Quand les friandises mécaniques se paient très cher et quand les sirènes dégustent d’autres bonbons : c’est l’actualité des montres à la fin de la Wonder Week<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Consommation
Quand les friandises mécaniques se paient très cher et quand les sirènes dégustent d’autres bonbons : c’est l’actualité des montres à la fin de la Wonder Week
©

Atlantic-Tac

Mais aussi, en direct des salons horlogers de Genève, une nouvelle horlogerie hélio-mécanique qui fait des bulles, une méduse qui pulse du côté de Murano, dans la lagune de Venise, et un cœur de carbone qui fait battre le cœur des amateurs de précision horlogère…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

Voir la bio »

MB&F : La méduse qu’on suspend au plafond…

Chaque époque a ses horloges de référence. Les familles françaises du XIXe siècle adoraient les « comtoises » qui sonnaient dans la nuit. Les bourgeois du XXe siècle avaient le modernisme de leurs pendules Atmos. Les bobos, les hipsters et les milléniaux du XXe siècle ont désormais leurs horloges mécaniques signées MB&F, laboratoire créatif qui les développe avec la manufacture L’Épée 1839. Dernière-née de ces « machines » : Medusa, une pendule de table qu’on peut suspendre pour mieux l’admirer et qui abrite son « cœur » mécanique sous un dôme de verre coloré soufflé à la bouche dans l’atelier d’un « souffleur de verre » de Murano, dans la lagune de Venise (vidéo ci-dessous). C’est au designer suisse Fabrice Gonet qu’on doit ce chef-d’œuvre d’art horloger contemporain. Axé autour d’un « pilier » de rouages et d’engrenages, ce « cœur » mécanique relève de la plus ingénieuse et de la plus soignée des hautes horlogeries suisses : il s’agit d’un mouvement mécanique imaginé pour cette série de trois fois cinquante montres (trois couleurs de dômes et de pendeloques sont disponibles : bleu, rose et vert). Ce mouvement se remonte d’une main par le « fond » – l’autre main servant à tenir le corps de la pendule. L’affichage des heures et des minutes se fait grâce à deux disques à lecture frontale. Dans son dôme, cette « méduse » luit dans la pénombre et semble flotter dans l’espace : c’est aussi spectaculaire qu’horlogèrement raffiné, le tout sans être excessivement coûteux (24 000 euros) pour un travail de cette originalité et de cette qualité artisanale…

RICHARD MILLE : À l’heure de la guimauve et de la réglisse…

Richard Mille, le Français le plus créatif de l’horlogerie suisse, ne manque pas de culot : il débarque pour ce début d’année avec une épatante collection « Bonbons », rebelle et radicale dans son esprit (les bien-pensants de l’orthodoxie sanitaire détestent le sucre), régressive à souhait sur le plan symbolique (ces friandises sont le paradis perdu de nos enfances), mais très progressiste dans son exploitation avant-gardiste des techniques et des métiers d’art de la montre. Ces « bonbons » horlogers (dix modèles, en six styles différents et avec soixante couleurs) déclinent en mode saccharo-mécanique toutes les gourmandises contemporaines, dont elles reproduisent les textures et les tentations, qu’on parle de confiserie (guimauve, réglisse et berlingots au programme), de fruits (citron, orange, kiwi) et de délicieuses sucettes qui mettent l’eau à la bouche. C’est très osé dans l’univers de la haute horlogerie et parfaitement disruptif : ces montres pour grands enfants capricieux sont tout de même annoncées à plus de 120 000 euros, mais les montres de poignet ne sont-elles pas, à l’âge des horloges atomiques, de purs caprices qui servent souvent de doudous et d’objets transactionnels capables de calmer nos angoisses existentielles ?

RESSENCE : Une hélio-mécanique des plus convaincantes…

Ce n’est pas rien, la nouvelle horlogerie belge ! La jeune marque indépendante belge Ressence vient peut-être d’imaginer la réponse mécanique la plus crédible et la plus traditionnelle au défi lancé par les smartwatches californiennes. Si elle est de facture mécanique on ne peut plus traditionnelle, quoique son esthétique soit résolument futuriste, ce concept est révolutionnaire : c’est la première montre entièrement mécanique dont la couronne (réglage et remontage) est « intelligente » – sans recours à un quelconque smartphone si l’utilisateur préfère s’en passer. En tapotant selon un code élémentaire sur le verre du cadran-bulle qui coiffe cette montre d’une exceptionnelle lisibilité, on déclenche des fonctions qui permettent de régler un second fuseau horaire, de mettre la montre à l’heure ou d’en remonter le mouvement. L’énergie nécessaire à ces fonctions « intelligentes » est fournie est fournie par l’énergie photovoltaïque solaire ou lumineuse que captent des cellules dissimulées dans le cadran : la montre est donc autonome. On utilise donc le meilleur de l’électronique (la montre peut cependant se relier par Bluetooth à un smartphone) pour une performance hélio-mécanique à peu près absolue : c’est la première fois qu’une montre mécanique traditionnelle parvient à opposer des arguments convaincants à la domination – sinon à la dictature – de l’Apple Watch…

ULYSSE NARDIN : Une sensualité à fleur de cadran…

Si la tradition des montres « érotiques » est une discipline horlogère qui peut revendiquer quatre siècles de tradition, il faut admettre que les créations contemporaines dans ce domaine – avec ou sans figurines animées – sont rarement de bon goût. Ma manufacture Ulysse Nardin, qui a beaucoup donné dans ce domaine, y revient en choisissant cette fois de faire confiance à un des artistes contemporains les plus réputés dans ce domaine, l’Italien Milo Manara, spécialiste de la bande dessinée, qui a imaginé en dix illustrations la rencontre et les amours d’une femme et d’une sirène, toutes les deux d’une beauté envoûtante. Soit dix cadrans uniques, magistralement exécutés en peinture miniature qui ne perdent rien de la sensualité originelle des dessins de Manara : chaque cadran sera répété dix fois pour des montres en or et dix fois pour des montres en acier de la collection Classico d’Ulysse Nardin (40 mm), qui seront toutes accompagnées d’une reproduction originale numérotée du dessin qui a inspiré le cadran – le tout avec le paraphe de Manara. Tout sauf vulgaires, les créations de Manara ne perdent de leur charge érotique en basculant sur le cadran d’une montre : on peut se réjouir de voir enfin la haute horlogerie rendre hommage à la bande dessinée…

TAG HEUER : Un « cœur battant » en nanotubes de carbone…

2019 restera peut-être dans l’histoire de l’horlogerie comme celle de l’apparition du Nanograph de TAG Heuer, première montre jamais d’un « spiral » en carbone. Le « spiral », c’est ce ressort très fin qui permet au balancier d’une montre d’aller et de venir autour de son axe – en faisant « tic-tac » – pour cadencer le décompte des heures et des minutes. C’est le « cœur battant » d’une montre et il était jusqu’ici réalisé dans des alliages métalliques mis au point dans les années 1930. TAG Heuer innove en adoptant dans son chronographe tourbillon Nanograph un spiral en « carbone » [structure en graphène, à base de nanotubes de carbone, et enrobage de carbone], matériau souple et déformable qui a l’avantage d’être à la fois très résistant aux chocs et très léger, indifférent au magnétisme comme à la température, relativement facile à réaliser sur une échelle industrielle, facile à monter sur n’importe quel mouvement de montre mécanique et immédiatement utilisable au meilleur niveau de précision possible, puisque les montres qui en disposent répondent sans réglage superflu aux normes réglementairement certifiées des chronomètres suisses. En soi, la mise au point de ce spiral en carbone est une révolution horlogère, qui donne au coup de vieux au bon vieux principe du spiral métallique défini par Huygens à la fin du XVIIe siècle. Pour l’instant, seule la maison TAG Heuer disposera de ce spiral en carbone, mais on peut imaginer qu’il équipera bientôt d’autres marques du groupe LVMH, puis une partie de l’offre mécanique suisse qui a tout à gagner à l’adopter. 

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !