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Quand le soleil se couche à Cuba et quand l’Italie se libère : c’est l’actualité des montres bientôt déconfinée
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Atlantic Tac

Mais aussi un réveil en lumière pour la Belle au bois dormant, une "plongeuse" nostalgiquement carbonée, un coup de crayon antiviral et de quoi garder la tête haute malgré le temps qui passe…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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DOXA : Pour les nostalgiques du commandant Cousteau…

Les jeunes générations ont du mal à imaginer le « choc » mental qu’a pu constituer le Monde du silence, film réalisé par le célèbre commandant Cousteau et Louis Malle en 1956. Palme d’or à Cannes cette année-là, ce documentaire sur les explorations sous-marines de la Calypso avait révélé au monde qu’il y avait un univers à découvrir sous les océans qui recouvrent les trois-quarts de cette planète. C’est ce film qui a initié les amateurs à la plongée sous-marine et donc poussé les horlogers à imaginer des montres capables de les accompagner – jusque-là, les montres de plongée étaient réservées aux professionnels civils et militaires. La maison suisse Doxa (fondée en 1889) sera une des pionnières de cette ruée horlogère sous la surface : elle inventera en 1967 une montre révolutionnaire pour l’époque, puisque sa lunette tournante comportait une double graduation qui permettait de coordonner temps de plongée et profondeur pour évaluer avec précision les temps des « paliers de décompression » [c’était avant les ordinateurs de plongée !]. Les premières Sub 300 de Doxa avaient enthousiasmé le commandant Cousteau et son équipage : on voit la montre, repérable à son cadran orange [la couleur qui crée le meilleur contraste à trente mètres de profondeur pour lire les aiguilles], dans la plupart des films de leurs aventures. Le commandant Cousteau – co-inventeur du scaphandre autonome Aqua Lung – assurait d’ailleurs avec sa société commerciale US Divers la distribution des Sub 300 Doxa aux Etats-Unis, où elles avaient également la faveur des nageurs de combat de l’armée. Pour les amateurs toujours nombreux de cette icône horlogère, la référence « Aqua Lung US Divers » est donc magique ! L’équipe qui vient de relancer Doxa ne pouvait qu’entretenir ce culte, mais en lui apportant une touche plus contemporaine : la Sub 300 du printemps 2020 a gardé son esthétique « tonneau » et sa double lunette tournante aux indications luminescentes ultra-lisibles, mais le boîtier (42,5 mm) est taillé dans un bloc de « carbone forgé » dont les fibres entrecroisées dessinent d’amusantes irisations – ce carbone rend la montre très légère et très agréable à porter. Pour renforcer la vocation fonctionnelle de cette « plongeuse » tentée par le « sport chic », l’aiguille des minutes a été surdimensionnée. Pour le clin d’œil à la tradition, les amateurs vont adorer le logo « Aqua Lung US Divers » sur le cadran : plus vintage, tu meurs ! Ultime atout de cette Sub 300 revue et corrigée en 2020 : son prix, resté accessible aux alentours des 4 500 euros, ce qui est très abordable pour une montre en carbone forgé, « professionnelle » mais élégante, étanche à 300 mètres et symbole d’une riche « culture » subaquatique…

JACOB & CO : Pour réveiller la Belle au bois dormant…

Ne serait-ce que par sa forme très particulière (une sorte d’« aquarium » de poignet peuplé de rouages animés en guise d’algues et de pierres précieuses qui jouent les poissons), cette Astronomia Fleur de jardin Rainbow est des plus étonnants objets du temps de ce début d’année. Il faut regarder la vidéo ci-dessous pour admirer ce grand spectacle ! Signée du joaillier new-yorkais Jacob & Co, cette « montre » – si, si, elle donne l’heure ! – est une incroyable leçon de mécanique horlogère. Sous le dôme de verre saphir éclairé d’une lumière qui met en valeur les rouages enchevêtrés sur plusieurs « étages », on repère, au premier regard, un petit cadran avec des aiguilles : son originalité est d’orbiter à l’intérieur du boîtier, tout en se présentant en permanence dans le sens logique de sa lecture (le douze en haut) – ce sont donc des heures « satellitaires ». On remarque ensuite un « papillon » : c’est le tourbillon, mécanisme de haute horlogerie qui règle la précision du mouvement et qui entraîne tout ce qui peut bouger dans cette montre. Tout comme le tourbillon (qui tourne sur lui-même toutes les minutes), ce papillon fait le tour du cadran en dix minutes. Parce que cette montre est un précieux manège enchanté, dont les onze pierres en forme d’étoiles dansent autour de la « fleur » centrale (une tsavorite verte taillée avec 288 facettes et cerclée de précieux pétales), dans un cercle d’anneaux sertis de pierres taillées en baguette aux couleurs de l’arc-en-ciel : posées sur un socle de nacre, certaines de ces fleurs tournent elles aussi en dix minutes autour de l’axe central de ce boîtier de 42,5 mm, mais dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Par pudeur, on évitera de vous donner le prix précis de ce joyau mécanique, mais prévoyez de vendre un petit appartement parisien si vous en rêvez : les fées de l’horlogerie suisse ne sont pas données par les temps qui courent. Il est vrai qu’elles auront travaillé plusieurs milliers d’heures pour créer ce chef-d’œuvre de joaillerie méchanicienne, dont il ne sera réalisé qu’une centaine d’exemplaires – ce qui prouve qu’il reste au moins une centaine de Belles au bois dormant à réveiller sur cette planète…

CUERVO Y SOBRINOS : Pour une nuit caliente à Cuba…

Encore un peu de poésie féminine, mais à un niveau moins stratosphérique que l’arc-en-ciel ci-dessus : cette évocation des derniers rayons du soleil et des premières étoiles dans un coucher de tropical nous est proposée par la marque helvéto-cubaine Cuervo y Sobrinos, qui est fière de ses racines à La Havane autant que de ses ateliers dans le Jura suisse. La montre Señora Sol y Estrellas (soleil et étoiles) a été créée par Annick Woungley, une vraie Cubaine, designer de métier, qui vit et travaille aujourd’hui en Suisse. Elle a décliné ce boîtier féminin (34 mm, mouvement électronique) dans différentes couleurs – bleu, vert, nacre, etc. – qu’elle a ponctué de diamants qui apportent leurs lumières à cette ambiance caribéenne. On garde le meilleur pour la fin : pour une fois qu’une marque suisse ne pratique l’extorsion de fonds, réjouissons-nous de voir cette Sol y Estrellas proposée autour des 1 750 euros – l’exploit n’est pas mince et il prouve que Cuervo y Sobrinos, marque fondée à La Havane en 1882 et récemment réanimée, a beaucoup d’ambitions !

BELL & ROSS : Pour illuminer les heures…

Le nom de cette montre BR 03-92 HUD est tout un programme : BR pour Bell & Ross, HUD pour Head Up Display – « affichage tête haute » en bon français. Dans les avions de combat, mais également dans les appareils civils, c’est la manière très efficace d’indiquer, sur un écran transparent, dans le champ visuel du pilote, les paramètres techniques de l’appareil et les informations essentielles à la réussite de la mission – pas question de détourner le regard du pilote vers des cadrans annexes. Le concept HUD, c’est l’hyper-lisibilité instantanée, de jour comme de nuit. Pionnier contemporain de la montre militaire, la marque française Bell & Ross ne pouvait que consacrer une montre avant-gardiste à cet esprit HUD, pour traduire en termes horlogers cette esthétique, avec un affichage à la fois analogique et mécanique. Cette BR 03-92 HUD reprend donc le boîtier « instrumental » carré-rond désormais iconique et porteur de l’identité Bell & Ross, avec un cadran « éclairé » en vert de l’intérieur, directement dérivé d’un cockpit d’avion : remarquez les quatre équerres dessinées à dix, deux, cinq et sept heures ! Soigneusement stylisées et placées sur un plan différent, même les aiguilles semblent purement numériques, notamment le triangle vert des heures. Le vert lumineux très particulier des indications complète cette illusion fonctionnelle, de jour comme de nuit. Avec la céramique noire mate du boîtier (42 mm), la virilité martiale et la maîtrise graphique de cette BR 03-92 HUD n’échapperont à personne : ce nouvel « instrument de bord » proposé par Bell & Ross est impressionnant de maturité…

GIULIANO MAZZUOLI : Pour fêter la « libération »…

On parle ici de la libération de l’Italie à la fin de la Seconde Guerre mondiale (soixante-quinzième anniversaire en 2020), mais tous les Italiens songent aussi à leur « libération » du confinement forcé dont ils sortiront dans quelques jours – une situation qui les a paradoxalement rendus très patriotes ! La marque horlogère Giuliano Mazzuoli (indépendante, confidentielle et originale) en profite pour nous proposer un boîtier aux couleurs du drapeau italien. Seuls les initiés savent que Giuliano Mazzuoli est un grand designer italien, auquel on doit cafetières et stylos. Ses montres sont inspirées par des manomètres – d’où leur nom et leur forme de jauge, avec un cadran très « instrumental » et un boîtier très évocateur. Le drapeau tricolore italien est moulé dans la résine de ce boîtier Swiss Made, qui abrite un mouvement automatique suisse (précommandes ouvertes sur le site, prix public autour des 2 500 euros). Viva Italia !

RESSENCE : Pour un coup de crayon antiviral…

En tout juste dix ans de créations, la jeune manufacture indépendante Ressence nous a appris ce que pouvait être la haute horlogerie belge, grâce à une vision originale de la montre et de l’heure. Avec son triple affichage « satellitaire » des heures, des minutes et des secondes, la marque a fait son apparition dès 2013 dans nos chroniques Atlantic-Tac et elle a suivi depuis un chemin rectiligne qui ne nous a jamais déçu. Pour ce printemps confiné, son créateur, Benoît Mintiens, a imaginé d’apporter l’appui de Ressence à l’« effort de guerre » contre le Covid-19 : il vient de lancer un concours de dessin ouvert au grand public. Dans le cadre de cette opération Time to draw, il s’agit de créer, sur la base d’une esquisse à télécharger un nouveau cadran pour sa montre Type 1 Slim (fin du concours le 12 mai). Ce cadran sera celui d’une montre réalisée en pièce unique, gravée au nom du gagnant et vendue par Sotheby’s à Hong Kong en juin prochain : le montant de cette enchère sera intégralement reversé à un laboratoire de recherches contre le Covid-19 de l’université de Louvain (KU Leuven, Belgique)…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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