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La fiscalité « écrasée » 
par la religion
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Arrêt sur idées

Dans le mouvement des idées tel qu’il évolue à la « une » du « Monde », l’irrationalité du débat sur l’Islam a recouvert, en nombre de mots, le débat sur la fiscalité, sujet qui fait appel à la raison.

Le mardi 1er mars, à l’avant-veille d’un colloque sur la réforme voulue par le président de la République, s’étalait un éventail de choix sur la suppression ou l’atténuation de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune, sur la disparition ou le démantèlement partiel du bouclier fiscal.

Rationalité chiffrée

Rien de plus raisonnable qu’une délibération sur la répartition des prélèvements directs dans le cadre contraignant fixé par le Premier ministre : équilibre budgétaire, compétitivité, équité. Les chiffres sont là, aussi peu contestés que des faits irréfutables. Chiffres complétés, le 3 mars, par les recommandations de la Cour des Comptes. Si l’impôt est le ciment de la civilisation,  le socle de l’Etat, il y avait dès jeudi de quoi étayer une réflexion raisonnable, donc éminemment démocratique, sur le présent et le devenir du « vivre ensemble ».

C’est alors que les faits chiffrés sur la fiscalité ont été submergé par les factoïdes de l’irrationalité religieuse.

Les faits, ce sont les impôts que chaque citoyen paie ou ne paie pas.

Les factoïdes sont, désignées par l’Islam, les vagues d’immigration dont il n’y a encore aucune manifestation concrète mais qui pourraient survenir à cause des soulèvements arabes.

Hypothèses et croyances

Plutôt que d’examiner rationnellement les relations chiffrées entre les citoyens et l’État, les acteurs de la vie publique préfèrent disserter sur ce que pourrait impliquer un mélange non étayé d’hypothèses et de croyances.

Évacuer le débat fiscal au profit d’interrogations sur des évènements qui ne posent pas de problèmes ou qui n’existent même pas, c’est choisir de remplacer l’appel à la raison par la mobilisation des émotions. Dans cette option pour les passions, il y a un pari que les systèmes totalitaires ont perdu et que la publicité, fille de la propagande, n’a toujours pas gagné: il serait plus facile, selon ce pari, de diriger ou d’influencer les gens en contournant leurs facultés de raisonnement.

Il serait ainsi plus facile de s’attirer les faveurs populaires en activant une émotion – la peur – issue de l’immémoriale hantise de l’Invasion que l’Islam symboliserait aujourd’hui. Mais les théoriciens de l’art d’influencer et de la persuasion ont établi que l’irrationalité se heurte toujours à quelques raisonnements inductifs simples. Par exemple, si les prêches en langue arabe sont interdits, le seront aussi les prières en hébreu et les messes en latin ; si les prières dans la rue sont bannies, les processions publiques et pèlerinages en plein air le seront également. La logique juridique qui structure les lois résiste à toutes les émotions.

En éclairant le flottement actuel des idées dans l’actualité hexagonale, la théorie de l’irrationalité restreinte révèle surtout le rôle du conformisme médiatique dans la gestion des pulsions enfouies.

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