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Quand Beethoven joue les poètes et quand Bogart regrette son smoking : c’est l’actualité des montres de l’été
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Atlantic Tac

Mais aussi un coup de folie sur les coussins moelleux d’une Rolls-Royce, une hybridation entre icônes horlogères, les lumières d’une « plongeuse » qui ne manque pas d’éclat et le charme rêveur d’une discrète bourgeoise…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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BELL & ROSS : Un plein d’énergie lumineuse…

Encore une « plongeuse » ? Les vitrines des boutiques horlogères en regorgent et bon nombre de montres de plongée figurent parmi les icônes de la montre contemporaine. Si on connaît mieux la légitimité de la maison française Bell & Ross dans le domaine aéronautique, il ne faut cependant pas négliger sa tradition subaquatique, commencée en 1997 avec son Hydromax étanche à 11 000 mètres. La nouvelle BR 03-92 Diver Full Lum est la dernière-née d’une longue série de montres de plongée, mais c’est clairement la plus « lisible » dans toutes les conditions de luminosité. En lumière naturelle et de jour, en surface ou en ville, les contrastes entre le cadran, les aiguilles, les index et les chiffres de la lunette permettent un affichage immédiatement compréhensible des indications de la montre. En lumière atténuée ou dans la pénombre, voire en plongée nocturne, les pigments luminescents de ces indications s’illuminent, le cadran lui-même (d’une couleur naturelle vert très pâle) révélant alors l’énergie lumineuse de son revêtement en SuperLumiNova. C’est probablement la « plongeuse » la plus illuminée du marché ! Son boîtier en céramique noir mat de 42 mm augmente encore le contraste autour duquel cette BR 03-92 a été conçue, le choix entre les bracelets (caoutchouc ou toile synthétique ultrarésistante) confirmant cette vocation à la fois instrumentale et originale au quotidien.

TAG HEUER : Un goût étrange venu d’hier…

Par les temps incertains qui courent, la prudence post-pandémique s’impose. Le passé reste une valeur sûre. Quoi de plus rassurant pour une manufacture suisse comme TAG Heuer que se replonger dans son patrimoine et de fêter ses 160 ans [la marque est née en 1860] avec une hybridation de deux fétiches de son patrimoine ? Double réassurance, ceinture et bretelles : on a ainsi marié la Carrera et la Montréal, la première (lancée en 1962) pour la rondeur et le style du boîtier, la seconde pour les couleurs et le style de son cadran – seuls les collectionneurs avertis s’arrachaient cette Montréal, lancée en 1972 et devenue rarissime du fait de son insuccès commercial alors que s’amorçait l’offensive des montres à quartz japonaises. On a donc dans une même montre le meilleur de l’esprit des années 1960 et des années 1970 : impossible de rêver mieux pour un hommage patrimonial. Bien retravaillée, cette hybridation nous propose une Carrera Montréal très contemporaine en dépit de son ADN vintage : on appréciera au passage la discrétion de ce boîtier de 39 mm, son cadran opalin aux délicates touches de couleur, le choix de trois compteurs [les deux compteurs à la mode commencent à fatiguer tout le monde] et le choix de l’ancien logo Heuer pour cette TAG Heuer rétro-nostalgique. Seul le mouvement est résolument d’aujourd’hui : il s’agit du Heuer 02 automatique, une production « maison » qui propose 80 heures de réserve de marche. Dommage que le prix se soit envolé au-delà des 6 000 euros…

MICHEL HERBELIN : Un air de famille…

N’allez surtout pas croire que les marques françaises échappent à cette fatale attraction pour le passé qui reformate tous les catalogues suisses. La maison familiale Michel Herbelin nous restitue l’esprit des années 1930 avec sa très bon chic bon genre Art déco, dont le nom est tout un programme : des angles atténués par la forme « tonneau », avec une double ligne de godrons horizontaux pour encadrer un cadran argenté aux chiffres romains stylisés pour accompagner le galbe de la montre. La « tapisserie » en « clous de Paris » au centre du cadran est elle aussi un clin d’œil à cette tradition Art déco : on reste dans l’esprit de l’iconique Reverso, mais le mouvement électronique permet de contenir le prix dans les 425 euros, ce qui fait de cette montre française une très mignonne « bête de mode ». On peut ici parler du charme discret de la bourgeoisie, surtout dans cette mini-taille (19,4 mm x 17,8 mm) qui accompagnera robes d’été, jeans de vacances et tailleurs de rentrée…

FRANCK MULLER : Un grain de folie dans les heures…

Les limousines Rolls-Royce sont à la manufacture genevoise Franck Muller ce que les magnums de champagne sont aux plages privées tropéziennes : un élément incontournable du style de vie. Il devenait donc inévitable de créer une Rolls-Royce en hommage à Franck Muller, et une montre Franck Muller en hommage à Rolls-Royce. On verra donc bientôt rouler une Wraith Black Badge (la plus puissante des Grand Tourisme Rolls-Royce) avec la couleur bleu de cobalt chère à Franck Muller : le tableau de bord sera unique, le ciel du toit reproduira les chiffres des montres Crazy Hours et ces mêmes chiffres décoreront la console arrière de cette Rolls-Royce. Symétriquement, les créateurs de Franck Muller ont imaginé une Crazy Hours aux couleurs de la cette Rolls-Royce, avec une mention « Black Badge » qui parlera aux milliardaires – la montre est heureusement plus accessible que la voiture ! Rappelons aux jeunes générations que ce concept Crazy Hours est, comme son nom l’indique, complètement fou : au lieu de suivre le parcours classique de 1 à 12, les heures sautent toutes les soixante minutes de chiffre en chiffre, mais pas dans l’ordre conventionnel : le 8 est ainsi à douze heures ou le 11 à trois heures. On s’y fait très vite, ne serait-ce que parce que l’aiguille des minutes poursuit une ronde très classique autour du cadran. À chacun son heure de référence : celle de cette Crazy Hours devient très personnelle et, sur les moelleux coussins de sa Rolls-Royce, en admirant la course des nuages à travers les chiffres stylisés du toit ouvrant, le temps a une autre saveur…

NOMOS GLASHÜTTE : Une simplicité reposante …

Glashütte est une petite ville de la Saxe (Allemagne) qui s’est spécialisée près de 170 ans dans la production de montres. Nomos en est une des manufactures à la fois les plus honnêtes [on y fabrique vraiment les mouvements « maison »], les plus authentique et les plus élégantes – sinon les plus accessibles en termes de prix. L’esthétique en est très influencée par la rigueur minimaliste du Bauhaus, mais avec une palette de couleurs très agréablement pastellisées, qui nous changent de la rengaine bleu fumé-vert anglais que fredonnent à peu près toutes les marques suisses. La nouvelle Tetra (boîtier carré en acier, mouvement à remontage manuel) se veut « immortelle » par référence à cette « Immortelle bien-aimée » à laquelle Beethoven – dont on fête cette année le deux-cent-cinquantième anniversaire – a dédié son plus beau poème d’amour : on pourra donc graver au dos de la montre un message d’amour dont seul son porteur aura le secret. Quoiqu’elle sache y mettre les angles, cette montre est donc à la fois romantique et musicale, mais la simplicité qu’elle exprime à travers ses lignes simples et sobres semble très reposante à côté de la plupart des montres contemporaines. Sachant qu’on ne vous délestera que de 1 660 euros pour cette parenthèse de sérénité, ne serait-ce pas là une belle « montre de l’été » ?

LONGINES : Une mélodie rétro-nostalgique…

« Plus rétro que moi, tu meurs » : les marques suisses s’affrontent interminablement dans un perpétuel concours de rétromanie horlogère (voir ci-dessus notre information sur TAG Heuer). Le vrai champion dans ce domaine, c’est sans doute Longines, qui a cessé d’imaginer de nouveau modèles pour se recentrer sur la reformulation en termes contemporains des trésors de son musée – qui abrite un des patrimoines les plus riches de toute la Suisse horlogère. Témoin : la nouvelle Tuxedo [un vêtement que les Franglais désignent comme… smoking] et qu’évoque irrésistiblement le style noir et blanc d’une montre qui semble avoir placée en hibernation dans les années 1940 pour revenir, huit décennies plus tard, nous rappeler que l’âge d’or des belles montre est derrière nous. Tout comme la teinte ivoirée du composé luminescent des chiffres et des aiguilles, la « petite seconde » à six heures n’est pas le moindre des charmes de cette Tuxedo, qui a la politesse de n’exiger que 1 920 euros pour habiller votre poignet d’un boîtier en acier de 38,5 mm [même les tailles sont nostalgiques dans ce grand vent rétro !]. On admirera au passage le laconisme du cadran, qui se contente du « Longines » de rigueur et d’un discret Swiss Made, sans nous asséner les autres mentions habituelles (nom du modèle, type du mouvement, etc.). Humphrey Bogart, qui adorait les montres Longines, aurait adoré cette Tuxedo…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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