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Quand les baguettes nous tourneboulent et quand les icônes se décodent : c’est l’actualité post-confinée des montres
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Atlantic Tac

Mais aussi la montre préférée des ceintures noires, un record de minceur qui prend du volume, les cadrans qui avaient désobéi et les raisons connectées d’un cœur en souscription…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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ZENITH : Quand les trésors sortent des greniers…

Il est devenu évident que les amateurs préfèrent les montres du passé des grandes marques d’aujourd’hui – plutôt que les montres que proposent aujourd’hui les grandes marques dépassées. Ceci pour tenter de comprendre ce qui pousse les manufactures à se précipiter dans leurs greniers pour y exhumer des trésors méconnus. La légende du célèbre chronographe El Primero en est un bon exemple : pratiquement jeté à la poubelle à la fin des années 1970 par des actionnaires indélicats, ce chronographe – aujourd’hui iconique – avait été « sauvé » par un employé qui, désobéissant à sa direction, avait stocké en cachette tout ce qu’il pouvait d’outillages, de composants techniques et de prototypes en vue d’une hypothétique relance ultérieure de ce légendaire Chronomaster El Primero, qui n’était autre que le premier chronographe automatique de l’histoire horlogère. Parmi les trésors mis de côté dans un grenier muré, une petite boîte en carton qui contenait quelques projets de cadrans, remarquables par les trois nuances de bleu de leurs compteurs : ces prototypes originaux, jamais mis en fabrication, ont tapé dans l’œil des créatifs contemporains de Zenith, qui ont décidé de lancer une série de Chronomaster Revival, « à l’ancienne », exactement dans l’esprit de ce que prévoyaient, à l’époque leurs prédécesseurs. Avec son impeccable style rétro-nostalgique, ce chronographe est évidemment magnifique et particulièrement séduisant. Il faudrait quand même finir par se demander pourquoi on est obligé d’aller piocher dans la poussière d’un grenier des cadrans cinquantenaires qu’on ne semble plus capables d’oser avec une telle réussite…

CHANEL : Quand les codes retrouvent une âme…

Ce n’est plus une montre, c’est un rébus ! C’est même un jeu-test (prononcez « quiz ») sur les codes génétiques de l’identité Chanel. Pour les vingt ans de son iconique J12, cette montre « masculine » immédiatement préempté par les clientes de la marque, la maison Chanel nous propose une J12-20 : saurez-vous reconnaître les vingt symboles les plus « parlants » de la marque (le sac 2.55, le camélia, le flacon de parfum N°5, la veste en tweed, etc.) ? Ces motifs sont à déchiffrer sur la lunette comme sur le cadran de la montre : comme il n’y aura en 2020 que 2020 J12-20 pour le monde entier et qu’on peut parier qu’elles sont déjà quasiment pré-vendues, pressez-vous d’aller vérifier en boutique si vous avez les vingt bonnes réponses (on vous la montre en céramique noire et dans une superbe version émaillée, mais la J12-20 existe aussi en céramique blanche, ou dans une version un peu moins baroquisante).

BLACK BELT : Quand les ceintures donnent l’heure…

Comme son nom ne l’indique pas en français, Black Belt, c’est la ceinture noire des arts martiaux, mais c’est le nom d’une marque de montres créée par un expert – Yvan Arpa, qui développe aussi les montres ArtyA – constellé de dan (grades de haut niveau pour les ceintures noires). À l’origine, les montres étaient réservées aux seuls détenteurs de cette ceinture noire. Pour ne pas faire de jaloux chez ceux qui n’ont pas encore atteint ces hauts grades, la marque ouvre sa collection Black Belt Warrior au commun des pratiquants, dans différentes éditions limitées de cent pièces (prix aux alentours des 350 euros, mouvement électronique, fond gravé avec les codes éthiques du bushido). La série spéciale Taekwondo (ci-dessous) est un peu plus « horlogère », avec un boîtier noir, un mouvement automatique suisse, une lunette en acier sablé, un joli guillochage du cadran qui peut évoquer un kimono avec une ceinture noire en relief et des aiguilles taillées comme des shinaï (le sabre d’entraînement du kendo) – comptez cette fois dans les 2 700 euros…

PIAGET : Quand la minceur prend de l’altitude…

Deux millimètres, c’est sensiblement l’épaisseur d’une pièce de dix centimes d’euros (1,93 mm) et un peu moins qu’une pièce de vingt centimes (2,14 mm). L’Altiplano Ultimate Concept de Piaget vient de battre un record et de se poser comme « montre-la-plus-mince-du-marché » en atteignant de justesse cette barre des deux millimètres – même si ce n’est pas tout-à-fait un record du monde, puisque la montre Delirium, conçue en Suisse en 1978, ne faisait que 1,8 mm d’épaisseur – Delirium parce que… très mince (tremens), tout le monde l’aura compris Rançon de l’ultra-finesse : cette Delirium se… tordait (tellement elle était mince) quand on serrait un peu fort le bracelet. La nouvelle Altiplano Ultimate Concept a évité cet inconvénient avec un boîtier taillé dans un alliage à base de cobalt (0,12 mm de cobalt entre la peau et l’intérieur de la montre). Hormis le fait d’utiliser le fond de ce boîtier, deux fois et demi plus rigide que l’or, comme structure de maintien du mouvement [c’était une technique déjà utilisée à la fin du XIXe siècle, puis par la Swatch], rien dans cette montre mécanique qui ne soit nouveau ou banalisé : il a fallu repenser tous les rouages et les pignons (sous-dimensionnés), l’aiguillage (disque des heures) et le ressort moteur du mouvement (monté sur roulement à billes et capable de proposer quarante heures de réserve de marche), imaginer un verre de 0,2 mm d’épaisseur, réinventer un concept de couronne de remontage (intégré dans le boîtier- et travailler quatre ans pour loger 167 composants – certains microscopiques – dans ces quelques millimètres cubes. Cette montre parfaitement fonctionnelle (étanche à trente mètres) est personnalisable à l’infini (couleurs, finitions, bracelets, etc. : 10 000 combinaisons restent possibles). Évidemment, cette sveltesse ultime a son prix : comptez dans les 400 000 euros pour avoir l’impression de ne rien avoir au poignet…

ALPINA : Quand le cœur a ses raisons…

L’AlpinerX d’Alpina est, à ce jour, la plus convaincante des montres connectées suisses. Non qu’elle se pose en concurrente directe des montres connectées orientées vers la santé (Apple Watch) ou vers l’activité (Garmin), mais plutôt parce qu’elle propose un des plus heureux compromis entre une montre traditionnelle (une silhouette ronde de chronographe, des aiguilles, un cadran classique, etc.) et un outil connecté dont les multiples fonctions restent exploitables et pilotables par smartphone. La nouvelle version AlpinerX Alive va encore plus loin en intégrant une fonction cardiaque (moniteur) très précieux au quotidien pour la pratique sportive ou même le stress au bureau. Cette montre intelligente est actuellement en souscription autour des 470 euros pour la version en « fibre de verre », soit à peu près la moitié de son futur prix public (une partie de la somme souscrite pour cette nouvelle collection sera reversée à l’association charitable Red Bull’s Wings for life). Marque fondée à Genève en 1883, Alpina donne l’exemple pour ce qui aurait pu être la riposte de l’intelligence et de la volonté horlogères suisses à l’offensive connectée des Californiens, des Chinois et des Coréens…

PURNELL : Quand les sphérions tournent comme des TGV…

Attention, c’est une montre très spéciale, comme on n’en rencontre pas souvent – sinon jamais – au poignet ! C’est que cette Escape IIS proposée ici par la marque suisse indépendante Purnell en version Treasure baguette Rainbow tient quasiment de la pièce unique et de l’exception mécanique : à sept heures et à cinq heures, on remarque deux tourbillons qui tournent chacun sur trois axes à l’intérieur de leur « cage » – huit secondes pour la première « cage », seize secondes pour la « cage » intérieure, trente secondes pour la « cage » extérieure. C’est de la (très) haute horlogerie « TGV » et c’est surtout du jamais vu dans l’horlogerie : chacun de ces deux tourbillons sphériques en titane bleui ne pèse que 0,8 g (partie mécanique), mais ils sont sertis de 304 petits saphirs, rubis et autres émeraudes. Histoire d’en rajouter un peu, le « cadran » (là où on peut lire l’heure sur des aiguilles classiques) est serti de 57 baguettes de rubis, de saphirs et de tsavorites [notez l’originale réserve de marche à la gauche de ce cadran, vers neuf heures]. Si vous arriviez à le lire, on trouve sur les deux piles de barillets superposés (il y a en tout six ressorts-moteurs, pour assurer à la montre trente-deux heures de réserve de marche) un manifeste qui détaille la philosophie du temps selon Purnell. N’oublions pas les 273 diamants baguette, ni les 41 saphirs, rubis et autres tsavorites baguette de ce boîtier en or rose de 44 mm (total : près de 19 carats). On a gardé le meilleur pour la fin : si vous osez demander le prix de cette Espace IIS façon arc-en-ciel, c’est probablement que vous n’en avez pas les moyens. Sinon, vous auriez tout de suite posé sur la table le bon gros million d’euros nécessaire pour repartir avec cette montre totalement hors normes à votre poignet…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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