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Quand Chanel pousse très loin le bouton et quand Breitling plonge en couleur : c’est l’actualité printanière des montres
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Atlantic Tac

Mais aussi le bronzage d’une plongeuse néo-vintage, la marque rouge des infirmières, l’horloge tripode aux couleurs de Mars et le style épatant d’une cuvette bassinée…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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MB&F : Intergalactiquement vôtre…

Les horloges de table, qui avaient permis de populariser les objets du temps à la fon du Moyen-Âge, en le faisant passer de la sphère publique à la sphère domestique, sont aujourd’hui tellement démodées que les nouveaux créateurs horlogers s’en emparent avec gourmandise pour en faire des mécaniques contemporaines capables d’exprimer tout autre chose que le temps qui passe. Maximilian Büsser et les copains de son « laboratoire horloger » MB&F (Maximilian Büsser & Friends) ont ainsi revu et corrigé leur Starfleet Machine, développée il y a six ans avec L’Épée 1838 (quasiment le dernier fabricant suisse d’horloges de table), pour créer une version monumentale et plus accessible. Posée sur un bureau, le nouveau « petit » Starfleet Explorer n’est haut que de onze centimètres pour un peu plus de seize centimètres de diamètre, mais ce tripode fait de l’effet : on peut le basculer sur le côté pour mieux lire l’heure, qui est affichée par deux disques : une « soucoupe » sommitale pour les minutes (lecture dans le « viseur » de couleur) et, au-dessous, un anneau fixe pour les heures (lecture par une « aiguille » de couleur qui fait le tour de l’anneau). En guise d’indication des secondes, trois petits « vaisseaux spatiaux » font le tour de cet anneau, à raison d’une orbite complète toutes les cinq minutes. Le reste relève d’une mécanique horlogère qu’on dirait classique [on ne doit remonter cet explorateur galactique qu’une fois tous les huit jours] si elle n’était pas totalement hors normes avec son enchevêtrement de rouages dentés et de ponts qui n’ont aucun mal à se faire passer pour l’architecture intérieure d’une immense station spatiale.

Dans la famille Starfleet, on a donc l’impressionnant vaisseau mère (Starfleet Machine, série aujourd’hui épuisée et à peu près introuvable sur le marché) et sa garde rapprochée (Starfleet Explorer), disponible en trois couleurs (vert, rouge, bleu), qui sont – est-ce vraiment fortuit ? – les couleurs du drapeau de la… planète Mars selon The Planetary Society qui œuvre à l’exploration de notre voisine extra-atmosphérique. Rappelons aux sceptiques que ce drapeau flotte déjà sur les bases « martiennes » de la planète Terre, là où se font certains entraînements de la Mars Society, qui a planifié la colonisation de la planète rouge. Verra-t-on bientôt cette Starfleet Explorer à trois mini-modules d’exploration sur les tables de ces bases martiennes avancées ? On peut d’autant moins l’exclure que cette (très) grande montre tripode est relativement accessible : moins de 10 000 euros pour une des trois séries limitées de 99 pièces (une par couleur) proposées aux grands garçons nostalgiques du monde entier. Si vous ne rêvez pas d’en poser une sur votre bureau, c’est qu’il vous manque un gène de nouvelle génération : mieux vaut consulter…

BALTIC : Subaquatiquement vôtre…

À une échelle nettement moins interstellaire, replongeons-nous dans un de ces océans qui couvrent les deux-tiers de la planète Terre avec la nouvelle Aquascaphe de Baltic. Cette jeune marque indépendante française a choisi le bronze – un des métaux les plus « nautiques » de l’histoire de l’humanité – pour cette nouvelle version de son emblématique « plongeuse » néo-vintage (disponible depuis hier sur le site de Baltic pour 750 euros : ne perdez pas de temps, il n’y aura que trois cents pièces numérotées de cette première série). Pas un détail ne manque pour flatter le goût des amateurs contemporains de belles montres accessibles : le bronze (CuAL8, celui qui se patine avec le temps : vidéo ci-dessous), la taille modérée (39 mm), l’épaisseur contenue à 12 mm, le verre saphir en double dôme, les aiguilles « musclées » à la teinte déjà caressée par l’usure du temps, le cadran porteur des index ronds et des chiffres qui rappellent les mythiques « plongeuses » des années 1960, le mouvement automatique pour la tranquillité d’esprit, le bracelet en caoutchouc assorti au bleu nuit soleillé du cadran et l’indispensable touche Made in France (près de Besançon). On a coché toutes les bonnes cases ! Une montre bientôt… baltiquement vôtre ?

NEUCARL : Stylistiquement vôtre…

Drôle de nom pour une montre : The Sept Mai ! C’est que cette nouvelle jeune marque indépendante est on ne peut plus française (le 7 mai étant le jour où son créateur, François Carlier, a décidé de se lancer dans l’aventure Neucarl), mais il faut aujourd’hui une note anglo-saxonne (« The ») pour être pris au sérieux hors de l’hexagone. La campagne de souscription vient d’être lancée sur les médias sociaux de la marque : 399 euros pour les cent premiers exemplaires de cette montre au design très soigné, c’est la moitié du futur prix public et c’est très bien pensé pour une montre de cette qualité (boîtier « bassiné » en acier de 41 mm, cadran « cuvette » aux lignes très délicates, mouvement automatique suisse, verre saphir et bracelet cuir très élégant). Il y a beaucoup de maturité dans l’expression esthétique de cette « montre de designer », qui se place au carrefour d’un certain minimalisme industriel et de la tradition horlogère des beaux objets de poignet.

CHANEL : Boutonnièrement vôtre…

C’est précisément quand le concept est aussi « pointu » que les grandes marques peuvent nous administrer la preuve qu’elles sont touchées par la grâce. Chanel a décidé de rendre hommage à un accessoire essentiel dans l’univers de la couture : le bouton ! Eh oui, le petit bouton sans lequel rien ne tient, le petit bouton dont la taille, la matière, le motif ou la symbolique peuvent créer une ambiance : les militaires, qui savent mieux que bien d’autres la portée symbolique du bouton, en usent et en abusent dans leurs uniformes de tradition. Avec la série de ses montres « manchette » Mademoiselle Privé Bouton, la maison Chanel s’ébat dans des horizons moins guerriers, mais sans rien perdre de l’allure que peut apporter un simple bouton. Il s’agit ici de fermer une « manchette » de tweed gansée de cuir : saturé de références au mythe Chanel, le « bouton » qui révèlera un petit cadran horloger sera décoré d’une perle, d’un lion en or, d’un camélia de diamants, d’un motif byzantin ou d’un camée en agate où se profile Gabrielle Chanel. En version ultra-précieuse (prévoir une addition stratosphérique), le tweed se mue en un magnifique et précieux tissage de diamants en « serti neige ». S’il fallait déclarer une nouvelle guerre des boutons, ce serait pour ce genre de trésor !

NOMOS : Médicalement vôtre…

Au début du siècle précédent, et notamment pendant la Première Guerre mondiale, les « montres d’infirmière » se portaient autour du cou, en châtelaine ou en pendentif (c’est plus pratique). Ces petites montres de poche affichaient souvent un « 12 » rouge pour permettre un repérage plus précis du décompte pour évaluer la cadence d’un pouls ou d’une respiration. La manufacture allemande Nomos, installée à Glashütte, au cœur de la vallée horlogère saxonne, vient de créer une édition spéciale pour soutenir les équipes médicales allemandes de Médecins sans frontières : les deux versions de cette montre automatique Ahoi reprennent la tradition de ce « 12 » rouge, mais les aiguilles tournent pour la bonne cause (chaque vente contribue directement au budget de Médecins sans frontières : 250 euros sur les 3 500 euros du prix public sont reversés). Mouvement automatique « manufacture » et bracelet métallique font de cette Ahoi, étanche à 200 m, un vrai outil professionnel tout-terrain en plus d’une bien jolie montre…

BREITLING : Désirablement vôtre…

Incurablement machos, les horlogers suisses ont une fâcheuse propension à louper leurs montres féminines, qu’ils ne semblent apprécier qu’en version réduite des montres masculines. Quel manque d’imagination ! C’est pourquoi il faut se réjouir quand une montre purement masculine, et même assez virile, trouve sans perdre son âme le détail qui va soudainement la rendre désirable pour un poignet féminin. Rien de plus viril que cette Superocean Heritage 57, montre de plongée très typée vintage 1950-1960 [d’où le « 57 » du millésime : les pièces de cette époque se vendent autour de 25 000 euros !] dont Atlantic-Tac vous parlait le mois dernier. Rien de plus délicieusement ambigu que cette série « arc-en-ciel » qui apporte un peu de couleurs au poignet – il n’y aura que 250 pièces de cette collection « capsule » (nouveau mot chic pour « édition limitée ») en jaune, vert, bleu, indigo, violet, rouge et orange, qu’on peut renforcer d’un bracelet Nato rayé dans à peu près les mêmes teintes. Les femmes qui n’ont pas peur d’affirmer leur personnalité ont vite compris le message, d’autant que la montre, qui sera vendue dans les 4 000 euros, reste très portable pour une pièce de 42 mm qui fait moins de 10 mm d’épaisseur et dont l’identité est soulignée par la lunette tournante concave. Si les machos de Breitling se mettent à réussir des belles montres de femmes, les marques de mode n’ont plus qu’à nous proposer de belles montres masculines…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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