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Quand les Nippons sortent de leurs montagnes et quand les plongeuses se piquent d’élégance : c’est l’actualité des montres au cœur du printemps
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Mais aussi la culture de la transparence qui dure deux semaines, la capsule temporelle qui pivote sur 360°, les clous de Paris d’une couronne en céramique et le record d’une montre suisse sociofinancée qui a le mérite d’y croire…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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EBERHARD & CO : La politesse tarifaire d’une sportive chic…

La marque est « rare », réputée chez les collectionneurs de montres vintage et sélective pour ses points de vente, mais elle sait rester aussi accessible qu’attrayante dans ses propositions. Spécialiste des chronographes « à l’ancienne », la maison suisse Eberhard & Co s’est efforcée cette année de penser aux jeunes femmes contemporaines, qui veulent pouvoir disposer d’une « montre à tout faire », élégante et pratique, sur laquelle elles puissent compter au bureau comme en week-end ou à la piscine. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui le « sport chic ». Ça tombe bien, Eberhard & Co a une solide réputation du côté des montres sportives Swiss Made : la nouvelle Scafograph 100 est clairement une « simplification » des Scafograph de plongée, en acier (38 mm), mais avec une lunette en céramique travaillée façon « clous de Paris », un bracelet en caoutchouc (option acier possible) et un amusant cadran en nacre, dans une harmonie qui permet de choisir entre le blanc et le chocolat. Une montre aux proportions très justes, très dynamique et très générationnelle, qui a la politesse de ne réclamer qu’un peu plus de 2 400 euros pour équiper les poignets féminins qui ne se satisfont plus des mêmes montres que celles de « maman »…

Eberhard & Co Scafograph 100

MINASE : Dans la haute tradition des artisans nippons…

Cette marque est on ne peut plus japonaise dans son approche de la montre, mais c’est probablement la référence horlogère la moins connue de tous les acteurs nippons dans ce domaine. C’est même la plus petite des manufactures horlogères japonaises ! Installée dans le nord-est du Japon (dans cette région d’Akita où se produisent quelques-uns des meilleurs sakés du monde), Minase est, à l’origine, une manufacture qui fabriquait des outils, avec un souci d’excellence digne de la grande tradition pré-industrielle japonaise et du savoir-faire artisanal dans ce domaine (les spécialistes désignent cet état d’esprit sous le nom de monozukuri). Pour la famille propriétaire de cette manufacture, il était tentant de passer de la micro-mécanique nécessaire pour réaliser cet outillage aux composants horlogers, puis aux montres elles-mêmes – et ce n’est pas parce que la région ressemble étrangement aux paysages de montagne des watch valleys suisses. Minase est le nom du village rural où les ateliers de Minase (prononcez « Minazé ») est installée : son éloignement de tout y contraint ces artisans horlogers à tout faire sur place, hormis le mouvement qui vient de Suisse (ce qui est en soi un bel hommage des horlogers du mont Kurikoma aux horlogers de l’arc alpin). Du coup, ces artisans nippons ont inventé un type des montres totalement original, tant par la forme du boîtier que par leur ouverture à la lumière (de larges « fenêtres » s’ouvrent dans ce boîtiers) ou par le montage de ce qui n’est plus un cadran. L’esthétique est aussi puissante que déroutante. Le tout avec de finitions et un sens du polissage qui rappellent la tradition des anciens sabres japonais. Les montres sont proposées à des prix inférieurs à ceux des montres suisses de cette catégorie d’artisanat d’art horloger (de 3 000 euros à 10 000 euros en moyenne), mais il ne serait pas pertinent de comparer Minase à la moindre marque suisse : peut-on comparer une coupe de saké d’Akita à un verre de Bordeaux ? Minase est ailleurs – et c’est ce qui fait sa force…

TUDOR : Une certaine nostalgie de l’âge d’or des belles « plongeuses »…

Une des montres les plus intéressantes de ce printemps n’est pas forcément une des plus spectaculaires : la nouvelle Black Bay Fifty-Eight (les Suisses francophones ont la sale manie de rebaptiser en anglais leurs modèles) cache très bien son jeu. Ce qui la sort du lot est la somme de ses détails les mieux pensées, pratiquement sans la moindre fausse note. Elle ressemble à la plupart des montres de plongée du marché, sauf qu’elle s’en distingue par sa taille (39 mm, au lieu de 42-44 mm habituels), ce qui est à la fois plus léger et plus discret. Elle est satinée au lieu d’être polie. Ses index et ses aiguilles sont cerclés d’or pour mieux mettre en valeur l’ivoire de leur luminescence. Admirez au passage les chiffres dorés de la lunette tournante – au noir très doux – et le triangle rouge qui rappelle l’âge d’or des « plongeuses » vintage. Même le bracelet métallique a été riveté à l’ancienne. Ultime politesse : le prix, retravaillé à partir de 3 000 euros pour le bracelet en textile à 3 300 euros pour le bracelet à maillons métalliques. Cette Fifty-Eight est une des plus élégantes propositions actuelles sur le marché d’un « sport chic » très urbain, les 200 mètres d’étanchéité authentifiant sans excès d’emphase fonctionnelle cette vocation sportive…

Tudor Black Bay Fifty-Eight

HUBLOT : Le culte de la transparence en toute ingéniosité…

Une telle montre laisse pantois et vaguement ahuri tellement elle cumule d’innovations et tellement elle concentre d’avancées technologiques et esthétiques. Avec son boîtier cristallin en verre saphir, cette Big Bang MP-11 joue dans la catégorie « Plus transparent que moi, tu meurs », mais c’est pour mieux nous révéler les détails de son intimité mécanique – c’est donc pour la bonne cause [pour les adeptes de l’opacité, il existe une non moins spectaculaire version très « Batman », en fibres de carbone tissées en trois dimensions, ce qui est aussi une grande première horlogère]. Sous le saphir, le plaisir : rappelons au passage que le saphir de ce boîtier est quasiment aussi résistant que le diamant ! On remarque tout de suite le demi-cylindre qui gonfle le verre de la montre : c’est le logement des sept barillets couplés en série qui donnent à la montre une autonomie de marche de quatorze jours (affichés par le rouleau à gauche des barillets). On comprend vite que le passage d’une énergie horizontale – celle des barillets – à l’énergie verticale réclamée par l’affichage de l’heure (à douze heures de la montre) a dû réclamer des trésors d’ingéniosité aux champions de la R&D de la manufacture Hublot. Lesquels ont poussé l’élégance jusqu’à poser le balancier (ce qui fait tic-tac) à côté de cet affichage des heures, juste pour le plaisir des yeux. On préfère ne pas vous avouer le prix, mais, comme il n’y aura que 200 Big Bang MP-11 en saphir à se partager sur cette planète, vous vous ferez vite une raison…

Hublot Big Bang MP-11

ALPINA : La touche suisse des baroudeurs connectés…

Cette montre AlpinerX proposée par la maison suisse Alpina est en train de « casser la baraque ». Elle va probablement exploser le record précédent des montres suisses proposées en sociofinancement (souscription) sur Kickstarter : alors qu’il reste encore une semaine de campagne, on va bientôt dépasser le million d’euros et les 2 000 souscripteurs. Il s’agit d’une montre connectée pour aventuriers de plein air (étanche à 100 m et endurance tout-terrain), proposée autour des 500 euros. Bourrée de capteurs et de senseurs, la montre est programmable grâce au téléphone et elle peut afficher, en temps réel, baromètre, altimètre, boussole et GPS, en plus d’un traceur d’activités, d’alarmes diverses, de notifications numériques multiples et bien sûr, tout ce qui faut de fonctions horaires pour une « montre » qui se flatte de ressembler à une montre, avec un boîtier normal et des aiguilles. Deux ans d’autonomie proposés : on est loin de l’Apple Watch à recharger quotidiennement ! C’est un pied-de-nez à l’établissement horloger suisse, qui persiste à considérer les montres connectées comme un épiphénomène transitoire – alors qu’Apple est en train de lui manger la laine sur le dos. Alpina démontre que la demande de ces smartwatches est d’autant plus forte quand elles bénéficient d’une indéniable touche suisse… Alpina AlpinerX

L’ÉPÉE 1839 : Prêts pour le voyage dans le temps ?

Dernière entreprise survivante de la pendulerie suisse, la maison L’Épée 1839 (qui est française d’origine) est en train de réinventer la tradition des horloges domestiques – des objets du temps qui servent à donner l’heure (aussi bien que des montres-bracelets), mais qui trouvent leur place dans un décor contemporain, sur un bureau, sur un mur ou avec des expressions plus monumentales. Une tradition d’horlogerie mécanique, mais avec une approche plus impressionnante dans les volumes, plus complexe dans l’agencement des rouages et plus spectaculaire dans la quête d’une nouvelle force intérieure. La Time machine de ce printemps est une sorte de « capsule temporelle », une machine à remonter (ou à redescendre) le temps, une sculpture cinétique dédiée aux beaux-arts de l’horlogerie mécanique : dans leur « bulle » pivotante sur 360° pour le plaisir des yeux (26 cm de largeur pour 22 cm de hauteur sur trépied), les 370 composants composent une symphonie horlogère qui ne réclame qu’un remontage tous les huit jours. Même les « hélices » latérales tournent, soit pour remonter le mouvement, soit pour mettre la Time Machine à l’heure (chacun aura repéré l’affichage de cette heure par des rouleaux). Rien qui ne soit ici poli très soigneusement ou décoré à la main. Rien qui ne soit pensé en vue de subtils jeux de lumière et de fascinantes rêveries sur le temps qui passe. La Time machine réencapsule tous les codes de l’horlogerie classique pour les projeter dans une nouvelle dimension temporelle…

L’Épée 1839 Time machine

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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