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Petit tour des cimetières à travers le monde avec Quentin Desurmont.
Petit tour des cimetières à travers le monde avec Quentin Desurmont.
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Grand large

Sépultures, couleurs, cultures, paysages, morts célèbres... Les raisons ne manquent pas pour visiter un cimetière. A grande échelle, cela peut même devenir un tour du monde insolite et exceptionnel.

Quentin Desurmont

Quentin Desurmont

Président fondateur de Peplum, créateur de voyages sur-mesure de luxe, Quentin Desurmont agit activement pour l’entreprenariat. Il a fait partie de la délégation du G20 YES à Moscou en 2013 et  à Mexico en 2012, est membre de Croissance + et des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens. Quentin contribue aussi à l’émergence du tourisme de luxe en Europe, il est membre de Traveller Made.

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Découvrez la sélection des plus beaux cimetières du monde sur Peplum.com 

Ce weekend, c’est la Toussaint. Probablement la période de l’année où les cimetières de France et d’Europe sont les plus fréquentés. Lieux de recueillement avant tout, de nombreux cimetières sont pourtant de véritables attractions touristiques. Paysages, art funéraire, culture ou célébrités enterrées poussent les visiteurs à explorer les allées de ces lieux de culte. Aperçu d’un tour du monde insolite, avec deux photographes baroudeurs spécialistes des cimetières.

« Dans un cimetière, on peut voir l’esprit du pays », estime Jean-Claude Garnier. En cela, il s’appuie notamment sur une pensée d’Albert Camus : « Une manière commode de faire la connaissance d’une ville est de chercher comment on y travaille, comment on y aime et comment on y meurt. » (La peste, 1947.) Artiste photographe, Jean-Claude Garnier a voyagé dans près de 90 pays à travers le monde. Chaque fois, ou presque, il explore un cimetière. Qu’il soit urbain, célèbre et incontournable, ou isolé, trouvé par hasard dans un coin de désert. Pour lui, ils sont les premiers reflets d’une culture. Exemple frappant : Madagascar. L’île compte 18 ethnies et chacune a sa façon bien particulière d’enterrer les morts. Il y a ceux qui érigent des cénotaphes dans les bois, loin des villages, où les morts ne reçoivent pas de visites, et ceux qui illustrent la vie du défunt sur les murs d’un grand mausolée ou à travers des sculptures de bois ornant une tombe.

Parler cimetière avec Jean-Claude Garnier, c’est voyager à travers ses anecdotes. Dans le Sahara, les tombes sont délimitées par de simples pierres, avec une stèle plus grande ou une poterie au niveau de la tête. Les cimetières sud-américains et asiatiques sont eux souvent très colorés, au contraire des européens, qu’il trouve « un peu tristounets ». Bien sûr, les règles de cultes et de religions déterminent souvent l’aspect premier d’un cimetière : une forêt de croix pour les catholiques, des piques blanches pour les juifs, des pierres coiffées d’un turban pour les musulmans ou encore des stupas pour les bouddhistes. Et puis, « les ethnies s’adaptent au pays ». La géographie influence sur les formes des tombes et sur la façon d’enterrer les morts, la géologie sur les matériaux. Au Groenland, on ne peut pas creuser le sol, alors on dépose le cercueil avant de le recouvrir de ciment et de pierres. En Corée du Sud, « tout le pays est un énorme cimetière ». Les corps reposent sous des tumulus, parfois gigantesques.

Enfin, il y a ceux qu’on n’attend pas. En Indonésie, sur l’île de Sulawesi, la tribu Toraja inhume ses morts dans une falaise rocheuse. Puis ils construisent des statues en bois, effigies des défunts, qu’ils déposent habillées sur des balcons incrustés dans la falaise. Ainsi les anciens veillent sur la communauté. Dans le nord des Philippines, on pense que l’esprit d’un mort ne peut pas se libérer si le corps est sous terre. Alors on accroche les cercueils à une falaise, au-dessus de la mer, où le vent et le grand large aident l’âme à s’échapper. A l’inverse de la plupart de ses confrères, Jean-Claude Garnier ne prend que des photos en couleurs, représentant ainsi l’intégrité des cimetières et l’image « gaie et colorée » qu’il en a.

Autre vision, autre photographe. André Chabot s’est spécialisé dans l’art funéraire. Comme Jean-Claude Garnier, il a exploré une multitude de cimetières dans le monde. Mais si son confrère regarde le cimetière dans son ensemble, lui préfère se concentrer sur les tombes. « Un cimetière peut être charmant par son emplacement, mais aussi par son architecture et sa structure funéraire », explique-t-il. Les plus intéressants se trouvent ainsi dans les grandes villes. « Les cimetières des capitales regorgent de trésors. » Les familles les plus aisées vivaient dans les villes et se sont en effet fait construire les plus belles tombes.

En Europe notamment, où « l’âge d’or de l’art funéraire se situe entre 1850 et 1930 ». Une période où les cimetières s’ouvrent plus facilement au public. Aujourd’hui, si la créativité des tombes a perdu de son envergure, la laïcisation du cimetière fait que « l’art funéraire se détache de la religion, on tend à montrer l’humain avant tout. » Ainsi, des tombes aux allures d’art contemporain fleurissent dans de nombreux cimetières occidentaux. Aux Etats-Unis notamment. Dans un pays où ces lieux de sommeil sont privés, très verts et aérés, il n’est pas rare de voir un gigantesque temple grec ou égyptien jaillir de nulle part. De riches familles ont érigé ce genre de tombeaux, en signe de réussite. Prévoyant, André Chabot lui-même a déjà fait construire sa chapelle au Père Lachaise. Symbole de la modernisation de la mort : son tombeau est muni d’un core QR redirigeant vers le site du photographe.

En bon voyageur, lui aussi regorge d’anecdotes. Les dragons sur les tombes de Chine, les sculptures sur les stèles d’Istanbul, qui indiquent la fonction sociale du défunt ou le nombre d’enfants de la défunte, les cimetières à étages en Espagne ou les rues de celui de Gènes, le plus beau selon lui.

Mais dans un cimetière, on visite aussi les morts. Les morts célèbres. En France, on les trouve au Père Lachaise, entres autres. Aux Etats Unis, c’est Forest Lawn, une colline d’Hollywood, qui attire les visiteurs. Michael Jackson, Clark Gable, Buster Keaton, Humphrey Bogart, James Stewart, Elizabeth Taylor et tant d’autres. Le casting y est impressionnant !

« Le cimetière devient un lieu touristique », résume Jean-Claude Garnier. « C’est en train de devenir une mode », confirme André Chabot. Un nouveau courant touristique ? Certains en tout cas ont déjà saisi le filon, comme le cimetière joyeux de Săpânța en Roumanie. En 1935, un artiste a commencé à y orner les tombes de croix en bois peintes d’un bleu vif. Chacune illustrée d’un dessin représentant une scène de la vie du défunt ou les circonstances de sa mort, souvent de façon humoristique. La pratique a perduré et connu un énorme succès. Et le cimetière a reçu tellement de visiteurs qu’il est aujourd’hui une véritable attraction touristique…. payante ! Jusqu’au supplément pour pouvoir faire des photos.

Crédit photos : Jean-Claude Garnier

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