n’ont pas ouvert leur consommation intérieure, le système de production chinois se retrouve avec des stocks considérables et surtout avec des surcapacités de production inutiles.

L’ambition des dirigeants chinois est donc d’essayer de relancer la machine qui était au cœur de la mondialisation d’avant le Covid. 

Premièrement, les Chinois rappellent que les productions chinoises ont été très utiles au monde occidental, car elles ont rempli les rayons de magasins de produits bon marché, qu’elles ont apporté du pouvoir d’achat aux classes moyennes occidentales... ce qui est vrai, mais pour etre complet les chinois pourraient reconnaitre que ce système a aussi produit beaucoup de frustrations et de chomage en occident ... Le problème est que le rapport de confiance avec l’Occident a été fissuré. Beaucoup de contrats n’ont pas été respectés, pas plus que les clauses de réciprocité qui prévoyaient l’ouverture du marché intérieur, ce qui n’a pas été le cas. Plus grave, les Occidentaux considèrent que la concurrence, notamment dans l'automobile, n’est pas loyale, dans la mesure où la plupart des investissements dans les batteries et l’électrique sont très subventionnés par l’État chinois. Les Chinois se retrouvent donc avec des surcapacités industrielles excédentaires dans tout ce qui concerne la mobilité électrique, les minerais non métalliques et les télécommunications.

Deuxièmement, ce qui perturbe les Chinois, c’est que l’Occident s’est organisé face à cette nouvelle situation en relocalisant, mais surtout en sourcant leur approvisionnement ailleurs qu’en Chine. Les chinois ont sous-estimé la capacite des systèmes capitalistes à s’adapter aux évènements . La plupart des pays émergents, le Mexique, toute l'Amérique du Sud, et une partie de l'Afrique, ont profité de cette situation pour récupérer des parts de marché. Les Américains, par exemple, ne sont pas mécontents d’acheter aux Mexicains des produits de consommation. Ils ne les paient pas plus cher qu’avant et surtout ils fixent une main-d'œuvre qui avait quand meme tendance à remonter au nord du continent .

Troisièmement, les Chinois essaient de rassurer leurs clients sur les conditions de sécurité du transport et de toute la logistique. Les transports dans la mer de Chine ont beaucoup pâti du durcissement de la Corée du Nord et des discours belliqueux sur Taiwan. Sur ce point les dirigeants chinois ont du mal a etre convainquant parce qu’en plus pour des raisons de politique interieure , Pekin a sans doute interet a maintenir la tension . 

Le forum de Boao est dominé par la volonté d’afficher une intention pacifique dans la gestion des rapports commerciaux entre la Chine et le reste du monde. Les dirigeants chinois avaient déjà développé cette ligne lors du dernier forum de Davos à la fin du mois de janvier, mais les Occidentaux étaient plutôt préoccupés à l’époque par le soutien déclaré de Pékin à Moscou et par les menaces de guerre avec les États-Unis à propos de Taiwan. Un peu de cohérence entre ce qu’on dit et ce qu on fait est tres souvent nécessaire au rapport de confiance. Est-ce que les rapports géopolitiques ont changé… sans doute, mais pour les Occidentaux, il leur manque encore des preuves tangibles. 

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