La nouvelle génération de consoles va-t-elle révolutionner l’industrie du jeu vidéo avec le cloud gaming ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Xbox microsoft game pass cloud gaming
Xbox microsoft game pass cloud gaming
©Mark RALSTON / AFP

La Minute Tech

Le cloud gaming est une technologie majeure pour l'avenir des jeux vidéo. Ce dispositif est-il actuellement viable et totalement fonctionnel ? Quelles sont les meilleures plateformes de cloud gaming sur le marché ?

Daniel Ichbiah

Daniel Ichbiah

Daniel Ichbiah est écrivain et journaliste, spécialisé dans les jeux vidéo, les nouvelles technologiques, la musique et la production musicale.

Il est l'auteur de nombreux best-sellers tels que La Saga des jeux vidéos, Les 4 vies de Steve Jobs, Rock Vibrations, Le Livre de la Bonne Humeur, Bill Gates et la saga de Microsoft, etc. Daniel Ichbiah a aussi écrit : Qui es-tu ChatGPT ?

Parmi les biographies musicales écrites par l’auteur figurent celles du groupe Téléphone, de Michael Jackson, des Beatles, d’Elvis Presley, de Madonna (il a également publié Les chansons de Madonna), des Rolling Stones, etc. 

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Atlantico.fr : Le Cloud Gaming on en parle depuis des années et on sait qu’il représentera le futur des consoles de jeux vidéo mais est-il actuellement à 100% fonctionnel ? 

Daniel Ichbiah : La dématérialisation du contenu a d’abord touché le secteur de la musique avec des applications telles que Deezer et Spotify. Dans le secteur des films, Netflix, Amazon Prime ou OCS se sont peu à peu imposés comme la forme de consommation préférentielle. Et il faut bien le dire, le confinement a accéléré le mouvement.

Le jeu vidéo est en train de subir une même mutation. Il a traditionnellement été associé à un support physique tel qu’une cartouche ou un DVD. Depuis plusieurs années, le cloud gaming a émergé. Le jeu réside sur un serveur et ses données sont téléchargées (parfois en temps réel) sur l’appareil utilisé à un moment donné. Cette tendance actuelle du jeu vidéo en streaming est donc disponible à partir d’offres telles que GeforceNow ou Microsoft Game Pass.

Il faut distinguer deux types d’usage : le jeu que l’on télécharge depuis un cloud, plutôt que d’avoir à acheter un DVD en magasin. On le télécharge une fois pour toutes sur un appareil puis on y joue. Et puis, et cela va être peu à peu le point essentiel : le jeu qui est executé depuis un serveur en temps réel, ce qui implique qu’il n’est pas nécessaire de télécharger quoi que ce soit.

L’avantage essentiel du cloud gaming dans ce deuxième contexte, c’est de permettre à un joueur de s’adonner à un jeu indépendemment d’un support donné. Puisque le jeu réside sur un serveur éloigné, on peut théoriquement y jouer à partir d’une console, d’une tablette, d’un PC, d’un iPhone… On peut même reprendre sur sa tablette le jeu que l’on a démarré sur console, en se retrouvant exactement là où on l’a laissé. Cela veut également dire que l’on dispose à tout moment, de la dernière version disponible – pas besoin de télécharger d’énormes mises à jour, ce qui pouvait parfois prendre une bonne heure sur certains jeux en ligne il y a encore une dizaine d’années. C’est clairement à ce niveau du jeu présent sur le serveur que le cloud gaming va prendre le relais de services tels que Netflix dans la vidéo ou Deezer dans la musique.

Concernant ce type de cloud gaming avec un jeu s’exécutant sur le serveur, pour qu’il soit 100 % fonctionnel, la balle n’est pas tant dans le camp des éditeurs de jeux que dans le secteur des télécoms. C’est la fibre optique qui rend ce type de cloud gaming possible, surtout si l’on veut jouer avec une définition 4K et un son surround. A terme, ce sera aussi la 5G. Car dans le secteur du jeu vidéo, la vitesse est cruciale. Si l’on tire sur un extra-terrestre venu envahir notre planète, quelques centièmes ou dixièmes de seconde de décalage peuvent faire toute la différence. Si la connexion n’est pas assez bonne, le temps que l’information soit traitée par le serveur, le monstre a largement eu le temps de s’écarter. La fibre optique a résolu la question pour les jeux que l’on pratique à domicile et la 5G devrait apporter cette même instantanéité sur les supports mobiles connectés : tablette, téléphone mobile… Après cela, ce qui peut compliquer le cloud gaming, c’est que parfois, un trop grand nombre de joueurs se connectent en même temps, ce qui rend difficile une plate-forme donnée de les accueillir tous à un moment donné. Il faut donc parfois prévoir d’être placé sur une file d’attente.

Quelles sont les meilleures plateformes de Cloud Gaming sur le marché ? 

Tous les grands acteurs du logiciel sont en train d’investir ce domaine. Pour certains d’entre eux, tels que Amazon et Google, il y a là une opportunité forte de s’introduire nouvellement dans ce domaine.

Sur PC, nous avons une plateforme générique appelée GeForceNow de Nvidia qui a été lancée en février 2020. NVidia a acquis sa réputation auprès des joueurs en proposant, dès la fin des années 90, des cartes graphiques qui transformaient radicalement l’aspect des jeux sur PC. C’est donc une marque appréciée des joueurs et associée à une grande qualité. L’avantage de GeForceNox est de donner un accès à de nombreux « stores » en ligne de cloud gaming tels que Steam (le pionnier du cloud gaming, géré par l’éditeur Valve et apparu dès 2003), Uplay (la plateforme gérée par le français Ubisoft, ce qui implique que l’on y trouve des titres tels que Assassin’s Creed) ou encore Battle.net  (l’une des plateformes gérée par Blizzard, et qui donne notamment accès au jeu en ligne fort populaire World of Warcraft). Toutefois, GeforceNow n’a pas accès à tous les stores : par exemple  Microsoft, Bethesda ou encore CodeMasters ont préféré faire cavalier seul. Nous sommes un peu dans la même situation que pour Netflix : Disney, en lançant son propre service, peut fort bien décider de ne plus proposer les films Disney à ce service désormais considéré comme concurrent. Et donc, pour le joueur, la perspective de pouvoir jouer à n’importe quel jeu depuis une plateforme de cloud gaming se réduit d’autant.

En France, il existe une offre assez originale de la part d’une start up appelée Shadow et qui propose un PC dédié au cloud gaming avec un seul abonnement donnant accès à divers stores.  Bien que je ne l’ai pas essayé, j’ai vu que pas mal de joueurs étaient très enthousiastes sur cette offre.

Microsoft a mis en place le Game Pass dès 2017 et a pris une belle avance sur Sony – il fallait qu’ils puissent se distinguer dans ce domaine car en matière de console, Sony a clairement gagné l’affaire avec la PlayStation 4 et il semble que cela va se poursuivre avec la PlayStation 5. La communauté des joueurs Game Pass apprécie le professionnalisme de la plate-forme : offre très importante, mises à jour régulières… Le souci c’est que Microsoft propose une offre de cloud gaming diversifiée et dans laquelle on peut avoir du mal à se retrouver : on peut jouer soit uniquement sur PC, soit uniquement sur console, soit avec l’offre Ultimate, sur les deux à la fois. Mais là  n’est pas tout car Microsoft a aussi d’autres offres. Ils gagneraient sans doute à simplifier cette première approche. Bon, ils ont tout de même déjà attiré 15 millions d’abonnés.

Sony a proposé dès 2014 le service PlayStation Now, qui compte plus de 750 jeux maison, mais n’a pas à ce jour, particulièrement brillé en la matière, ce qui pourrait changer bientôt. Nous en saurons peut-être davantage dans quelques jours à l’occasion du lancement de la PlayStation 5 en France. Toujours est-il qu’avec sa domination actuelle dans le secteur des consoles, on peut comprendre que Sony n’ait pas davantage mis son attention sur cette offre.

Google a lancé son service Stadia à la fin de l’année 2019, mais il a semblé qu’ils avaient un peu du mal à faire leurs premiers pas dans ce domaine. Leur catalogue inclut des jeux comme les derniers Tomb Raider ou Assassin’s Creed. Par la force des choses, il repose sur un navigateur Chrome et peut donc fonctionner sur les téléviseurs, tablettes ou ordinateurs tournant sur cet environnement ou à même de l’accepter. Bien qu’il soit relativement coûteux au démarrage (129 euros), il veut se distinguer sur la simplicité d’usage – pas de configuration nécessaire. Cela dit, il existe une offre gratuite qui propose une qualité sonore et visuelle moindre, mais tout de même de la HD – il faut bien évidemment acheter les jeux individuls. Par ailleurs, Google veut introduire une technologie d’intelligence artificielle qui va réduire au minimum la « latence » (le délai entre le moment où l’on effectue une action et le serveur la répercute).

Enfin, Amazon est train de lancer Luna, et il semblent qu’ils vont proposer un beau catalogue pour un tarif attirant.

Les consoles de salon sont-elles un bon outil pour utiliser ces services ? Y-a-t-il des différences entre les services proposés par Sony et Microsoft ? 

Le problème ne se pose en ces termes. Par définition, ce qu’apporte le Cloud Gaming c’est la possibilité de pouvoir jouer sur des plate-formes divers, dont la console. Mais, pour prendre un exemple, à partir du moment où Sony a proposé son Playstation Now, l’idée c’était de pouvoir jouer à un jeu fort populaire sur Playstation 3 comme la série Uncharted sur un PC aussi bien que ces consoles.

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