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L'émotion provoquée par le décès de Stéphane Hessel reste très présente sur Internet.
L'émotion provoquée par le décès de Stéphane Hessel reste très présente sur Internet.
©Reuters

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L'émotion provoquée par la disparition du père des Indignés est toujours très présente sur les réseaux sociaux. L'idée et la pétition, lancées pour tenter d'obtenir son inhumation au Panthéon, relancent les discussions sur l'homme, les critères d'une grandeur nationale, et égratignent au passage les politiques.

Sur le site de pétitions Avaaz, une pétition demande au président de la République que Stéphane Hessel soit inhumé au Panthéon par ces mots :  "Monsieur le Président, faites entrer l'indignation au Panthéon" ; elle a récolté à ce jour presque 12 000 signatures, dont celles de députés ainsi que d'Eva Joly.

L'émotion et l'admiration qu'il inspire à toute une jeune génération mondialisée (comme à cette blogueuse  en Egypte, entre des milliers de messages admiratifs et reconnaissants), sur Facebook, sur Twitter, illustrent la tendresse qu'inspire un aïeul collectif tendre et souriant, dont la vie fut propre, et qui a su donner une nouvelle fraîcheur à de vieilles et simples valeurs. "Stéphane Hessel n’est plus. Celui qui nous a tous invités, du Nord au Sud, de l’Est a l’Ouest, à nous indigner, a tiré sa révérence. La nouvelle est tombée mercredi matin, elle m’a rappelé sa pensée, dans un pays en constante indignation. Indignation des femmes pour leurs droits, indignation des citoyens pour la démocratie, indignation des Hommes contre le système en place."

Le Panthéon serait un point d'orgue aussi rare et surprenant que son destin de diplomate inconnu devenu militant puis devenu super-star des jeunes humanistes européens à l'âge de 93 ans par la magie d'un tout petit livre. Est-ce suffisant?

Le peuple de ses admirateurs est pour : "Par ces temps de disette humaniste, dans ce monde qui va mal aux horizons indistincts, il serait plutôt sain d’honorer un homme qui su tout au long de sa vie insuffler le courage avec une courtoisie à toute épreuve." La presse étrangère n'en serait pas surprise. Aux Etats-Unis,The Atlanticlui a décerné un passeport international de légende : "Occupy Paris, comment un vieux radical a défini les gauches européennes".

Le bénéfice immédiat, pour ce quinquennat, serait  à première vue coquet, si la famille ne s'y oppose pas, ce qui est déjà arrivé pour d'autres pressentis. A titre personnel, la ministre Fleur Pellerin s'est personnellement déclarée pour et l'assentiment de Christiane Taubira est évident dans cet adieu publié sur le site de son ministère : "Vous, éperdument libre... A tracer obstinément des chemins d’espoir dans l’obscurité, élevant la subversion à la hauteur de l’art. Votre voix exigeante percutant le silence de l’indifférence... Vous vous en êtes allé avec l’élégance de ceux qui n’ont jamais renoncé.(...)".

Les obstacles

Les dissonances viennent de ses prises de positions moins connues en faveur de la Palestine. 

Sur Saphirnews, le militant pro-Palestinien Brahim Senouci rappelle les conflits très durs provoqués par son engagement pour Gaza, contre Israel. "Stéphane a aussi subi des attaques haineuses, voire des appels au meurtre lancés par certains de ces fameux intellectuels intermittents des droits de l’homme. Même son passé de résistant, sa conduite dans les camps de concentration où il a été interné, son rôle auprès de René Cassin au moment de la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme, ont été mis en doute de manière sournoise. Beaucoup de gens auraient craqué et fini sans doute par abandonner le combat. Edgar Morin, son ami, a subi le même type d’attaques après avoir co-signé un article dans Le Monde, (...) Il en a été profondément atteint et s’est muré dans un très long silence. Stéphane a eu une attitude différente. Il estimait ne devoir rendre de comptes qu’à sa conscience et à sa raison."

 Sur Causeur, Edith Ochs détaille les positions irréconciliables qui provoqueront des oppositions: "Il fut un témoin privilégié du siècle. Mais de là à le faire entrer au Panthéon, comme le souhaiteraient diverses personnalités, il y a un monde ? Du fait de ses zones d’ombre, de ses ambiguïtés, de ses demi-vérités et de ses demi-mensonges, Hessel est une personnalité pour le moins controversée. Et quand sonnera l’heure du bilan, dans dix ou vingt ans, le manuel de l’indignation pèsera peu."

A cause de cet engagement pour Gaza, l'opposition est virulente en Israël, où une autre pétition a été ouverte pour  'Interdire tout hommage à Stéphane Hesseldans les universités israélienne". 

Le post le plus lu

L'un des posts les plus lus ces jours-ci autour de la place à réserver à l'héritage humaniste de Hessel est celui paru sur Slate, Le Bal des hypocrites, Il rappelle que si Stéphane Hessel n'avait pas eu le succès que l'on sait avec "Indignez-vous", il ne serait jamais sorti d'un certain placard dans lequel des partis pris peu diplomatiques l'avait enfermé. "La droite le détestait, car il incarnait tout ce qu’elle honnit: l’idéalisme crédule, les idées généreuses et naïves, la solidarité irréaliste, la bonne conscience universelle. La gauche, qui se veut lucide et « responsable », ne le supportait pas pour les mêmes raisons. Qu’est-ce que c’est, que ce rêveur indigné? Ce type qui veut régulariser tous les sans-papiers? Ce vieillard qui appelle la jeunesse à se révolter? Ce juif qui défend les terroristes palestiniens? Un illuminé!"

Sans doute peu éligible dans l'immédiat sous le fronton du Panthéon, 'Aux grands hommes, la patrie reconnaissante", l'inclassable Monsieur Hessel a déjà sa place et pour longtemps dans le Panthéon virtuel du cyberespace mondial. 

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