Quand l’ange brésilien s’habille de 23 fraises Tagada et quand le néo-dandysme se met à fumer : c’est l’actualité des montres sans convergence des luttes<!-- --> | Atlantico.fr
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Des petits boîtiers féminins dans le goûts des années cinquante avec des bracelets dans le style des années trente…
Des petits boîtiers féminins dans le goûts des années cinquante avec des bracelets dans le style des années trente…
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Mais aussi la montre jaune qui défie les préjugés bourgeois, les minutes traînantes qui attendent que les heures sautent, l’homme qui rêvait trop des tanks et le grand retour chez nos amies des montres de nos mamies…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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HYSEK : Les heures sautantes d’un tourbillon volant…

La marque Hysek est discrète : elle a gardé le nom de son créateur (le designer Jorg Hysek), qui a depuis longtemps pris du champ, elle ne se distille que dans un nombre très restreint de points de vente, elle pratique une horlogerie volontiers démonstrative, mais toujours non-conformiste, et elle ne recule devant aucune audace mécanique. Exemple avec ce « tourbillon central » : si le « tourbillon » est une spécialité mécanique suisse assez galvaudée (on fait tourner sur lui-même le dispositif de réglage de la montre pour égaliser les défauts de précision causés par la gravitation), seule une toute petite poignée de maisons horlogères osent placer ce « tourbillon » au centre de la montre. C’est donc lui qui fait pulser le cœur du mouvement mécanique, l’affichage des heures et des minutes devenant ici annexe (lecture par disques numériques dont les chiffres sont minutieusement découpés). Comble de raffinement : si les minutes sont « traînantes », les heures de ce tourbillon « volant » sont « sautantes » (en plus sur 24 heures). Le « squelettage » du mouvement ne révèle ses subtilités que sous une originale métallisation circulaire du cadran. Dans son boîtier en or rose de 45 mm de diamètre, ce « tourbillon central » ne ressemble à aucune autre montre suisse : c’était l’effet recherché. Il n’y aura que 88 montres dans cette série, mais les prix sont lourdement calculés (comptez dans les 140 000 euros pour accéder à ce club très fermé)…

DIESEL : La montre « culte » qui défie les préjugés bourgeois…

Il faut de tout pour enrichir la biodiversité du monde horloger. Très connue dans l’univers de la mode, la marque Diesel n’a jamais lésiné sur l’extraversion horlogère, qu’on parle de taille, de style ou de couleur. La nouvelle « Little Daddy » ne fait pas moins de 62 mm de diamètre, ce qui la rend assez repérable au poignet. Comme son architecture intérieure n’est pas non plus très banale, on remarque encore plus cette montre et celui qui la porte. Surtout avec cette magnifique touche de jaune soutaché de vert sur le cadran. Impossible de louper l’apparition de cette « Little Daddy », qui est – mine de rien – un best-seller contemporain (au-dessous des 200 euros, en cherchant bien) et qui sait rester très accessible alors qu’elle propose un nombre étonnant de fonctions horlogères (heures, minutes, secondes, double fuseau horaire, étanchéité à 30 m). On commence déjà à parler de cette « Little Daddy » comme d’une montre « culte » : comment, vous n’avez pas la vôtre ? C’est sans doute que vous êtes trop bien élevé et probablement victime des préjugés bourgeois de votre « bon goût »…

GIRARD-PERREGAUX : La fumée du néo-dandysme chic…

La tendance lourde du moment, pour les cadrans de haute horlogerie, c’est le « fumé » : un dégradé de couleur très chic, qui s’assombrit sur les bords du cadran et qui redonne de la personnalité aux teintes de l’année (le bleu, le vert, le gris, etc.). Avantage annexe : ce goût du « fumé » permet de varier l’esthétique d’un modèle en ne modifiant que la couleur de son cadran – dans le jargon horloger, c’est de l’« animation » ou du « complément de gamme ». On a donc fait « fumer » un grand classique des collections Girard-Perregaux, la montre « 1966 », parangon du néo-classicisme suisse, avec un boîtier relativement plat en acier de dimensions contenues (40 mm), un mouvement manufacture (le fameux et increvable GP-3300) et un prix relativement contenu lui aussi (moins de 8 000 euros). Le résultat est particulièrement élégant, à la limite du dandysme anti-ostentatoire. S’il fallait une belle montre pour commencer une belle collection, ce serait celle-là…

TOM FORD : L’éternel retour du style Tank…

Avec Tom Ford, on n’est jamais déçu ! Il n’aime qu’un type de montre, la Tank de Cartier, et il tente régulièrement de la recréer sous différentes signatures. Cette fois, c’est sous sa propre griffe qu’il présente la « Tom Ford 001 », nouvelle itération du style Tank, en un peu plus géométrique et en un peu plus sévère (le contraste noir-blanc, la police très rigide des caractères, le double chiffre des heures, la tension des aiguilles), avec la touche de fantaisie d’un bracelet qui se glisse comme une lanière dans les étriers sous le boîtier pour être plus facilement changé (on aura le choix entre une soixantaine d’options différentes pour ce bracelet). Bien entendu, ce n’est pas donné, Tom Ford ne pouvant faire que dans le luxe et dans le Swiss Made : 10 000 dollars pour le modèle en or, c’est beaucoup (surtout pour une montre à quartz avec une boucle en plaqué or !), mais on peut estimer plus raisonnable les 2 300 euros du modèle en acier. Reste à savoir si l’honorable Tom Ford, styliste largement quinquagénaire, a encore la capacité de séduire les nouvelles générations, qui ont la fâcheuse habitude de préférer l’original – tiens, comme par hasard, Cartier sa Tank ! – plutôt que la copie, aussi inspirée soit-elle…

SILA : La montre des nouvelles « caméléones »…

Les jeunes mamans des années 1950 (aujourd’hui jolies grands-mamans) auraient été très étonnées si on leur avait expliqué que leurs petites-filles de la fin des années 2010 porteraient les mêmes petites montres qu’elles, avec les mêmes bracelets-cordon aux couleurs interchangeables. La mode n’est qu’un éternel retour : au début des années 2000, les femmes avaient découvert le vertige des grosses Panerai – rien ne vaut une montre d’homme quand on veut affirmer son autorité au bureau ! Aujourd’hui, elles reviennent aux mini-montres ultra-féminines : le boîtier de cette montre-bijou Sila ne fait guère que 18 mm (compter 160 euros), mais on peut la choisir avec trois couleurs de boîtier, avec 24 couleurs différentes de cordons en coton (30 euros) ou avec trois couleurs de bracelets-chaînes en métal (60 euros). Soit un total de 75 combinaisons possibles. Plus besoin de courir pour rattraper le temps qui passe : c’est la montre idéale pour en profiter sans se prendre la tête, au gré de ses humeurs et de la couleur du jour. Très influencée par l’horlogerie vintage des années 1950-1960 [on songe ici aux Rolex Chameleon, qui étaient proposées dans le même esprit avec six bracelets différents], la marque Sila a été inventée et développée par deux femmes, Alexandra et Karine. Manifestement, elles savent parler aux femmes…

MOUAWAD : Deux millions de dollars pour deux bonnets C…

Histoire de rêver un peu (mais sans croire au Père Noël à la veille de la Fête des Mères), voici ce qui doit bien être le soutien-gorge le plus cher du monde : il faudra poser sur la table deux bons millions de dollars pour s’en parer, mais on disposera en prime d’une sorte de ceinture assortie (pour celles qui auraient l’élastique du string un peu détendu). On comprend tout de suite que ce soutien-gorge Champagne Nights Fantasy Bra est une pièce de haute joaillerie fortement armaturée – d’où le « collier » qui maintient les bretelles, histoire de faire plonger une jolie topaze bleue de belle taille dans l’axe du décolleté. Sur une structure d’or jaune délicatement ciselée, la maison joaillière Mouawad n’a pas semé moins de 6 000 diamants blancs (75 carats), saphirs jaunes et autres topazes bleues, pour un poids total de 640 carats. Ce qui ne fait jamais que 128 g de pierres précieuses (sans le poids de l’or), soit le poids très précis de 23 fraises Tagada ou de 14 rouleaux de réglisse Rotella. Ajoutons qu’il a fallu 350 heures de travail à des joailliers hautement spécialisés pour réaliser ce chef-d’œuvre conçu pour la maison de lingerie Victoria’s Secret. La taille des bonnets est le C. On n’est pas obligé de regarder droit dans les yeux Lais Ribeiro (ci-dessous), cet « ange brésilien » qui évoque beaucoup plus la damnation que le Paradis…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

Lien : https://businessmontres.com/

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