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Ouille 3.0 : comment la réalité virtuelle pourrait traiter les douleurs chroniques
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Minute Tech

Une étude a démontré l'efficacité de la réalité virtuelle en tant qu'anti-douleur auprès de sujets atteints de pathologies entraînant des douleurs chroniques.

Naomi  Roth

Naomi Roth

Spécialisée dans la réalité virtuelle et son impact sur l'humain, Naomi Roth crée en 2016 Virtuality For Reality, une communauté internationale en ligne réunissant des professionnels qui soutiennent l'application des nouvelles technologies pour l'éducation, la santé et la création de lien social. Aujourd'hui, professeure et conférencière internationale pour notament Engaged University, The Camp, elle s'intéresse particulièrement aux questions d'éthique concernant les nouvelles technologies. 

Suivez Naomi Roth sur Twitter : @NaomiRothPicard

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Une étude sortie dans  le journal en ligne PLoS One a démontré l'efficacité de la réalité virtuelle en tant qu'anti douleur auprès de sujets atteints de pathologies entrainant des douleurs chroniques (hanches, colonne vertébrale…).  En moyenne, la souffrance diminuait de 60% pendant la projection et une fois de retour dans la "réalité", les effets positifs se prolongeaient avec une réduction de la douleur de l'ordre de 33% en moyenne. Comment expliquer ce phénomène ?

Naomi Roth : La douleur est très subjective, on sait qu'elle est liée au niveau d'anxiété et de stress par exemple mais aussi au contexte actif. Par exemple la douleur ressentie sera plus intense si elle vous est provoquée par autrui que par vous-même. De même elle sera atténuée si un proche vous soutient, en vous prenant la main par exemple. Maintenant imaginons que vous puissiez vous évader autrement. La réalité virtuelle a le pouvoir de hacker nos cerveaux, et nous sommes prédisposés à lui être très sensibles. Chaque seconde, notre seule vision produit les deux-tiers de l'activité électrique de notre organe penseur, soit un bon deux milliards d'impulsions environ. Lorsque nous sommes en immersion en réalité virtuelle, la douleur n'est pas annulée mais distraite par la stimulation procurée. En gros, le cerveau regarde ailleurs. C'est d'ailleurs pour ça que l'on appelle les thérapies antidouleurs par réalité virtuelle des thérapies de distraction. Et les effets durent légèrement dans le temps, un peu comme l'émerveillement vous suit en sortant d'une séance mémorable en salle de cinéma.

Autre exemple assez frappant, allant dans le même sens, et lui datant de 1996. Il s'agit d'une étude menée par l'Université de Washington sur les grands brûlés. Changer leurs pansements requiert habituellement des doses conséquentes de narcotiques, car la manipulation est particulièrement douloureuse sur un épiderme lourdement endommagé. L'idée qu'a eue cette unité spéciale, c'est de plonger les patients dans un univers virtuel fait de glace, Snow World, et de mesurer la douleur ressentie pendant ces opérations délicates. Les résultats de cette thérapie de distraction ont montrés qu'elle dépassait même l'efficacité de la morphine.

Quelles sont les autres applications de la réalité virtuelle dans le monde de la médecine ?

Le monde de la réalité virtuelle appliqué à la santé est passionnant. A l'aide de cette technologie on sait mieux traiter les phobies, de la peur des hauteurs, en passant par les araignées ou encore la peur de s'exprimer en public. Le secret c'est de s'exposer progressivement à l'objet de la phobie, et d'augmenter la difficulté par paliers, pour que chacun puisse dépasser sa zone d'inconfort de façon non traumatisante. Car la réalité virtuelle peut autant traumatiser que libérer de traumatismes. Elle est par exemple utilisée par l'armée américaine pour soigner les vétérans de la guerre d'Irak et d'Afghanistan souffrant d'un trouble de stress post-traumatique, très invalidant socialement. Afin de travailler sur le trouble, on va rappeler l'évènement traumatisant à l'aide d'un scénario virtuel dans un environnement encadré par un thérapeute, ce qui permet à la victime de se distancier de la scène et d'être plus efficacement accompagné pour sortir du schéma traumatique.

Les promesses de donner une seconde vie aux personnes souffrant de traumatismes également physiques sont immenses. Pour les paraplégiques par exemple. L'université de Duke en Caroline du Nord a mis au point un protocole qui a permis à des personnes qui avaient souffert d'une lésion de la moelle épinière de retrouver partiellement l'usage de leurs jambes. Soutenus par un exosquelette, les patients se voyaient virtuellement en train de marcher, poussant à s'activer de nouveaux les connexions nerveuses essentielles à la marche.

Quelle est la prochaine étape pour la réalité virtuelle dans le domaine médical ?

Des thérapies sur mesure embarquées à la maison, avec des dispositifs communiquant avec les médecins qui peuvent retracer vos avancées et performances quotidiennes. Des protocoles existent déjà, il ne leur reste plus qu'à progressivement bénéficier au plus grand nombre.

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