L'anti-Gatsby : qui était vraiment F. Scott Fitzgerald ?<!-- --> | Atlantico.fr
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"Merci pour le feu !" rassemble quelques inédits de Fitzgerald retrouvés par son petit-fils.
"Merci pour le feu !" rassemble quelques inédits de Fitzgerald retrouvés par son petit-fils.
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Atlantico Lettres

Toutes les semaines, le journal Service Littéraire vous éclaire sur l'actualité romanesque. Aujourd'hui, retour sur une biographie et un inédit à propos de Fitzgerald, notre romantique absolu.

Alain   Malraux

Alain Malraux

Alain Malraux est un collaborateur du journal Service Littéraire et écrivain. Dernier ouvrage paru : « Les marronniers de Boulogne, Malraux père introuvable », réédité en poche chez Omnia.

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Prix Grand Ouest pour sa biographie de Tennessee Williams, Liliane Kerjan nous dévoile aujourd’hui celle de Fitzgerald au moment où paraît « Merci pour le feu ! », court recueil d’inédits du grand romancier. Voici qu’elle nous livre ce que furent les quarante-quatre années d’une vie trop brève, mais si féconde à travers son œuvre que l’une et l’autre en deviennent presque jumelles. Ouvrage digne de foi, sans doute. Avec une surabondance de détails exacts, l’auteur relate attentivement les vrais et faux départs - au propre comme au figuré - d’une existence vouée à la passion de l’écriture mais sous une triple enseigne : l’alcool, la nécessité d’imposer son immense talent par le succès, et la maladie mentale qui se révéla assez tôt chez Zelda, sa femme - son grand amour. Au rebours de tant de grands créateurs, l’écrivain de « Gatsby » fut étonnamment conjugal et, si l’on ose dire, bon garçon. Une fois la schizophrénie de Zelda établie par le corps médical, il n’eut de cesse de veiller sur elle et, parallèlement à ses internements successifs, très coûteux, sur leur fille, Scottie, avec une attention de pater familias, scrupuleux à l’excès - mais qui l’en blâmerait ? Tout, ici, atteste le tendre sérieux qu’il apporta à ses devoirs de père pour une enfant qui, en somme, n’avait plus vraiment de mère et ce, malgré la funeste et quasi constante compagnie de l’alcool et en dépit de la course à l’argent (si liée à la société de son pays), que personne, pas même son ami Hemingway, aussi ambivalent qu’admiratif, si ce n’est plus, n’a plus tragiquement ni mieux résumée que lui : « Il n’y a pas de deuxième acte dans les vies américaines ». Avec cette superbe « empathie qui nous saute à la gorge », comme l’a justement souligné Eric Neuhoff dans sa contribution à l’édition de la Pléiade.

« Merci pour le feu ! » rassemble quelques inédits de Fitzgerald retrouvés par son petit-fils. La courte nouvelle qui donne son titre à ce petit livre a bien été authentifiée et publiée l’été dernier par le New Yorker. Elles ont, pour le plus clair d’entre elles, trait à son labeur acharné de plumitif, aussi consciencieux qu’il était soucieux de régler ses factures : « Nous autres, auteurs, sommes obligés de nous répéter – voilà la vérité…en racontant deux ou trois expériences grandioses ou émouvantes…proposées chaque fois sous un déguisement différent…et plus encore, la contradiction entre la main défunte du passé et les nobles intentions du futur… on n’attend pas que s’estompe un unique chagrin, non, on est plutôt le témoin récalcitrant de la désintégration de sa propre personnalité ». Mais quel autoportrait, Seigneur ! Signé Fitzgerald, ce bijou est presque une breloque, mais faite de diamants noirs. Fitzgerald, l’enchanteur.

A Lire : Fitzgerald le désenchanté, de Liliane Kerjan, Albin Michel, 314 p., 20,90E.

A Lire : Merci pour le feu ! de F.S. Fitzgerald, traduit de l’américain par Béatrice Vierne, L’Herne, 108p., 9,50E.

Source : Service Littéraire, le journal des écrivains fait par des écrivains. Le mensuel fondé par François Cérésa décortique sans langue de bois l'actualité romanesque avec de prestigieux collaborateurs comme Jean Tulard, Christian Millau, Philippe Bilger, Éric Neuhoff, Frédéric Vitoux, Serge Lentz, François Bott, Bernard Morlino, Annick Geille, Emmanuelle de Boysson, Alain Malraux, Philippe Lacoche, Arnaud Le Guern, Stéphanie des Horts, etc . Pour vous y abonner, cliquez sur ce lien.

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