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La pétition en ligne : nouvelle forme de militantisme ?
La pétition en ligne : nouvelle forme de militantisme ?
©Reuters

Revue de blogs

Avaaz, Change.org, petition.be, ou Amnesty... Autant de sites qui ont fait entrer la pétition a grande échelle sur le Web. Un clic, une confirmation via votre adresse mail, et vous lancez votre pétition ou participez à une cause, contre la déforestation ou pour la légalisation du cannabis. L'activisme par pétitions s'en est trouvé rajeuni, mais est-il efficace ?

Le très vieux système de la pétition et des cahiers de doléances, destiné à se faire entendre des autorités locales ou nationales a pris le virage Internet et celui de la mondialisation. Les  nouveaux sites de pétitions ont désormais l'art et la manière de mettre en scène et en signatures les causes, petites ou grandes. Le processus est simple et rapide. Chacun peut ouvrir en quelque clics une pétition ou en soutenir une : un clic et une confirmation par mail suffisent..

La nouvelle jeunesse des pétitions

Le plus populaire auprès des jeunes des pays connectés, le plus professionnel et le plus coloré est Avaaz.Un site de pétitions dont le diaporama de la page d'accueil est chaque semaine un résumé de l'actualité. Syrie, Sommet de Rio ou protection des baleines. Avaaz a réussi avec ses mailing-lists, par son marketing international de la revendication, et ses millions de clics-signatures, a faire arriver jusque dans les cabinets de ministres des sujets aussi costauds que la refonte du Code forestier du Brésil, qui menacerait la forêt amazonienne.

Son concurrent, plus américain, est Change.org. Fondé par Ben Rattray, un entrepreneur sorti des belles universités américaines et convaincu de l'avenir de l'entrepreneuriat social, il offre les mêmes possibilités : ouvrir sa propre pétition, ou suivre celle d'une autre personne ou groupe, un staff expert des médias sociaux se chargeant d'orchestrer la mobilisation en ligne puis de présenter les pétitions aux organismes ou personnes ciblées.

Les deux organisations sont internationales, multilingues, et adaptent leur stratégie pour recruter des pétitionnaires et des soutiens en fonction de la demande et des sensibilité locales. Tandis que sur Change.org USA, on signe pour la sécurité sociale pour les pompiers, sur l'édition française, on ne veut plus d’œufs de poules élevées en batterie chez Monoprix. Sur Avaaz Brésil, l'accent est sur l'opposition au nouveau Code forestier. Sur Avaaz français, la pétition pour sauver les abeilles est devenue la plus signée de l'édition locale.. 

L'une des pétitions les plus marquantes est sans doute celle créée sur Change.org par la famille du jeune homme noir assassiné en Floride, Trayvon Martin, En quelques jours, 2,2 millions de signatures ont été réunies pour que son meurtrier présumé, un agent de sécurité, soit inculpé. Un autre succès mis en avant par le site est d'avoir réussi à faire plier une banque américaine qui avait imposé en douce un service payant à tous ses clients. Une cliente furieuse a ouvert une pétition : des dizaines de milliers de clients l'ont rejointe, et la banque a du faire machine arrière.

Le "clicktivisme", une nouvelle forme de lobbying ?

Le clicktivisme (l'activisme par clic) pose cependant certaines questions. Comment se financent de tels sites employant de nombreuses personnes et ayant des bureaux sur plusieurs continents ? Change.org dit offrir ses services payantsà des institutions et grosses agences humanitaires, les déchargeant ainsi de la lourde tache de réunir des signatures pour leurs différentes opérations de mobilisations et de levées de fonds. Le cas de Avaaz est plus délicat : issu de la fondation Avaaz, le site de pétitions est une société à but non lucratif, enregistré aux États-Unis sous un statut qui lui permet de faire du lobbying et de ne pas révéler les noms de ses financeurs. Il fait aussi appel aux dons sur son site, et plusieurs blogueurs spécialistes de l'activisme au Moyen Orient ont soulevé certains problèmes.

Dans un post sur sonblog personnel, la directrice de la branche internationale de l'Electronic Frontier Fondation, une grosse organisation américaine de défense de la liberté d'expression, ainsi qu’un article du New Republic, ont  critiqué certaines pratiques de Avaaz, par exemple, quand celui-ci s'improvise défenseur des opposants syriens. Il ressort de ces mises en garde que lorsque l'un de ces nouveaux sites de pétitions s'emparent d'un sujet "lourd", des questions surgissent : le manque de transparence, de compréhension des enjeux, des risques courus par les personnes sur place (dans ce cas précis, la distribution par Avaaz, en Syrie et au Yémen, de téléphones satellites aisément repérables, sans formation spécifique), une déontologie douteuse envers les activistes syriens locaux, et un manque étonnant de sécurisation de leur site, qui contient dans ses bases de données noms et adresse mail de.nombreux activistes, que certains aimeraient peut-être connaitre. Peut-on se permettre d'être « naïf» dans les contrées dangereuses de l'activisme? 

D'autres activistes, égyptiens ou tunisiens, ou d'ailleurs, se tiennent aussi au large des sites de pétitions, faute de connaitre leurs véritables motivations ou financeurs. Une fois un nombre conséquent de signatures récoltées, les sites de pétitions présentent la pétition et ses signatures aux gouvernements ou à des organismes officiels. Elles risquent  dans certains pays du monde de tomber entre les mains d' interlocuteurs peu crédibles ou assez hostiles. La politique internationale est chose compliquée pour les bons sentiments en ligne. 

Sur le versant officiel de ce mouvement, le gouvernement de Sa Majesté en Grande-Bretagne a lui aussi cédé à la mode de la pétition. Il offre sur son site une page de e-pétitions officielles. Le seul problème ? Très peu de citoyens semblent les signer...

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