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Quand il faut marteler les cadrans et quand il faut placer le bracelet au bon endroit : c’est l’actualité des montres avant les défilés du 14 juillet
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Atlantic-Tac

Mais aussi le bleu fumé d’une Lune trop noire, les grains d’argent d’une nostalgie très appuyée et une envie de substance en mode saxon…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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TAG HEUER : Les grains rouges d’une nostalgie quinquagénaire…

Les marques « historiques » ont un avantage sur les plus jeunes : elles ont régulièrement des anniversaires à célébrer. L’inconvénient, c’est que la commémoration des succès d’hier finit par faire oublier que, pour rester crédible, une marque être aujourd’hui à la hauteur de sa gloire passée. C’est un peu le problème avec TAG Heuer, qui parvient si bien à nous enthousiasmer sur le cinquantenaire de son légendaire chronographe Monaco qu’on finit par se demander pourquoi les créations contemporaines de la marque sont moins enthousiasmantes. Ne boudons pas notre plaisir avec cette réinterprétation particulièrement réussie de la Monaco de 1969, dont on a gardé le style extérieur (le boîtier, révolutionnaire à l’époque pour un chronographe automatique, et la couronne de remontage placée à gauche) pour imaginer un cadran contemporain capable de renouer avec cette magie cinquantenaire : le design de ce cadran est parfaitement maîtrisé, avec un fond grainé dans les tons argentés, des compteurs discrètement soulignés de bleu et ce qu’il faut de rouge (index, aiguilles) pour dynamiser le tout. Le carré rouge stylisé au centre de ce cadran est une idée géniale pour affirmer l’autorité de ce boîtier dont on a oublié à quel point il était rupturiste il y a un demi-siècle. Pas de « TAG » sur le cadran, juste le Heuer de l’époque, comme il se doit pour les montres d’inspiration vintage d’une marque qui devrait cependant se poser la question du maintien de ce « TAG » (Techniques d’avant-garde) venu bien plus tard, en 1985, dans son histoire. Il n’y aura malheureusement que 169 montres de ce modèle « 1989-1999 », qui sera facturé dans les 6 000 euros : dommage de n’avoir pas intégralement joué le coup de la date intégrale – les 1 969 montres se seraient vendues comme des petits pains…

GIRARD-PERREGAUX : Le bleu fumé d’une furtivité contemporaine…

L’horlogerie suisse ne serait-elle qu’une fabuleuse machine à recycler la nostalgie des belles montres de son âge d’or, qu’on peut situer dans les années 1940 à 1970 ? La question est légitime : dans le même esprit que la Monaco quinquagénaire (ci-dessus), Girard-Perregaux, autre maison de tradition, célèbre une de ses icônes baptisée 1966 pour ne rien laisser au hasard. Parangon de néo-classicisme par ses formes autant que par sa sobriété, la 1966 s’offre cette fois un léger coup de fièvre contemporaine avec son boîtier de 40 mm en acier reteinté de noir et microbillé pour la furtivité. Le cadran donne dans ce bleu « fumé » (dégradé et assombri à la périphérie) qui est devenu la couleur fétiche des créations de l’année (un style inventé par la maison H. Moser & Cie). Pour compléter ces incursions dans la modernité, on a parié sur un affichage des phases de la Lune cerclé d’un calendrier qui se permet une fantaisie : le 31 est rouge, ce qui lui évite une fâcheuse confusion avec le 1 du début du mois. Dommage que le disque tournant qui porte la Lune et les étoiles soit noir : on aurait aimé une nuance moins funèbre et plus créative pour l’astre de la nuit – surtout quand on baptise la montre… Blue Moon ! Avec son mouvement automatique, cette 1966 Blue Moon reste une des offres les plus intéressantes du moment pour ce qui est de la haute horlogerie accessible…

AKRIVIA : Le martelage d’un artisanat horloger renaissant…

En ne mémorisant que les deux montres ci-dessus et ce Chronomètre contemporain signé Rexhep Rexhepi (Akrivia), on aurait d’emblée une idée assez précise des tendances esthétiques de l’horlogerie à l’aube des années 2020 : des cadrans épurés, mais avec assez de « grain » pour accrocher le regard, une dominante dans les bleu-gris, une recherche formelle orientée vers la simplicité et l’efficacité dans la lecture de l’heure (aiguilles et index). Destiné à la vente charitable Only Watch de la fin de l’année, ce Chronomètre contemporain Akrivia a tout pour faire saliver les collectionneurs : un mouvement mécanique « manufacture » (entièrement réalisé à la main dans l’atelier de la marque) aux ondulations très esthétiques et aux finitions superlatives, une grande seconde qui scande avec majesté  le temps qui passe, un cadran très équilibré dans l’esprit légèrement Art déco des années 1930, avec un travail de ciselage (martelage) lui aussi réalisé à la main avant d’être émaillé, ce qui lui apporte une densité et une profondeur admirables. Il faut beaucoup de culture horlogère pour apprécier cette réalisation et on imagine que les amateurs se bousculeront autour de cette pièce unique qu’on peut considérer comme particulièrement marquante des ambitions d’une nouvelle génération de jeunes horlogers : ils ne rêvent plus de devenir maîtres du monde, mais de maîtriser leur matière première, le temps, en l’exprimant de façon toujours plus élégante et précise, avec des gestes et des techniques hérités de quatre siècles de tradition mécanique. Si l’horlogerie suisse peut résister au torrent des montres connectées qui menace de l’emporter, c’est bien avec ces montres chargées d’émotions et de saturées de passion pour ce qu’est le vrai luxe. Ensuite, le prix n’est plus qu’un paramètre secondaire : officiellement, ce Chronomètre contemporain est annoncé autour des 50 000 euros, mais on veut bien parier qu’on doublera, voire plus, cette estimation sous le feu des enchères…

MORITZ GROSSMANN : Une envie de substance et de pertinence…

On trouvera une preuve supplémentaire de toute cette nouvelle « modestie » horlogère dans la dernière création de la manufacture indépendante et saxonne Moritz Grossmann : cette 37 Arabic Black & White – 37 mm pour la taille, ce qui est menu, Arabic pour les chiffres arables, Black & White pour la sobriété chromatique – est l’excellent témoin d’une frugalité stylistique qui court bien au-delà de la Suisse horlogère. Après des années de délires conceptuels et de montres surmusclées façon Schwarzenegger, tout le monde a envie de calmer le jeu et de revenir à une horlogerie existentiellement plus substantielle et plus pertinente, moins obsessionnellement statutaire mais bien plus expressive et porteuse de sens, avec une grande attention portée aux détails de finitions et aux proportions entre les lignes et les volumes. Bref, une horlogerie plus respectueuse de ceux qui l’aiment et sans doute un peu moins soucieuse du « tout-à-l’égo » de ses managers. Qui s’en plaindra ?

BILL’S : La montre qui fait jouer tout le monde…

Heureusement, l’horlogerie suisse sait aussi s’offrir quelques frissons de fantaisie ! Il n’y a pas que le néo-classique pour donner des émotions, comme le démontre la jeune marque indépendante Bill’s, née de la passion horlogère de deux copains de Lausanne qui voulaient prouver que l’horlogerie suisse pouvait être aussi innovante qu’amusante. Le concept Bill’s est d’une simplicité admirable : des boîtiers simplissimes (trois aiguilles, pas plus), des mouvements tout aussi basiques (pas forcément suisses), des bracelets multicolores facilement interchangeables [dont certain en tissu et d’autres en version « slap » – auto-enroulement autour du poignet : démonstration dans la vidéo ci-dessous, qui ne concerne pas les montres Bill’s], des couleurs qui fusent comme dans un feu d’artifice de 14 juillet, des prix on ne peut plus câlins [il sera difficile de dépenser plus de 50 euros pour se faire plaisir] et une distribution on ne peut généreuse puisqu’il suffit quasiment de demander à devenir revendeur de Bill’s pour l’être, qu’on soit vendeur de montres, coiffeuse, marchande de mode ou simple étudiant (principe des ventes « Tupperware » ! Des « montres de vacances » idéales, qu’il n’est pas évident de conserver au poignet tellement tout le monde veut jouer avec – mais pas forcément comme dans la vidéo ci-dessous

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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