Quand les riches doivent décompter à la main leurs kilomètres et quand les balanciers s’en balancent : c’est l’actualité des montres à la veille de Brumaire<!-- --> | Atlantico.fr
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Alain Prost a lâché le volant pour le guidon, mais, du haut de son braquet, il ne renonce pas à la haute mécanique…
Alain Prost a lâché le volant pour le guidon, mais, du haut de son braquet, il ne renonce pas à la haute mécanique…
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Mais aussi le jouet de poignet préféré des aventuriers, la montre élégante militaro-légitime, la montre qui ne prend pas de gants pour donner l’heure et le parfum discret de la rétro-nostalgie…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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TAG HEUER : Un combat sans gants contre le temps…

Même la boxe est un sport de brutes codifié par des gentlemen, qui parlaient à son sujet de « noble art », c’est une discipline athlétique quasiment jamais investie par les horlogers. Sauf par le fameux Jean-Claude Biver, le dirigeant horloger qui ne fait jamais rien comme les autres et dont les audaces laissent pantois ses concurrents. C’est ainsi qu’il s’est entiché de boxe et qu’il sème volontiers le logo de ses marques sur les rings (notamment Hublot, qui parrainait les deux derniers « combats du siècle »). Une autre de ses marques, TAG Heuer, a repris la tradition du chronographe de sport Ring-Master, compteur de poche lancé en 1957 dont on pouvait changer à volonté les anneaux intérieurs porteurs d’« échelles » qui permettaient le chronométrage de tous les sports – de la boxe à la régate, en passant par la natation, la F1 et même le chronométrage des prises de vue cinématographiques à Hollywood (Film-Master, lancé en 1963). Pour le soixantième anniversaire de la Ring-Master, TAG Heuer lance une superbe montre Carrera qui porte la signature de Mohamed Ali (« Cassius Clay » pour ceux qui se souviennent de ses premiers combats) et qui reprend l’idée des échelles intérieures, qu’on peut régler à l’aide de la couronne à dix heures (panneaux rouges pour les combats professionnels de trois minutes, panneaux blancs pour les deux minutes des reprises entre amateurs) – le tout pour à peine plus de 2 000 euros, ce qui prouve que TAG Heuer ne prend pas de gants pour mettre KO les tarifs habituels de l’horlogerie suisse…

GARMIN : Le jouet préféré des forces spéciales en opération…

Une vraie montre à l’esthétique calquée sur les codes du luxe horloger, sauf que cette Fenix Chronos est un concentré de haute technologie, bourré de capteurs (altimètre, baromètre, boussole, fréquence cardiaque, traceur d’activités) et muni d’un récepteur des signaux satellite GPS/GLONASS. La montre peut se connecter à un téléphone pour proposer des notifications paramétrées ou même, pour les sportifs, afficher le dernier bulletin météo du lieu – le tout avec des écrans personnalisables. Étanchéité à 100 m, avec un verre saphir ultra-endurant (boîtier de 49 mm). Options : un bracelet en cuir (999 euros, ci-dessous), en acier (1 099 euros) ou en titane (1299 euros) : c’est probablement le meilleur instrument technique qui ressemble à une vraie montre, performances connectées en prime. Pourquoi croyez-vous que les guerriers des forces spéciales à travers le monde sont désormais équipés de montres Garmin ?

BELL & ROSS : La légitimité d’un vintage natif…

Depuis quelques saisons, la mode horlogère est au retour à ces montres « démodées », oubliées depuis hier et aujourd’hui réhabilitées sous pavillon vintage. Jamais en retard d’une tendance, la maison française Bell & Ross se flatte d’avoir été vintage longtemps avant tout le monde et, surtout, de l’être suffisamment restée pour que la nouvelle BRV1-92 Military ne souffre pas du moindre soupçon d’opportunisme ou d’illégitimité. Cela fait maintenant plus de vingt ans que Bell & Ross honore la tradition des « montres militaires » : autant en profiter ! La montre est donc en acier, de dimensions « normales » (38,5 mm – exactement ce qui peut être porté par un garçon ou une fille), avec un verre saphir ultra-bombé «  à l’ancienne », un label « MT » (Military Type) aussi fantaisiste qu’esthétique et qui rappelle le sigle « H3 » porté sur les montres militaires aux peintures radioactives, des minutes ultra-lisibles empruntées aux montres de pilotes, de même que l’index triangulaire à midi, des aiguilles ivoirées comme celles qui ont vécu leur vie et un bracelet en cuir brut, parfaitement viril. Soit une jolie somme de sympathiques détails pour la somme relativement raisonnable de 1 990 euros : la nostalgie n’est plus ce qu’elle était…

MB&F : Une reconstruction dans la déconstruction…

Qu’est-ce que les amateurs de montres préfèrent ? La plupart d’entre eux – c’est une passion plutôt mâle – avoueront qu’ils sont hypnotisés par le lancinant tic-tac du mouvement de la montre et par l’incessant va-et-vient de son balancier à ressort-spiral (c’est la pièce maîtresse de qu’on appelle l’« échappement » de la montre). Ce sont les alternances de ce balancier qui découpent le temps en micro-séquences (le tic et le tac), pour mieux le réguler en transmettant par saccades cette énergie aux rouages qui animent les aiguilles chargées d’afficher l’heure. Fort de ce constat, l’équipe de MB&F – le plus remuant des laboratoires créatifs de l’horlogerie suisse – a décidé de « déconstruire » le mouvement pour le reconstruire en mettant en valeur, côté cadran, ce seul balancier équipé de son ressort-spiral. On voit ainsi battre, au centre du cadran et en suspension sous une arche spectaculaire, les pulsations du cœur de cette Legacy Machine Split Escapement (« échappement déporté »). La prouesse technique réside dans la longueur exceptionnelle de l’axe qui transmet les battements de ce balancier isolé à la roue d’échappement placée douze millimètres plus bas, dans le mouvement mécanique : tout doit s’ajuster à une poignée de microns près. Le résultat est spectaculaire sous le dôme de verre saphir qui coiffe le cadran, dont les compteurs (les heures et les minutes à midi, la date à huit heures et la réserve de marche à quatre heures) sont magnifiés par le somptueux revêtement grainé du cadran. Une telle débauche technico-esthétique se paie au prix fort (environ 80 000 euros), mais on boxe ici dans la catégorie des œuvres majeures de l’art horloger contemporain…

EBEL : Les vagues redorées de la rétro-nostalgie…

Retour vers le passé, à fond, les yeux rivés sur le rétroviseur : ayant renoncé à ses improbables ambitions dans une haute horlogerie mécanique où elle avait tout à perdre, la vénérable maison suisse Ebel (créée en 1911) s’offre une nouvelle jeunesse dans la nostalgie des années 1970 et 1980. Ebel était alors la marque la plus à la mode : les stars portaient des montres Ebel, de même que les sportifs [en 1983, Yannick Noah a soulevé la Coupe à Roland-Garros avec une Sport Classic Ebel au poignet]. Le bracelet métallique en « vagues » – soulignées d’or – de cette Sport Classic est resté emblématique : sa souplesse lui permet de s’adapter à tous les poignets, alors que le boîtier a cette rondeur biodesignée qui efface les angles sans perdre son style hexagonal. La réédition de 2017 est déclinée en trois tailles (24 mm, 29 mm et 40 mm), avec une lunette en or jaune et un mouvement à quartz qui simplifiera la vie de tout le monde – comptez tout de même 3 600 euros pour cette friandise rétro-nostalgique en 40 mm…

RICHARD MILLE : Le porte-clés de la petite reine des riches…

Qui a dit que Richard Mille ne s’intéressait qu’aux sports mécaniques ? Le wonder boy de l’horlogerie française s’était déjà risqué sur le polo. Il change de braquet en imaginant une montre pour un cycliste néophyte, ex-champion du monde de F1 reconverti dans le vélo : Alain Prost (en haut de la page). Autant vous le dire tout de suite, cette montre mécanique n’est pas pour Monsieur Tout-le-monde, ne serait-ce que par son prix, qui frôlera les 800 000 euros – mais vous aurez, en prime, un vélo de course très haut de gamme dont la montre paraît être le porte-clés promotionnel. Principal argument de cette montre, qu’on ne devrait pouvoir porter qu’à la main droite : son totalisateur kilométrique « manuel », qui sert à comptabiliser tout au long d’une saison les kilomètres accumulés en selle [il faut simplement ajouter au montant précédent la somme des kilomètres de la sortie du jour]. 800 000 euros pour pousser les kilomètres à la main ? Ainsi va la vie des très riches, qui préféreront ce jouet de très haute mécanique aux montres électroniques qui se chargeraient de ce calcul pour le 10 000e du prix exigé par Richard Mille ! Si vous avez des doutes, c’est que vous n’avez pas compris le niveau d’ingénierie nécessaire pour mettre au point ce totalisateur mécanique greffé sur un mouvement horloger d’une rare complexité. Après tout, c’est normal : les ultra-riches ont raison ! Non seulement la forme baroque du boîtier en carbone de ce tourbillon RM 70-01 est assez facilement reconnaissable pour vous classer dans le club des poignets très richement dotés, mais vous pourrez toujours frimer avec le bilan de vos sorties sur route (les cinq chiffres lisibles en haut de la montre) !

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

Lien : https://businessmontres.com/

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