Pourquoi l’Océan Atlantique est en train de s’essouffler<!-- --> | Atlantico.fr
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©DON EMMERT / AFP

Atlantico Green

Le projet iAtlantic est un programme de recherche international regroupant des scientifiques, beaucoup venu d'Ecosse. Ce projet a pour but d'évaluer les effets du changement climatique sur les plantes et les animaux marins dans l'Océan Atlantique.

Nicolas Imbert

Nicolas Imbert

Nicolas Inbert est directeur exécutif de Green Cross France et Territoires.

Co-auteur de l'ouvrage "OCEAN: des clés pour agir " www.desclespouragir.com 

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Atlantico.fr : Quelle est l'ampleur de ces recherches ? Qu'est-ce que cela représente pour la science marine ?

Nicolas Imbert : On constate depuis quelques années, et ceci devient évident depuis à peu près un an, une forte accélération des effets du dérèglement climatique, en particulier sur les écosystèmes marins. C’est d’ailleurs pour ceci que suite à la 21ème conférence sur le climat à Paris (CoP 21), les dirigeants de la planète ont commandé au GIEC un rapport spécial sur l’océan, à sortir fin 2019. Au-delà de ceci, la fonte de l’Arctique s’accélère tellement rapidement que l’on constate sur le Groenland dès maintenant une évolution que l’on s’attendait à observer en 2025-2030, et les effets du dérèglement climatique sont en particulier aggravés par la pollution plastique et l’impact des pollutions chimiques et perturbateurs endocriniens sur les organismes marins. Dans ce contexte, le travail coordonné par l’Université d’Édimbourg vise à éclairer plus encore les dirigeants pour prendre les bonnes mesures prioritaires afin d’atténuer nos vulnérabilités face aux effets du dérèglement climatique dans l’Atlantique Nord, et de devenir plus résilients sur les territoires.

L'Atlantique, comme beaucoup de bassins océaniques dans le monde, est en train de se désoxygéner, c'est-à-dire de perdre l'oxygène indispensable à la vie. Le changement climatique en est pour quelque chose : 90% du réchauffement climatique mondial a été absorbé par les océans. Est-ce un facteur extrêmement alarmant ? Quels peuvent-être les effets directs ?

C’est un phénomène alarmant, tant sur la régulation climatique, que sur la biodiversité, que sur notre capacité à vivre en harmonie avec l’océan, en particulier quant à notre alimentation (pêche, aquaculture), mais aussi sur la résilience côtière. Souvenons-nous que la région Nouvelle-Aquitaine a publié un rapport – Acclimaterra – extrêmement structuré sur les effets concrets du dérèglement climatique sur le territoire (chacun peut le lire à cette adresse), que le Médoc entame un « repli stratégique » vers l’intérieur des terres, et que tout le littoral atlantique français est affecté, comme la Méditerranée et les outremers, et ce depuis Biarritz (où le G7 évoquera l’urgence d’agir, du 24 au 26 août 2019), jusqu’à Dunkerque (où le Learning Center de la Ville Durable contribue à un forum permanent sur le sujet de la résilience littorale).
Mais face à cette urgence, c’est maintenant qu’il faut agir très concrètement, en changeant d’échelle. Comme le rappelle Greta Thumberg « nos arrière grand parents ont fait la guerre, nos grand parents ont reconstruit l’Europe, nos parents se sont regardé le nombril, maintenant nous devons réparer la planète pour y vivre ». Et ce n’est pas trop tard, en particulier sur la façade Atlantique.

Va-t-on trouver de nouveaux éléments capables de faire avancer les recherches selon vous ?

Il ne s’agit pas d’avoir pour objectif de faire avancer la recherche, et ce n’est d’ailleurs pas l’objectif du projet Atlantic, mais bien d’aller beaucoup plus vite, de changer d’échelle et de mode d’action, pour préserver l’atlantique afin d’avoir une chance d’une humanité préservée, et nous n’avons que 2 à 5 ans devant nous pour que cette action devienne concrète, massive, effective. La réunion voulue par le Secrétaire Général Antonio Guterres le 23 septembre, qui convoque les dirigeants de la planète pour avancer beaucoup plus vite dans la lutte contre le dérèglement climatique, en est la parfaite illustration.
Concernant Green Cross, nous avons de nombreuses initiatives mobilisées en ce sens :
• Nous allons publier, en amont du G7, 7 proposition pour préserver un arctique en danger, qui feront écho aux magnifiques contenus mis en avant par le Prix Carmignac du Photojournalisme : – ces propositions, qui peuvent être mis en œuvre en moins de 18 mois mondialement, parleront notamment de lutte contre la pêche prédatrice dans les zones laissées libres par la fonte des glaces, de lutte contre les plastiques, micro-polluants et perturbateurs endocriniens particulièrement impactants aux pôles, et de développer les aires marines protégées en zone Arctique.
• La qualité de l’air est également devenue un sujet essentiel sur tout le pourtour Atlantique, et en accord avec les grands acteurs du maritime, nous demanderons prochainement une extension des zones ECA (zones à émission contrôlés) qui permettront au transport maritime d’être plus écologique et économiquement plus performant, en remplaçant des navires ou moteurs particulièrement polluants au fuel lourd par d’autres beaucoup moins émissifs et plus performants, aujourd’hui au gaz, demain peut-être à l’hydrogène ou à l’électricité. Nous demanderons également la généralisation du branchement à quai des navires,
• La vulnérabilité des façades, en particulier des littoraux touristique, oblige à faire un travail essentiel aux côtés des collectivités locales, mais aussi d’innovateurs, d’associations, de chercheurs, pour partager les SECRETS © Solutions Ecologiques Concrètes Réplicables Efficaces de Transition Soutenables, ce que nous faisons très régulièrement sur le territoire avec des retours d’expériences internationaux et une méthodologie éprouvée,
• Enfin, le programme OceanImpact&Me que nous avons lancé le 8 juin à Marseille, un an avant le congrès mondial de l’Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN), mobilise chacune et chacun d’entre nous pour respecter et préserver l’océan, notamment en faisant évoluer notre manière d’être et notre consommation, d’une manière concrète, efficace, et enthousiasmante. Ce qui commence par exemple par le refus des plastiques à usage unique (pensez-y avant d’accepter une paille en plastique), et des choix responsables de consommation de produits de la mer.

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