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Dérèglement climatique : les émissions de carbone ont chuté en 2020... sans effet notable pour la planète. Les solutions sont ailleurs
©JOHANNES EISELE / AFP

Atlantico Green

La réduction des émissions de carbone en 2020 a été forte, mais n'a produit aucun effet. Preuve que la décroissance n'est pas une solution viable pour lutter contre le réchauffement climatique.

Philippe Charlez

Philippe Charlez

Philippe Charlez est ingénieur des Mines de l'École Polytechnique de Mons (Belgique) et Docteur en Physique de l'Institut de Physique du Globe de Paris.

Expert internationalement reconnu en énergie, Charlez est l'auteur de plusieurs ouvrages sur la transition énergétique dont « Croissance, énergie, climat. Dépasser la quadrature du cercle » paru en Octobre 2017 aux Editions De Boek supérieur et « L’utopie de la croissance verte. Les lois de la thermodynamique sociale » paru en octobre 2021 aux Editions JM Laffont.

Philippe Charlez enseigne à Science Po, Dauphine, l’INSEAD, Mines Paris Tech, l’ISSEP et le Centre International de Formation Européenne. Il est éditorialiste régulier pour Valeurs Actuelles, Contrepoints, Atlantico, Causeur et Opinion Internationale.

Il est l’expert en Questions Energétiques de l’Institut Sapiens.

Pour plus d'informations sur l’auteur consultez www.philippecharlez.com et https://www.youtube.com/energychallenge  

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Atlantico : Du fait de la crise sanitaire et des confinements mis en place un peu partout sur la planète, les émissions de CO2 vont diminuer en 2020. Pourquoi les effets de cette réduction sur la planète seront-ils limités ? ?

Philippe Charlez : On estime que la récession économique mondiale va être de l’ordre de 10 % en 2020 suite à la pandémie et aux confinements, selon le FMI. Parallèlement, on va réduire les émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2019 aussi de 10 %. Chaque année nous envoyons à peu près 35 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Nous allons donc les réduire cette année de 3,5 milliards de tonnes.

En terme de stockage d’émissions dans l’atmosphère, cela correspond à un demi PPM (soit 7 milliards de tonnes par an). Aujourd’hui nous sommes à 420 PPM, ce qui fait un 1 degré d’augmentation de température depuis la révolution industrielle. Si nous continuons sur notre lancée, nous allons arriver à 650 PPM. La pandémie elle correspond à 1 demi PPM de réduction, donc rien par rapport aux conséquences économiques que cela entraîne.

Utiliser la décroissance et la récession économique comme méthode pour réduire les gaz à effet de serre n’est pas efficace. La méthode de récession économique pour répondre aux accord de Paris n’est pas une solution viable.

Quelles solutions pouvons nous explorer pour agir réellement sur le changement climatique ?

Pour les trouver, il ne faut pas d’idéologie mais du pragmatisme.

Je suis conscient que le réchauffement climatique existe et que l’augmentation des températures est corrélée avec celle des gaz à effets de serre mais je souhaite rester dans une société de croissance économique. Peut-être un peu plus raisonnable que celle qui a prévalu ces dernières années mais en conservant ses avantages car elle apporte le bien-être, l’augmentation de l’espérance de vie, la santé, l’éducation, etc.

Il faut que nous utilisions la technologie d’un côté mais que nous subsistions les fossiles par des énergies qui nous feront faire de la croissance économique. Une des grandes options pour la production électrique serait un mix de 70 % de nucléaire et de 30 % d’éolien. Si on veut remplacer rapidement le pétrole, le gaz et le charbon, ce sera par de l’électricité avec un petit peu de renouvelable supporté par beaucoup de nucléaire. Le GIEC le dit d’ailleurs, ainsi que l’agence internationale de l’énergie. Les objectifs de décarbonations sont inatteignables sans nucléaire.

Décarboner l’habitat et les transports passe par de l’électricité à courte distance et l’hydrogène sur grande distance grâce à une fort puissance. Globalement l’électricité et la voiture électrique sont adaptés pour la ville et pour le péri-urbain mais pour les grandes distances, il faut que les moteurs (d’avions, de bateaux et de camions) aient une forte puissance. Donc, de l’hydrogène, qu'il faut produire grâce à l’électrolyse de l’eau à l’aide d’électricité supplémentaire ce qui demandera du nucléaire.

Le secteur le plus compliqué à décarboner est l’industrie énergivore : le ciment, l’acier, le verre. Ces industries demandent des températures très élevée non atteignable avec l’électricité. Là, il va falloir continuer à utiliser un peu de gaz, de charbon et un peu de pétrole. Mais, comme ce sont de grandes unités on peut capter le CO2 et le ré-injecter (CCU - Carbon Capture, Utilization, and Storage).

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