A qui profite la peur ? : revue du livre de Nicolas Bouzou<!-- --> | Atlantico.fr
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Nicolas Bouzou publie "La civilisation de la peur" chez XO Editions.
Nicolas Bouzou publie "La civilisation de la peur" chez XO Editions.
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"La civilisation de la peur"

Dans La civilisation de la peur, Nicolas Bouzou analyse comment la peur, devenue une industrie, nous donne une perception biaisée de la réalité et inhibe nos capacités à agir. Un ouvrage à contre-courant du catastrophisme ambiant aussi nécessaire que salutaire.

Pierre Bentata

Pierre Bentata

Pierre Bentata est Maître de conférences à la Faculté de Droit et Science Politique d'Aix Marseille Université. 

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Pandémie de covid, guerre en Ukraine, velléités militaires de la Chine, repli des Etats-Unis, inflation, montée des nationalismes belliqueux, attaques terroristes. Sur fond de réchauffement climatique incontrôlable, le monde va de crise en crise. L’effondrement est pour bientôt. D’ailleurs, il a déjà débuté selon certains. L’époque est terrible. Demain sera pire qu’aujourd’hui. Il est trop tard. Oui, c’était mieux avant.

Voilà, en résumé, ce que chacun sera amené à penser après avoir écouté la radio, regardé les chaines d’information continue ou jeté un œil rapide sur les réseaux sociaux. Et pourtant, tout ne va pas si mal. Au contraire, à bien des égards, le monde va mieux que jamais. Le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté n’a jamais été aussi bas, l’espérance de vie augmente partout, les inégalités mondiales s’effondrent, la criminalité aussi, le taux d’alphabétisation grimpe dans tous les pays, surtout les plus pauvres, et la santé connaît une révolution scientifique et technique sans précédent.

Pourquoi ces bonnes nouvelles ne font pas la une des journaux ? Comment expliquer que personne n’en parle ou ne s’en félicite ? C’est que le marché de l’information est biaisé en faveur de la négativité nous explique Nicolas Bouzou. En bon économiste, il analyse les différents acteurs de ce marché de la peur et en dévoile leurs intérêts objectifs.

Il y a d’abord les fabricants, intellectuels et politiques, dont la part de marché dépend directement de leur catastrophisme.En effet, dans l’inconscient collectif, l’intellectuel heureux sonne creux, le pessimiste est réaliste. Et les politiques n’ont rien à gagner à applaudir le gouvernement ni à reconnaître ses mérites. A cela s’ajoute les diffuseurs, chaines d’information continue et réseaux sociaux. Lancés dans une compétition féroce pour capter le temps de cerveau disponible du spectateur, ils traquent la nouvelle inquiétante et font du moindre fait divers un événement terrifiant. C’est qu’on n’attire le consommateur avec du banal : si tout va bien, il éteint. D’où une surenchère dans la production de pessimisme et un avantage incontestable aux partisans du verre à moitié vide.

La défaillance de ce marché tient au cercle vicieux qu’il provoque et entretient : la peur enrichit les uns et tétanise les autres, au point de saper toute capacité à agir pour améliorer les choses. Quand l’angoisse a le vent en poupe, le progrès n’a plus d’avenir. Et c’est là que réside la seule et unique menace pour cette civilisation de drogués à la peur : ne plus être en mesure d’agir faute de courage et non par manque de moyens. Car, comme le rappelle Nicolas Bouzou, jamais nos sociétés n’ont été aussi bien préparées à relever les défis du climat, des inégalités ou de la santé. A grand renfort de données statistiques et d’études scientifiques, il démontre que nous avons déjà tout ce qu’il faut pour faire de demain un monde encore meilleur.

Reste à oser nous dit-il enfin. Oser voir que l’époque est meilleure qu’on ne le croit ; oser regarder les faits tels qu’ils sont. Bref, oser se désintoxiquer de la peur pour mieux penser avec le réel et contre soi-même. Un travail nécessaire qui débute par la lecture de cet ouvrage salutaire.

Nicolas Bouzou publie "La civilisation de la peur" chez XO Editions. 

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