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"La Joie" : un livre hors normes, profond et brillant
Le roman de Charles Pépin est une étonnante leçon de vie et restera probablement comme l'un des musts du premier semestre.
L’auteur
Charles Pépin cumule, à 42 ans, sur sa tête de jeune premier romantique, les diplômes d’HEC et de Sciences PO, ainsi qu’une agrégation de philosophie, matière qu’il enseigne au lycée de la Légion d’Honneur à Saint-Denis. Auteur de plusieurs romans et essais philosophiques, ainsi que deux bandes dessinées, Charles Pépin est traduit dans 20 pays.
Thème
La joie, bien sûr, est le thème du livre. Mais ce n’est pas tout à fait aussi simple…A travers le récit à la première personne du personnage principal (qui porte le nom un peu « téléphoné » de Solaro), ce n’est pas tant la description d’un sentiment qui est offerte ici que la manière de vivre d’un homme pour qui tout est source de joie. Une joie évidente et allant de soi. Un ressenti si incompréhensible, qu’aux yeux des autres, il en devient répréhensible. Joie suspecte, douteuse…maladive. L’homme est-il fou ou seulement insensible et égoïste ? Egalement serein à la mort de sa mère dans les couloirs de l’hôpital ou après s’être fait tabasser sur un parking, Solaro continue à ne voir que le soleil sur une tombe, à admirer le bleu du ciel, à se griser de l’odeur d’une omelette aux cèpes. Un conte philosophique subtil, qui se lit d’une traite, comme un roman policier, et nous laisse emplis de questionnements mais … délicieusement joyeux !
Points forts
- Un autre regard : j’ai eu l’impression d’être comme Alice, de l’autre côté du miroir ! Dans la tête d’un homme qui trouve de la joie partout, à l’hôpital, au cimetière, dans un tribunal, en prison, à l’asile. Comme s’il la faisait sortir de lui. Je me suis inlassablement posé la question de savoir si Solaro était un égoïste forcené, un stoïcien, un imbécile heureux ou un schizophrène. Sa joie dérange, gêne, elle est forcément louche et coupable, et pourtant, j’ai envié le détachement de l’homme et sa sereine appréciation des choses simples et belles de la vie qu’on oublie de regarder et qui pourtant nous rendent heureux.
- Un pastiche de l’Etranger de Camus : l’auteur de s’en cache pas. Il a raison ! Quel bonheur de retrouver Meursault, presque trait pour trait, et jusque dans l’écriture, mais que Pépin a détournée et remodelée au profit de son récit. Et que dire du titre emprunté à Bernanos, jubilatoire non ? Au regard de l’indéniable sens tragi-comique du roman ! Un remake ? Non, un renouveau, où la dimension philosophique donne à la fable sa force et son actualité.
Points faibles
- Pastiches et emprunts : le revers de la médaille : une impression de déjà-vu-déjà-lu, parfois…mais, on se laisse emporter sans regrets.
En deux mots...
On se prend à vouloir être dans la peau de ce pauvre type qui accumule les coups durs, jusqu’à finir en prison puis à l’asile, mais qui pourtant montre en toutes circonstances, et avec tant de facilité, cette « philosophie » de la vie dont on aimerait tous avoir le mode d’emploi ! Magistral cours, professeur !
Une phrase
La joie, un sentiment que même le solaire Solaro a du mal à expliquer : « …il y a cette chose qui monte dans le ventre et qui parfois surgit quand je ne m’y attends pas. Je crois que c’est la Joie. C’est le mot qui me vient ».
Recommandation
Excellent
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Un livre hors normes, profond et brillant.
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Informations
"La joie", roman philosophique de Charles Pépin, Allary Editions, 180 pages. Paru en février 2015, 17,90 €.
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