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Attention au divorce : 
si le couple franco-allemand explose, 
l’Europe coule
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Titanic

François Hollande joue la rupture avec Angela Merkel, Arnaud Montebourg va lui plus loin en stigmatisant "l'aveuglement idéologique" de la chancelière. Reste qu'une séparation du couple franco-allemand serait emprunter une pente dangereuse, dommageable à la fois pour l'Allemagne et la France.

Henrik Uterwedde

Henrik Uterwedde

Henrik Uterwedde est politologue et directeur adjoint de l'Institut Franco-Allemand de Ludwigsburg.

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A entendre, et lire, certains commentaires, on se demande si d’aucuns ne rêvent pas de s’affranchir de l’encombrant couple franco-allemand. Au lieu de devoir composer avec une Allemagne accusée de tous les maux, et avec une chancelière frappée d’aveuglement idéologique selon Arnaud Montebourg, on pourrait enfin former de nouvelles coalitions avec des partenaires plus amènes, coincer et isoler l’Allemagne, créer un nouveau rapport de force afin de promouvoir l’Europe de ses vœux…

Il ne faut pourtant pas réfléchir trop longtemps pour voir que ce rêve-là est complètement absurde. A quoi ressemblerait une Europe marquée par une rupture franco-allemande ?

A commencer par la France : aucune des contraintes qui pèsent sur le nouveau gouvernement n’aurait disparu. Ce n’est pas le modèle allemand « non coopératif » qui est responsable des problèmes préoccupants de l’industrie, mais un certain nombre de faiblesses structurelles (consultez la montagne de rapports parus sur cette question). Ce n’est pas un quelconque entêtement idéologique de la chancelière qui est à l’origine de la précarité des finances publiques, mais celle-ci tient encore une fois à des problèmes structurels (demandez à la Cour des comptes).

A l´échelle européenne, le seul mécanisme capable de répondre aux défis et de dégager les compromis nécessaires serait cassé. Cette absence de leadership serait remplacée par qui ? Ce n’est pas faire injure aux autres partenaires européens que d’affirmer qu’il n’y aurait pas de relève crédible. Car la construction européenne, pour avancée qu’elle soit, est toujours fragile. Elle n’a pas besoin d’une culture de l’affrontement, mais au contraire d’un esprit de coopération, capable de dépasser les clivages au lieu de les alimenter.

Bref, que cela plaise ou pas, l’Europe a besoin d’une grande coalition permanente : entre les grands courants politiques (surtout le centre gauche et le centre droit qui gouvernent dans tous les pays membres), mais aussi entre cultures politiques et économiques différentes qui se sont développées sur notre continent. La coopération franco-allemande est irremplaçable non pas malgré nos différences, mais à cause d’elles, et de par sa capacité de rapprocher nos modèles. Dans ce contexte, le fait qu’Angela Merkel et François Hollande appartiennent à deux familles politiques adverses ne constitue pas une faiblesse mais plutôt un atout pour la coopération bilatérale. Pourvu qu’ils sachent bien gérer ces différences, et les dépasser par un travail commun, sérieux et persévérant.

Accepter une séparation du couple franco-allemand serait donc céder à la facilité et emprunter une pente dangereuse pour l’Europe. Nous avons au contraire besoin de soigner le partenariat, contribuer à un climat de confiance réciproque, nécessaire si l’on veut travailler ensemble.

Ce ne sont pas les controverses ni les explications franches des dernières semaines qui ont été gênantes : elles ont toute leur place quand il s’agit de questions qui engagent des choix de société. Par contre, il faut respecter nos différences, cesser de caricaturer les positions du partenaire, en finir avec les excès de langue, les coups bas, les petits jeux pour jouer la division ou pour « contourner » le partenaire, qui ne servent strictement à rien ! Nous avons besoin les uns des autres, et nous obtiendrons les compromis nécessaires non pas contre, mais uniquement avec le voisin.

La fin des élections françaises pourra-t-elle aider à calmer le jeu, et aider au retour d’un esprit plus constructif ? Ce rêve-là reste permis…

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