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Recongeler l'Arctique : la solution imaginée par des scientifiques face à la gravité du dérèglement climatique au pôle nord
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Atlantico Green

Des chercheurs de l'université d'Arizona ont étudié la possibilité de recongeler l'Arctique pour essayer de régler les difficultés dues au gaz à effet de serres et au réchauffement climatique. Bien que cette invention soit peu imaginable dans un futur proche, ce travail nous permet de réfléchir sur le problème plus important de la fonte des glaces.

Gaël Durand

Gaël Durand

Gaël Durand est chargé de recherche au CNRS. Spécialiste du thème de la dynamique des glaciers côtiers de l'Antarctique et du Groenland, il est directeur adjoint du Laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l'Environnement. Il est aussi co-auteur d’articles ayant démontré l’instabilité du glacier de Pine Island (Favier 2014), de projections de la crontribtuion de l’antarctique au niveau des mers (Ritz 2015) et de la vulnerabilités des ice shelves en Antarctique (Furst 2016).

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Atlantico : Pour résoudre le problème glaciaire en Arctique, des chercheurs de l’université d’Arizona ont publié un article scientifique sur la possibilité de recongeler nous même les glaces fondues. Ce procédé est-il réaliste ? Comment est-ce que cela pourrait fonctionner ? 

Gael Durand : Le principe est assez simple. La glace de mer (ou banquise, c'est à dire l'océan qui gèle en surface) en se formant isole l’océan des températures fortement négatives de l’atmosphère. Cela devient donc plus délicat d’épaissir la banquise à mesure que celle-ci se forme. L’idée ici serait de pomper de manière autonome l’eau sous la glace pour lui éviter de subir cette isolement et bénéficier du froid atmosphérique pour la faire geler.

Le principe est simple, réaliser une telle pompe autonome devrait en principe fonctionner. Concernant sa réalisabilité à l’échelle du bassin arctique, j’ai nettement plus de doute.

Pourquoi la glace polaire est aussi importante pour notre écosystème ? Qu’adviendrait-il en cas de fonte des glaces trop importante ?

Les calottes polaires et dans le cas de l’arctique la calotte du Groenland. Les calottes polaires se forment par précipitation de neige sur un continent, cette neige se compacte sous son propre poids, devient glace puis s’écoule doucement depuis le centre du continent jusqu’à sa périphérie. En conséquence, de l’eau est extraite des océans pour être stockée sur les continents (idem pour les glaciers de montagne). Si les calottes polaires perdent de la masse, autrement dit que la quantité de glace qui fond au bord du continent ou se fracture sous forme d’iceberg est plus grande que la quantité de neige qui tombe sur la calotte, on ajoute de l’eau aux océans. C’est ce qui se passe actuellement, les calottes groenlandaise et antarctique contribuent aujourd’hui à élever le niveau de la mer de 1 mm par an (0 il y a 30 ans). On observe depuis à peu près 20 ans une accélération de cette perte de masse des calottes avec des projections de contribution au niveau de la mer allant jusqu’à 1 mètre en 2100. En très bref, les calottes polaires règlent le niveau de la mer, leur fonte entraîne une augmentation de ce niveau avec des impacts sur les structures côtières

La glace c’est blanc et en conséquence, elle renvoie l’énergie solaire incidente. Plus la glace fond, moins il y a cet effet miroir et plus elle est amené à fondre (c’est ce qu’on appelle une rétroaction positive). C’est particulièrement marquant pour la banquise qui couvre une grande surface et qui voit son extension diminuer substantiellement dans l’arctique. Moins de glace de mer veut donc dire un océan arctique qui se réchauffe plus vite et la circulation océanique est en partie lié à la température de l’océan. Un autre mécanisme qui affecte la circulation océanique c’est sa salinité, on revient alors aux calottes polaires, plus de fonte des calottes, impliquent plus d’eau douce, et donc une perturbation de l’état de l'océan et de sa circulation. Hors ils s’avère que l'océan arctique est une région très importante de la circulation océanique globale, les eaux du gulf stream plongeant à cette endroit pour rejoindre les fonds marins. Modifier la densité des eaux de surface pourrait entraîner un affaiblissement de cette circulation et alors affecter le climat globale.

Le pergélisol, i.e. les sols gelés en permanence en Arctique. Ces sols contiennent une importante quantité de méthane. Pergélisol qui fond = relargage  de gaz à effet de serre supplémentaire dans l’atmosphère = augmentation plus forte des température, là encore c’est une rétroaction positive. 

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