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La fonte des glaces au Groenland a été multipliée par 6 depuis les années 1980
©DAVID MCNEW / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Atlantico Green

Une étude parue dans les Comptes-rendus de l'Académie Américaine des Sciences, menée notamment par des glaciologues français, montre que les glaciers du Groenland fondent aujourd'hui six fois plus vite que dans les années 1980.

Gaël Durand

Gaël Durand

Gaël Durand est chargé de recherche au CNRS. Spécialiste du thème de la dynamique des glaciers côtiers de l'Antarctique et du Groenland, il est directeur adjoint du Laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l'Environnement. Il est aussi co-auteur d’articles ayant démontré l’instabilité du glacier de Pine Island (Favier 2014), de projections de la crontribtuion de l’antarctique au niveau des mers (Ritz 2015) et de la vulnerabilités des ice shelves en Antarctique (Furst 2016).

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Atlantico : Une étude parue dans les Comptes-rendus de l'Académie Américaine des Sciences, menée notamment par des glaociologues français, montre que les glaciers du Groenland fondent aujourd'hui six fois plus vite que dans les années 1980. Quels sont les résultats exacts de cette étude ? Quelle est la méthodologie choisie par les chercheurs ?

Gaël Durand : La méthode choisie consiste en la mesure de l’évolution des vitesses de surface entre 1972 et 2018, qui permet d’évaluer le flux de glace qui quitte la calotte. Ils ont également modélisé numériquement la quantité de neige tombée sur la calotte durant la même période. Les chercheurs estiment ici l’évolution du bilan de masse du Groenland. Celui-ci était globalement à l’équilibre dans les années 1980, autrement dit la calotte gagnait autant de neige sur sa surface qu’elle en perdait à sa périphérie.

C’est étude la plus  récente et la plus détaillée sur le sujet qui s'est intéressé à une centaine de glaciers individuellement.

Les résultats principaux à retenir sont d'une part la confirmation de l’augmentation de la perte de masse, multipliée par 6 depuis les années 80, d'autre part les variations dans l’amplitude de cette perte de masse, ce qui encourage à avoir des séries de mesures de plus en plus longues pour mieux comprendre ces variations inter annuelles du bilan de masse.

On sait que dans l'Arctique ou l'Antarctique, les températures de surface ne dépassent jamais les 0°C. En est-il de même au Groenland ? En quoi les deux phénomènes de fonte sont-ils différents ?

La perte de masse d’une calotte peut se faire de deux façons. Tout d'abord la surface fond, l’eau forme des rivières puis s’écoule sur la surface de glace jusqu’à la mer. C’est commun au Groenland mais marginal en Antarctique.

Mais la glace peut aussi s’écouler sous son propre poids et, en contact avec la mer, fond ou forme des icebergs. Si les glaciers accélèrent cette perte de masse s’accentue. Un tiers de la perte de masse du Groenland est du à ce processus, les deux-tiers restants par fonte. En Antarctique, cela représente l'ensemble de la perte de masse.

On sait que le GIEC annonce un réchauffement climatique de l'ordre de 1,5°C en moyenne. A quoi peut-on s'attendre en termes de fonte des glaciers du Groenland au XXIème siècle ? Qu'est-ce que cela signifierait en termes de montée du niveau des eaux ?

Limiter à 1.5°C en moyenne la hausse des températures, c’est hélas une projection extrêmement ambitieuse, pour ne pas dire peu réaliste.

Les projections évoquent jusque 4,5/5 °C la hausse des températures. Dans ce cas, nous assisterons à la poursuite de la fonte et de la perte de masse du Groenland. En prenant l'hypothèse des pires scénarios (une hausse de 4,5°C), la fonte du Groenland participerait à élever jusqu'à 20 cm le niveau des mers d’ici 2100. C’est considérable.

Le Groenland ne peut vraisemblablement pas se maintenir dans un climat connaissant une augmentation de 2°C en moyenne globale par rapport à la période pré-industrielle. S’il ne neige plus sur la calotte, irrémédiablement elle fond…

A long terme – on parle là de millénaires – nous pourrions assister à une augmentation potentielle du niveau des mers de 7 mètres. 

Et ce ne serait que la contribution du Groenland !

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