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Comment les industries pétrolières nous ont fait croire que le plastique serait recyclé
©ALAIN JOCARD / AFP

Atlantico Green

Une enquête des médias américains NPR et PBS révèle que le recyclage du plastique est très peu rentable et que les entreprises pétrolières le savaient parfaitement : elles ont menti pour inciter les consommateurs à continuer d'en acheter.

Dominique Audrerie

Dominique Audrerie

Dominique Audrerie est un expert indépendant des questions environnementales.

Il est également docteur en droit de l'environnement et ancien directeur du Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement (en 1993).

Il est avocat à la Cour et maître de conférences.

Il est l'auteur de Petit vocabulaire du patrimoine culturel et naturel (Confluences, 2003).

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Atlantico : Les entreprises pétrolières ont-elles désinformé la population sur le recyclage du plastique pour sauvegarder leurs intérêts ? 

Dominique Audrerie : Durant de trop longues années les contenants plastiques ont été à la fois

une source forte de revenu (multiplication des produits et pas de réutilisation)

une contrainte car ils ont été considérés et traités comme des déchets.

La cause première, et acceptée, est que l'industrie pétrolière a trouvé là des sources de revenus très considérables, sachant que la matière première, le pétrole, était exploité à moindre coût et sans aucun souci de sa conservation (limites de son exploitation, appauvrissement des gisements, etc.).

Face à cela, des déclarations, des discours souvent de bonne foi, mais sans réel résultat, et cela tant de la part des décideurs politiques ou économiques que des particuliers toujours plus consommateurs de produits plastiques.

Il n'y a pas eu, et sans doute est-ce encore vrai, de prise de conscience sur les méfaits du mauvais usage des produits plastiques. On en parle certes, des lieux de débats existent bien, mais concrètement, au quotidien, il n'y a pas véritablement de remises en cause de pratiques fortement dommageables pour notre environnement.

Les produits en plastiques sont ils réellement une mine d’or en valeur recyclable comme on veut nous le faire croire ?

Face à une contestation réelle, fut-elle trop souvent au niveau des mots, les entreprises productrices de plastiques ont développé un « discours » tendant à montrer qu'elles étaient « sensibles » et disposé à engager des mesures fortes.

Il faut le redire, concrètement peu de choses sont faites. Il faut l'avouer les particuliers au quotidien restent fondamentalement des pollueurs conscients ou non.

Pour justifier des actions limitées, ces mêmes producteurs ont avancé les contraintes de mesures fortes de recyclage :

D'abord le coût. Traiter les produits plastiques a un coût et il est plus facile et rentable de produire toujours plus à partir de la matière première. La société toute entière est là concernée et la question de fond, toujours à poser, est de savoir si nous sommes capables d'accepter de payer en vrai ce que nous consommons dans le respect effectif de notre environnement. Cela est vrai ici, mais aussi dans d'autres secteurs où le discours, fut-il généreux, se heurte aux pratiques les plus ordinaires.

Ensuite on peut envisager de limiter la consommation des plastiques par des mesures simples. A titre d'exemple les emballages : favoriser les poches papiers, les sacs personnels portés par le client, etc.

Enfin en ce qui concerne la transformation des produits plastiques et leur réutilisation, il s'agit avant tout de procédures chimiques et je suis bien persuadé que des solutions peuvent – et doivent – être trouvées par des ingénieurs compétents, accompagnés par une vraie volonté à la fois, et il faut y insister, politique et économique. Prétendre le contraire me semble malhonnête : il y a des solutions techniques à des problèmes techniques.

Les déchets sont-ils une ressource ?

On peut ici se rappeler que dans les sociétés anciennes (il y en a encore!) les déchets étaient source de … richesse ! Le fumier, dont le tas trônait près de la cour, était indispensable pour entretenir et enrichir les sols.

Certes aujourd'hui les déchets sont de nature différente. Mais nous devons apprendre non plus à dissimuler nos déchets, voire à les nier, mais à les exploiter.

Je crois vraiment, pour l'avoir dit et écrit à différentes reprises, que les déchets peuvent – et doivent – être considérés comme une ressource véritable, qui peut – et doit – être traitée et utilisée pour des produits nouveaux.

Les questions techniques peuvent être résolues ; des recherches adaptées doivent être engagées.

Les questions de coût ne peuvent plus être la cause de refus tant l'urgence est là face à la fois à l'appauvrissement des ressources naturelles et la multiplication très considérables des stocks de déchets.

Un dernier point et non le moindre : attention aux « ayatollas » écolos. Des déclaration sans mesure, des décisions trop éloignées des humbles réalités quotidiennes peuvent produire des effets inverses de ceux attendus. Un seul exemple : le tri des déchets domestiques.

A trop vouloir « sélectionner » et contraindre les particuliers, avec la mise en place ô combien facile de nouveaux impôts, pardon des taxes, il apparaît que les dépôts sauvages se multiplient tant les règles imposées deviennent insupportables.

Là aussi il faut raison garder.

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