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Quand la chenille ondule dans le Grand Huit et quand une seule lettre suffit : c’est l’actualité juilletiste des montres
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Atlantic-Tac

Mais aussi une bannière tricolore qui en dit long, des arabesques baroques laquées d’or, un serpent paré des baguettes et un jardin à la française exilé place de la Concorde…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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HERMÈS : Une seule lettre pour nous faire rêver…

Ce qu’il y a de rassurant, avec les grandes maisons, c’est qu’on est très rarement déçu : depuis bientôt un quart de siècle (1996), la collection L’Heure H porte une certaine idée du style Hermès appliqué à l’horlogerie. C’est une montre, mais aussi bien plus qu’une montre, avec un clin d’œil impertinent dans la forme en H du boîtier, ce travail graphique se poursuivant dans la stylisation du cadran laqué de blanc avec des chiffres très épurés. Une seule lettre – le H, quoi d’autre ? – pour encager le temps qui s’écoule : la montre L’Heure H est en plus une montre très… conceptuelle ! Histoire de pousser un peu plus loin la saturation des codes Hermès dans cette collection, voici un bracelet à double tour (abricot, vermillon, noir ou étoupe : autant de couleurs très Hermès) décoré de microperforations qui pourraient être tout aussi bien évoquer le H fétiche de la marque, avec une subtilité dans la finesse de cette maroquinerie – la couleur qu’on devine à l’intérieur de ce bracelet en cuir. 

ARTYA : Des arabesques de haute mémoire…

La mode du minimalisme vintage finissant par aseptiser l’offre de nouvelles montres et par lasser les amateurs, quelques francs-tireurs en viennent à réhabiliter un style plus ornemental et plus travaillé, avec des décorations « fleuries » qui flirtent avec un style baroque post-renaissant – celui des dernières armures de parade, devenues purement ostentatoires à l’âge des armes à feu capables de les transpercer (c’est aussi le style des derniers fusils de grande chasse, à une époque qui jette l’opprobre sur ceux qui osent tuer des animaux). Le remuant Yvan Arpa (Artya, c’est l’acronyme de « Art Yvan Arpa »), un des créateurs horlogers les plus déjantés de la scène suisse, a retenu ce style pour ses montres, exécutées selon les canons de l’armurerie traditionnelle, sauf qu’il s’agit de boîtiers en titane (un des métaux les plus durs qui soient à graver). Pour souligner la beauté de ces arabesques, on a laqué le fond d’une couleur qui mêle les tons chauds de l’or et ceux du cuivre. Les volutes du motif enserrent de leur ronde cet étonnant boîtier rectangulaire, au cœur duquel danse un « tourbillon » volant de haute mécanique. Tout ceci créer un « Tourbillon royal Arabesques », pièce forcément unique, dont chaque propriétaire pourra choisir le décor et l’inspiration artistique. On est ici au cœur d’une nouvelle horlogerie artisanale, qui nous rappelle que les premiers grands orologeurs de la fin du Moyen-Âge étaient issus de la corporation des premiers fabricants d’arquebuses. Ce n’est évidemment pas un hasard si Yvan Arpa, bad boy intégral de la montre, est aussi un grand passionné d’armes à feu en même temps qu’un adepte des arts martiaux, qui a pu accrocher cinq dans (grades) à sa ceinture noire…

GENUS : Une chenille dans le Grand Huit…

Dans la série « Les petits Suisses ont du génie », voici une proposition comme on n’en voyait plus depuis un certain temps : une mécanique avant-gardiste, purement vouée à l’exaltation de sa dynamique interne, ultra-conceptuelle dans sa triple séparation du temps qui passe. Signée par la nouvelle marque indépendante Genus, que personne ne connaît mais dont tout le monde parle, cette GNS 1 vise à exprimer autrement la course du temps, sans la moindre aiguille – comme sans le moindre complexe démonstratif. Sur le cadran, on lit la bonne heure grâce à l’index fixe situé à neuf heures, devant lequel défile un anneau rotatif qui porte le chiffre de l’heure en cours. Au centre de ce qui n’est plus un cadran, une sorte de « train » ou de « chenille » mécanique déroule sa course dans un grand 8 : tout au long de ce cheminement octoformé, le « wagon » de tête (repéré par un index blanc) indique la dizaine de minutes. Pour connaître la minute exacte, on se reporte à l’index fixe posé à trois heures du cadran. Pour savoir l’heure, il faut donc balayer le « cadran » de gauche à droite en additionnant les trois chiffres révélés par les index : serait-ce une montre anti-Alzheimer ? On vous épargne les subtilités mécaniques du mouvement, entièrement taillé dans l’or et spécialement développé par l’horloger Sébastien Billières pour servir son ambition de mesurer autrement les rythmes du temps. Conceptuel, peut-être, et donc pas vraiment accessible, exactement comme l’art contemporain ! S ’ils ont du génie, ces « petits Suisses » ont aussi le sens des affaires : ce manège enchanté, qui est une première mondiale par son style et sa symphonie mécanique, sera proposé aux collectionneurs aux alentours des 300 000 euros. Là, on rigole moins…

MARCH LA.B : Un jardin à la française au poignet…

À quelques détails géométriques près, ce boîtier octogonal pourrait rendre hommage à la place Vendôme, mais la montre constitue plutôt une invitation à se rendre place de la Concorde, toujours à Paris, dans le Cabinet de curiosités mis en place par le créateur Thomas Erber à l’Hôtel de Crillon. La jeune marque française March LA.B quitte donc la diagonale Los Angeles-Biarritz de ses initiales pour un bastion plus bourgeois à l’orée des « beaux quartiers » de Paris, où la marque avait déjà commencé à se créer un territoire entre sa boutique très « tendance » du Marais et son échoppe du non moins « tendance » Palais-Royal. Cette montre Mansart « Hôtel de Crillon » est une sorte de jardin à la française décliné en style horloger, avec une vraie recherche dans la symétrie et l’harmonie des formes, avec une vraie justesse de ton entre le guillochage doré et la laque verte de la « pelouse » centrale. Modeste par sa taille (34 mm), ce boîtier cache un mouvement automatique. Il n’y en aura que dix exemplaires, vendus en exclusivité dans le Cabinet de curiosités pour un peu moins de 1 500 euros.

SAINT HONORÉ : Un bleu-blanc-rouge qui avoue son identité…

La maison française Saint Honoré relance sa collection Hausman, créée en 2007 pour rendre hommage à l’architecte qui a refaçonné Paris sous le Second Empire. Même style sportif, mais codes renforcés pour ce chronographe, avec son cadran en fibre de carbone « musclé » par des éléments bleus et une bannière tricolore qui dit bien le « Made in France » qu’elle veut dire. Belle exécution du boîtier (42,5 mm) et du bracelet en acier traité façon titane noirci, le mouvement électronique du chronographe permettant à cette Hausman de rester autour des 750 euros : lancée vers sa cent-quarantième année, la maison Saint Honoré porte haut les couleurs de la France horlogère… 

BVLGARI : Un serpent aux précieuses écailles…

Cette Serpenti Misteriosi Romani est la montre la plus coûteuse jamais réalisée par la maison Bvlgari, qui vole actuellement de succès en succès et qui aurait tendance à s’imposer comme leader mondial de la haute joaillerie. Il est vrai qu’on n’a pas lésiné sur les pierres : saphir de dix carats pour couronner la tête du serpent, saphirs « poire » pour les yeux et un total de 35 carats de saphirs (on en compte 674 en tout !), en plus de 60 carats de diamants, pour le corps et les écailles de l’ophidien emblématique du joaillier romain. Ce bracelet-manchette – rappelons tout de même qu'il donne l'heure (dans la gueule du serpent) – est serti d’écailles en diamants baguette qui complètent l’illusion naturaliste d’un serpent lové autour du poignet. Ah oui, au fait, le prix ? Comptez deux millions d’euros pour cette pièce unique, dont la réalisation a mobilisé les ateliers Bvlgari pendant des centaines d’heures. On attend avec impatience de savoir quel poignet féminin aura le privilège de se ceindre d’un tel chef-d’œuvre de haute joaillerie…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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