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Quand le prince-de-galles réchauffe le cadran, quand les couleurs éclaboussent le squelette et quand les valseurs virevoltent : c’est l’actualité des montres en direct de Baselworld
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Mais aussi une fusée qui nimbe les heures de rêves d’enfance, le retour discret de l’élégance française et l’extravagance formelle d’un excentrique diamant noir…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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MB&F : Nos rêves d’enfants allument des fusées qui défient les heures…

L’imaginaire contemporain a érigé les engins interplanétaires en nouvelles chimères capable d’emporter nos rêves d’enfants au-delà des étoiles : ils ont emporté les hommes jusque sur la Lune, mais le cinéma et la science-fiction ont dispersé ces vecteurs d’imaginaire dans toute la galaxie. Avant-hier, les caravelles de Christophe Colomb ; hier les chariots de la conquête de l’Ouest américain ; aujourd’hui ces fusées environnées de flammes qui déclenchent la foudre en portant notre fureur de vivre aux confins de l’univers et qui sont les piliers de notre culture de l’ailleurs. Maximilian Büsser et son équipe de MB&F (le plus bouillonnant des laboratoires créatifs d’une Suisse horlogère très conservatrice) ne pouvaient que rendre un hommage mécanique et post-moderne à ces fusées, avec une horloge de table développée avec la maison L’Épée 1839, la dernière référence suisse pour les horloges : « Destination Moon » est une fusée qui donne l’heure en même temps qu’un défi aux puissances du ciel. C’est un Meccano d’adulescent (comptez quatre kilos !), avec un petit Neil Armstrong en acier et en argent capable de piloter nos émerveillements et d’alimenter nos méditations sur le temps en descendant de son échelle tapie dans les rouages de l’horloge.

CZAPEK& CIE: Une certaine idée française de l’élégance horlogère…

Une jeune équipe française a entrepris de relancer la marque Czapek & Cie pour nous rappeler que François Czapek était le nom d’un grand horloger du XIXe siècle, connu pour avoir été le premier associé du comte Norbert de Patek, fondateur de la célébrissime manufacture Patek Philippe. Après un premier galop d’essai (plutôt réussi), la nouvelle marque Czapek & Cie passe aux choses sérieuses avec un tourbillon « suspendu » (à gauche, à huit heures : cette complication sert à rendre la montre plus précise) et l’affichage d’un second fuseau horaire, très facile à régler pour que les voyageurs restent toujours à la bonne heure (à droite, à cinq heures), de jour comme de nuit (indicateur à six heures pour préciser dans quelle partie de la journée sont les heures du second fuseau horaire). Belles aiguilles « fleur de lys » pour afficher l’heure de la montre sur le cadran décentré superbement émaillé. Autant d’atouts mécaniques se paient au prix fort, surtout dans un boîtier en platine (comptez près de 100 000 euros), mais cette montre Swiss Made prouve que l’horlogerie française pourrait toujours avoir de beaux jours devant elle si elle avait les moyens de garder ses meilleurs créateurs horlogers sous pavillon tricolore…

CLAUDE MEYLAN: Des heures fortes dans un bain de couleurs symboliques…

La toute nouvelle technique de l’« impressionà l’eau » (water printing) n’a encore jamais utilisé par une marque de montre : sous la simplicité de son nom se cache des techniques très pointues pour imprimer des objets tridimensionnels dans des bains où des films de décors pré-imprimés viennent s’appliquer sur les surfaces à recouvrir, quelles que soient leurs courbes. C’est un immense champ d’exploration qui s’ouvre pour les montres, bien au-delà du bracelet et du boîtier, jusque sur le cadran et le mouvement. Avec la technique des calaveras mexicaines (la culture des crânes décorés, qui sont autant de Memento Mori), la palette graphique est large et les motifs aussi fleuris que symboliques. La montre reprend ainsi les motifs de son écrin (en fond d’image), avec un rappel du thème calavera sur les détails du mouvement mécanique « squeletté » : c’est une grande première horlogère, très spectaculaire et très efficace, la maison Claude Meylan poussant le respect de ce style populaire jusqu’à se soucier d’un prix relativement accessible (autour de 8 000 euros) pour une montre particulièrement originale et puissamment évocatrice…

DE GRISOGONO: L’extravagance visionnaire d’une audace formelle…

Alors qu’une sévère crise ébranle les colonnes du temple horloger, les créateurs tentent d’échapper à la morosité ambiante par les ressources de leur imagination (les montres de cette chronique en témoignent très efficacement). Quelle est la forme du boîtier de cette Eccentrica, imaginée par Fawaz Gruosi, le plus magistral des créateurs joailliers contemporains ? Lui-même ne saurait le dire, sinon en expliquant que cette dialectique géométrique de cercles excentrés et décentrés donne à la montre une audace formelle qui a toujours été celle des créations De Grisogono : la vraie liberté d’une marque contemporaine, c’est sa capacité de se réinventer en permanence sans se perdre et sans jamais cesser d’affirmer son identité. Cette Eccentrica surfe avec une rare élégance sur l’extravagance visionnaire des lignes de son boîtier aussi bien que sur le sertissage qui architecture ces lignes. Suprême insolence dans ce feu d’artifice de carats : le diamant noir enchâssé dans la couronne de remontage – c’est un façon discrète de rappeler que Fawaz Gruosi a « inventé » le diamant noir, sous les quolibets des joailliers traditionnels qui méprisaient ce « charbon », mais qui ont maintenant intégré cette pierre précieuse dans leur offre. Pourquoi une montre devrait-elle se contenter d’être ronde ou carrée ?

HUBLOT: Une touche « sartoriale » d’une incontestable élégance…

Ce serait dommagede disposer d’aussi somptueux tissus que ceux du grand tailleur italien Rubinacci sans tenter d’y associer des montres, non ? L’atelier milanais des Rubinacci a donc ressorti de ses réserves de précieux « tartans » (laines à carreaux colorés) pour les intégrer dans une série de montres Classic Fusion « Italia Independent » de la maison Hublot. On voit ainsi les cadrans se décorer de rares pied-de-poule et de prince-de-galles originaux aussi bien que de laines multicolores, le motif du tissu se prolongeant sur le bracelet. En or, en titane ou en céramique, les montres résistent parfaitement à cette attaque, qui leur redonne un style très original et une touche « sartoriale » d’une indéniable élégance : le dandy contemporain ne peut pas se passer d’une montre à la hauteur de ses exigences sprezzaturées – c’est là que les lecteurs d’Atlantico vont regretter les chroniques de notre ami Hugo Jacomet (Parisian Gentleman). Alla Milanese… Si, selon une formule célèbre, le style, c’est l’homme, le vrai chic, c’est quand même la montre « Italia Independent », imaginée par le créateur protéiforme Lapo Elkann, petit-fils du cultissime Gianni Agnelli…

JACOB & CO: Le manège enchanté qui reste dans son axe de lecture…

Les Suisses savent faire des montres, mais leur industrie des boîtes à musique mécaniques – qui étaient voici un siècle le seul moyen de diffuser une mélodie, quasiment comme un juke-box – a longtemps dominé le monde : les empereurs chinois en raffolaient et exigeaient qu’elles soient animées par des automates. La manufacture new-yorkaise mais Swiss Made Jacob & Co a entrepris de refusionner les deux traditions mécaniques suisses, celle de l’heure et celle de la musique, avec une montre Opéra qui peut égrener une mélodie pendant vingt secondes, sur un plateau orchestral qui tourne autour du boîtier en « bulle » : en plus des cylindres musicaux qui jouent 120 notes, les unes sur un piano, les autres sur une partition, on retrouve sur ce plateau un couple de valseurs, mais aussi un tourbillon qui tourne sur trois axes et un cadran décentré pour les heures et les minutes (toujours dans la bonne position de lecture grâce à un différentiel). C’est tout simplement spectaculaire, acoustiquement malin (cet « auditorium » de titane conduit parfaitement le son) et horlogèrement génial : ce manège enchanté est un très coûteux « jouet de garçon » [disons qu’il est plus coûteux que la plus coûteuse des Ferrari] qui ne fera le bonheur que de dix-huit enfants gâtés…
LE QUOTIDIEN DES MONTRES
Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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