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Des éoliennes et des panneaux solaires pourraient reverdir le Sahara
©ALFREDO ESTRELLA / AFP

Atlantico Green

Dans une étude publiée ce jeudi 6 septembre 2018 dans la revue scientifique Science, des scientifiques estiment que l'installation en masse d'éoliennes, ainsi que de panneaux solaires sur 20% de la surface du désert, aurait un impact majeur sur les précipitations, la végétation et les températures.

Paul Neau

Paul Neau

Paul Neau est un professionnel des énergies renouvelables, fondateur notamment d'Abies (bureau d’études en énergies renouvelables et environnement).

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Atlantico : Comment des éoliennes et des panneaux augmentent-ils les précipitations ? Est-il vraiment possible de rendre le Sahara plus vert ? 

Paul Neau : Il s’agit là de gigantesques projets qui vont occasionner des modifications localisées et limitées du climat aux abords des installations, par brassage de l’air et par modification de l’albedo (le coefficient de réflexion de la lumière). Il en résulterait une augmentation légère mais suffisante de la pluviométrie locale qui engendrerait ensuite un développement de la végétation, début d’un cercle vertueux avec encore un peu plus de précipitations et de développement de la végétation. Les marges du Sahara, le Sahel en l’occurrence, seraient alors plus vertes.

Nous parlons ici de trois millions d'éoliennes, de panneaux solaires sur 20% de la surface du désert, soit neuf millions de kilomètres carré, tout cela pour une modification du climat à l'échelle locale. Les chercheurs précisent que la grande majorité du Sahara resterait extrêmement sèche. Une telle installation vous paraît-elle possible en pratique (financièrement parlant notamment) ? Le jeu en vaut-il la chandelle ? 

La vraie question, ici et ailleurs, est : « quel est le besoin qui motiverait un tel projet ? ». Si la motivation est de limiter l’expansion du désert, voire de le réduire, les solutions seront plutôt agronomiques et forestières et humaines (avec des alternatives à la consommation de bois de feu). Si la motivation est énergétique, quels sont alors les besoins locaux ou régionaux et il y a-t-il un intérêt à produire de grandes quantités d’énergie qu’il faudra ensuite transporter. Sur ce second point, on peut envisager des besoins de désalinisation de l’eau de mer ou de production d’hydrogène et de gaz renouvelable, utile pour pallier à la variabilité des énergies renouvelables, mais pas dans les proportions folles qui ont été modélisées.

Est-ce vraiment une piste à explorer selon vous et serait-ce réalisable à plus petite échelle ? 

Au contraire des énergies fossiles et fissiles, les énergies renouvelables, photovoltaïque et éolienne en particulier, sont des énergies locales à utiliser localement pour satisfaire des besoins locaux. Pourquoi chercher à centraliser leur production puisqu’il faudrait ensuite les distribuer pour servir les populations locales. Il faut préférer les circuits courts : mieux vaut 1 million de centrales de 1 000 kilowatts chacune, qu’une centrale de 1 million de mégawatts.

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