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Quand Steve nous impose son bleu métallique et quand Jean-Paul voit la vie en rose : c’est l’actualité des montres à deux semaines de Baselworld
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Atlantic-Tac

Mais aussi une héroïne graphique et lapidaire des temps modernes, des rafales de diamants dans un écran de cristal, une "raquette" en silicium qui affole les Martiens et des secondes circulaires…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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ULYSSE NARDIN : Des lames de silicium qui font trembler les heures…

Vous ne le savez sans doute pas, mais une mini-révolution vient de se produire dans l’horlogerie mécanique : la manufacture Ulysse Nardin a mis au point un « oscillateur » qui tremble sans trembler de ne plus vraiment faire tic-tac tellement il est rapide. Explication technique rapide : les montres mécaniques utilisent généralement un « balancier » (une sorte d’anneau plus ou moins circulaire) dont les oscillations déterminent la précision de la montre. À peu de choses près, « tic » dans un sens, « tac » dans l’autre – c’est ce qu’on appelle une oscillation. La révolution est ici enclenchée à plusieurs niveaux. D’abord, la vitesse de cette oscillation est poussée à 12 Hz (douze hertz), trois fois plus vite qu’une montre classique, ce qui fait battre le « cœur » de la montre à 86 400 alternances par heure : vingt-quatre alternances par seconde, ce n’est plus un « cœur », c’est une mitrailleuse cardiaque. Seconde révolution : le matériau. Ce « cœur » frissonnant est constitué de microlames de silicium, dont la flexibilité garantit un battement à la fois régulier et surtout peu gourmand en énergie, puisque cet oscillateur « tremblant » – dont les trémulations novatrices rompent avec les calmes traditions du balancier-spiral hérité du XVIIe siècle – maintient la précision de sa marche pendant 70 heures (30 % de plus que les mouvements ordinaires), le tout avec beaucoup moins de frottements et sans huilage nécessaire. Dernière révolution notable : cet oscillateur en silicium anime un mouvement « baguette » (rouages développés sur une seule ligne) d’un minimalisme surprenant, l’axe de cette « baguette » constituant le bras qui affiche les minutes. Ultime détail sur l’architecture de cette « raquette » volante : elle est composée de 32 microlames de silicium [16 micromètres de large, soit seize millièmes de millimètre !], assemblées à la main en quatre couches parallèles. Authentique « laboratoire de poignet », cette Freak NeXt, dont le X indique clairement la vocation eXploratoire et la volonté d’eXcitation, cache bien d’autres révolutions dans la révolution, mais on va s’arrêter là. C’est assez magistral, riche de nouvelles perspectives horlogères et très avant-gardiste : la lente ronde de ce disque ultra-frémissant autour du cadran est spectaculaire – pourquoi ne pas dire eXtraordinaire ? On est ici aux confins de l’horlogerie mécanique classique, avec un pied déjà posé sur le futur : les équipes scientifiques qui travaillent sur les robots à l’œuvre à la surface de la planète Mars se sont passionnées pour les lames en silicium de cet oscillateur « tremblant », plus précis que leurs propres instruments de mesure et nettement moins vorace en énergie…

KLOKERS : Une transversalité transformiste…

Une des marques les plus sympathiques de la nouvelle génération des horlogers français reste Klokers, jeune maison indépendante qui a choisi le Swiss Made pour la qualité de ses montres, mais qui sait imposer son indéniable « touche française » dans le style de ses montres. La lecture de l’heure est inspirée par les anciennes règles à calcul circulaires – les « calculateurs » de poche d’avant l’ère des calculettes électroniques : trois disques (heures, minutes et secondes) défilent derrière un repère fixe (ci-dessous : il est 10 heures 20 minutes et 30 secondes). C’est l’animation haletante du disque des secondes qui donne du rythme à la montre. Le cadran « ardoise » réveillera peut-être des nostalgies écolières, mais il contraste harmonieusement avec le blanc des chiffres et le rouge des repères. Le poussoir à gauche sert à déloger le boîtier (45 mm) de son bracelet pour l’insérer dans différents accessoires : à une lecture alternative de l’heure correspond un usage alternatif de la montre, qu’on pose ou qu’on suspend comme les anciennes montres de poche. Design français pour l’élégance et mouvement électronique suisse pour la précision, avec une touche générationnelle pour vivre la montre autrement, mais toujours au gré de ses envies : Klokers est décidément une marque… transversale !

HUBLOT : Une fusion picturale au service du temps…

Le peintre Marco Fererro a imposé sa vision de l’art contemporain en nous racontant des histoires – d’où le nom de son « école » créative : Storytelling Art. Les personnages de ses tableaux sont des témoins de notre temps, dont ils cristallisent graphiquement et narrativement les multiples sensibilités esthétiques et sociétales. Ceci pour expliquer que la rencontre avec une marque horlogère comme Hublot – elle aussi très en phase avec les tendances de son époque – était inévitable : une collection de Big Bang est née de cette fusion artistico-mécanique et le résultat est plutôt amusant, avec la mise en scène sur le cadran d’une « héroïne » des temps modernes, qui se joue avec espièglerie des formes (boîtier de 39 mm) et des pierres (spinelles et topazes selon les versions). C’est du pop art joaillier ou de l’horlogerie picturale, au choix – c’est en tout cas une confirmation de la vocation de plus en plus évidente de la montre à se trouver une nouvelle légitimité comme « œuvre d’art » à porter au poignet…

JEAN-PAUL GAULTIER : Disons-le avec des fleurs…

Le cadran est comme craquelé : c’est plus tendance ! Le bouquet de roses donne dans un kitsch encore plus furieusement tendance. Tout aussi tendance : le bracelet en cuir rouge franc et massif. Avec la maille milanaise du second bracelet fourni avec la montre, on nage dans un bonheur que ne gâtera pas l’évocation du prix : 129 euros. Un reflet d’or pour la touche précieuse. Le nirvana, c’et la signature finale, qui explique la bonne humeur très mode de cette montre : Jean-Paul Gaultier. Inutile d’en dire plus : les filles ont déjà tout compris…

RICHARD MILLE : Douze rafales de diamants dans une cible de cristal bleu…

Le plus célèbre et le plus jeune des « grands » horlogers de cette planète est Français, comme chacun le sait : la marque fondée par Richard Mille n’a pas vingt ans, mais elle tutoie déjà les ténors de l’horlogerie suisse sans jamais cesser de nous épater par ses outrecuidances créatives. Avec sa RM 07-02, il se permet de sertir le verre saphir qu’il a aussi l’audace de colorer en bleu : l’or n’est plus le seul « métal » précieux digne d’être serti de diamants [l’exploit technique est également de réussir à sertir solidement des diamants dans du verre !]. Douze lignes de ces diamants viennent ici se nimber d’un éclat bleu pour souligner par leur galbe l’architecture de la montre, dont le cadran en cadre plane comme un ciel onirique au-dessus des engrenages mécaniques de la montre. Du grand Richard Mille, technique, futuriste et précieux…

TAG HEUER : Un demi-siècle plus tard…

En 1969, le grand défi que s’étaient lancé les horlogers suisses était la mise au point d’un chronographe à mouvement automatique, alors que leurs concurrents japonais étaient également pressés d’y arriver. Emmenées par la manufacture Dubuis Dépraz et coiffant les Japonais sur le fil, les premières maisons suisses à présenter un « chrono automatique » capable d’être produit à une échelle industrielle ont été, en mars 1969, une association de marques comme Heuer, Hamilton-Buren et Breitling. TAG Heuer, qui a repris l’héritage d’Heuer, profite cette année du Salon de l’Auto de Genève pour fêter ce cinquantième anniversaire. À l’époque, ce nouveau « Calibre 11 » avait logé dans un montre devenue légendaire : la Monaco, portée à l’écran par Steve McQueen dans le film Le Mans (1971) – voir l’image en haut de la page. C’était à la fois le premier chronographe automatique de forme « coussin » (un carré un peu cambré) : une forme inédite à l’époque pour une montre sportive, parce qu’on ne maîtrisait pas comme aujourd’hui les questions d’étanchéité, et sans doute la montre qui a le mieux symbolisé les « années design » de l’horlogerie suisse, avec ce boîtier inhabituel, son cadran bleu métallique, ses aiguilles rouges et sa couronne de remontage située sur le flanc gauche de la montre (ci-dessous). Le nom de baptême de ce chronographe avant-gardiste – Monaco – était un hommage à la plus belle « principauté automobile » du monde : toutes les montres Heuer des années 1960 et 1970 portaient des noms de circuits de course automobile. La Monaco est toujours en production : pour cet anniversaire marquant, une exposition itinérante lui est consacrée, ainsi que plusieurs nouveaux modèles…

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• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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