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Rénovation énergétique : tout ce qu'il faut savoir pour la financer chez vous et pour échapper aux escrocs
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Bien chez soi

Le Salon de la rénovation a lieu jusqu'à lundi à Paris. La rénovation énergétique des logements anciens est un vrai problème de société. C'est l'occasion de tout savoir pour les particuliers ou les collectivités qui voudrait entreprendre des démarches.

Myriam Maestroni

Myriam Maestroni

Myriam Maestroni est présidente d'Economie d'Energie et de la Fondation E5T. Elle a remporté le Women's Award de La Tribune dans la catégorie "Green Business". Elle a accompli toute sa carrière dans le secteur de l'énergie. Après huit années à la tête de Primagaz France, elle a crée Ede, la société Economie d'énergie. 

Elle est l'auteure de plusieurs ouvrages majeurs: Intelligence émotionnelle (2008, Maxima), Mutations énergétiques (Gallimard, 2008) ou Comprendre le nouveau monde de l'énergie (Maxima, 2013), Understanding the new energy World 2.0 (Dow éditions). 

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Ce week end (du 27 au 30 janvier) a lieu à Paris, le Salon de la Rénovation, Porte de Versailles. On peut y voir un des multiples salons historiquement organisés chaque année dans la capitale… ou un exemple intéressant d’une tendance illustrant l’émergence d’une nouvelle économie de l’amélioration. 

Avant d’approfondir ce point, il paraît important de se remémorer que si les Trente Glorieuses s’illustrèrent par un niveau de construction record autour de 400 à 500.000 logements par an (1971 et 1975 étant restées gravées comme des années record avec plus de 500.000 logements alors construits), la construction de nouveaux logements s’est depuis essoufflée pour atteindre un niveau de 300.000 logements par an dans les années 80 et 90, pratiquement réduit à néant après la crise économico-financière de 2008, à l’exception du logement locatif social. Ce dernier, né après la deuxième guerre mondiale, a connu une forte progression jusqu’à représenter plus de 20% du total des logements construits dans les années 60. Cette part est restée pratiquement inchangée jusqu’en 2008, année à partir de laquelle elle s’est progressivement accrue pour atteindre aujourd’hui plus d’un quart de la production globale, tendance fruit du double effet d’augmentation de la production de logements locatifs sociaux et de la baisse de la construction privée, notamment de maisons individuelles, d’autre part. Si on se projette dans le futur, nombre de scenarios convergent pour convenir qu’il sera difficile de revenir à un niveau de construction au delà de 400.000 (un chiffre qui reste optimiste d’ailleurs) et qui comprendrait de 100 à 150.000 logements sociaux. Voilà certainement quelques éléments de contexte qui permettent de mieux comprendre la question de ce marché émergent de la rénovation dans notre pays, dans lequel, pour le coup on dénombre 32.000.000 de logements au total dont plus de la moitié, soit 15 millions construits il y a largement plus de 20 ans, à une époque où le niveau d’exigence en matière de performance énergétique était très basique voire inexistant.

Ainsi ce Salon, apparu récemment, a vocation à regrouper en un seul lieu l’ensemble des acteurs, produits et services identifiés comme permettant d’accroitre le confort de l’habitat, un enjeu assez classique, mais également, et, cela constitue une nouvelle démarche à part entière, d’économiser de l'énergie en pensant à valoriser le patrimoine en veillant à ce que l’on appelle désormais la « valeur verte ». En effet, suite à l’apparition des DPE (Diagnostic de Performance Energétique), depuis la moitié des années 2000, devenus obligatoires en cas de transactions immobilières (vente ou locations de biens), les Français, qui restent attachés à la propriété immobilière, réalisent peu à peu, que dans notre pays, un logement sur deux, est de 6 à 9 fois sur-consommateur d’énergie si on le compare à un logement construit neuf, et donc contraint de respecter les réglementations thermiques (dites RT, dont celle actuellement en vigueur RT2012) imposant des normes visant à réduire les consommations d’énergie. Ainsi, un logement neuf doit consommer moins de 50kwh/m2 et par an (la catégorie A de couleur verte que l’on voit sur les étiquettes énergétiques qui apparaissent sur les annonces des devantures des agences immobilières) tandis que celui qui est en catégorie G, la pire, consommera plus de 450 kwh/m2/an.

C’est cette obligation qui a contribué à favoriser une prise de conscience individuelle et collective, même si celle ci se fait de façon très progressive. Il est cependant vrai qu’elle est bien aidée par des factures d’énergie qui sont en augmentation constante et qui pèsent significativement sur le budget des ménages (de l’ordre de 8% en moyenne, mais pouvant aller jusqu’à 10 voire 15% dans le cas de plus de 6 millions de ménages alors considérés comme étant en situation de « précarité énergétique », -un sujet également assez nouveau et devenu préoccupant en France et partout en Europe-).

A cette obligation s’est additionnée, celle, faite concomitamment aux énergéticiens, d’aider leurs clients à consommer moins, sur la base d’un pourcentage calculé sur leurs volumes de vente d’énergie historiques, ceci afin de contribuer à réduire les émissions de CO2 et ainsi lutter contre le changement climatique (qui lui, pour le coup s’accélère bien plus rapidement que prévu…). Ces mesures réglementaires renforcées par une pression croissante en matière d’environnement ont permis d’« officiellement » inaugurer l’énorme marché potentiel qu’est celui de la « rénovation énergétique ».

Pourtant, il ne s’agit là que de conditions nécessaires mais pas suffisantes… En effet, peu d’entre nous se lèvent le matin en se disant : « Tiens si je faisais des travaux de rénovation énergétique pour économiser de l’énergie, améliorer la valeur verte de mon logement et réduire mon empreinte environnementale en émettant moins de C02, sachant que j’améliorerais en plus probablement mon confort »… Aussi ce marché reste-t-il potentiel et, de facto, très en deçà du niveau qu’il devrait atteindre et qui pourrait le situer à plus d’un million de travaux par an pour parvenir à rénover l’ensemble du parc de logements existants et « capturer » cette énergie que l’on consomme indument et qui représente de l’ordre de 20 à 25% de nos consommations, et donc de nos dépenses. On est loin du temps où le marketing détectait un besoin et où l’on créait un produit y répondant, un temps cher à la société de consommation telle qu’elle a été longtemps conçue et qui consistait à consommer plus.

Il s’agit désormais de promouvoir une logique consistant à investir pour consommer moins qui régit le développement d’une économie de la rénovation où tant reste à faire… mais qui s’avère porteuse d’emplois et de développement (durable, bien sûr). Cela est d’autant plus complexe qu’il ne s’agit plus pour un Etat, longtemps inspiré par les idées keynésiennes, d’investir à sa guise, d’autant que ses marges de manœuvre financière se sont considérablement réduites, mais de susciter l’envie d’investir chez les particuliers-consomm’acteurs, qui deviennent partie-prenantes de la solution à une relance de l’économie par l’investissement privé, et d’ailleurs également de la lutte contre le changement climatique.

L’enjeu fondamental est de passer d’un marché de demande à un « marché d’offre ». Cela suppose bien plus seulement de répondre au marché naturel des particuliers, qui, de toute façon, réaliseraient, des travaux de rénovation énergétique en profitant d’un agrandissement, d’un aménagement de leurs combles, du changement d’une chaudière ou d’appareils de chauffage qui ne fonctionnent plus ou plus très bien…., mais bien de convaincre des particuliers qui ne sont pas encore en condition, quelle qu’en soit la raison, de réaliser des travaux visant à accroitre la performance énergétique de leurs logements

En théorie, cela paraît simple… et la question est donc : concrètement comment faire ? Il n’y a pas de réponse miracle… mais il est quand même à noter que l’une des clés consiste à conjuguer rénovation énergétique avec révolution numérique. En effet, quoi de plus naturel que d’avoir recours aux nouvelles technologies pour créer des « market place » numériques de la rénovation énergétique accessibles à tous, partout en France, afin de sensibiliser, informer et expliquer à chacun l’importance de faire des travaux? Dans un deuxième temps, une fois les éléments intégrés, il s’agit d’apporter des  réponses à l’ensemble des questions qui vont naturellement se poser, à savoir notamment: Quels travaux dois je réaliser ? Par lesquels est-il le plus pertinent ou urgent de commencer ? Combien ça va coûter ? Comment puis je les financer ? A quelles aides puis je prétendre ? A qui dois-je m’adresser ? Quelles garanties dois-je demander ? Quel matériel dois je choisir pour m’assurer d’avoir des performances optimisées et donc consommer le moins possible ? Comment m’assurer de bien réaliser les économies prévues ? etc.

De plus en plus de gens sont en quête de réponse, comme le démontre, pour ne citer qu’un exemple, le succès d’émissions de radio telle celle de l’animateur Christian Pessey écoutée tous les samedis par des millions d’auditeurs particuliers. Le même type de questions visant à comprendre quoi faire pour consommer moins se pose pour les entreprises, notamment les PME-PMI, le commerçants, les bâtiments publics.

C’est à ce chantier que se sont attaqués les plus grands noms de l’énergie, qui étaient certes obligés de le faire, mais aussi la grande distribution, également concernée, les fabricants de matériel, les distributeurs, les installateurs, les banques, etc, qui ont identifié des opportunités à promouvoir ce marché de l’efficacité énergétique. Ce sujet est également posé comme un des enjeux majeurs, aux côtés du développement des énergies renouvelables et de la transition énergétique (et figurant d’ailleurs dans la Loi de Transition Energétique).

Il est intéressant de noter que les pouvoirs publics se sont mobilisés depuis maintenant plus de dix ans pour créer une émulation dans une logique jamais vue jusque là en lançant notamment de nouvelles pratique tels les Certificats d’Economie d’Energie (CEE). Ce dispositif, original, permet aux énergéticiens et aux grandes surfaces de promouvoir la rénovation énergétique au travers de programmes et plateformes numériques innovants et de plus en plus visités tels : www.prime-eco-energie.auchan.fr/ pour les particuliers - pour ne citer que la plus ancienne - ou https://www.changetogreen.fr  pour les entreprises, ou encore des sites d’information tels : http://www.economiedenergie.fr

Il faut également souligner qu’il s’agit de travaux  qui ont une rentabilité et un temps de retour sur investissement propres dans la mesure où ils ont pour but de réduire la consommation énergétique et où il s’inscrivent dans la durée (10/15 ans),  dans un contexte de prix de l’énergie susceptible de s’accroitre au moins sur la période considérée. Il ne s’agit donc pas juste des travaux de confort ou d’esthétique, même si, bien sûr, ils peuvent y contribuer. Cette remarque n’est pas anodine car elle permet de comprendre que nous sommes dans une logique d’investissement d’amélioration avec une vraie cohérence « Coûts/CO2/Bénéfices » fort différente des travaux de rénovations non énergétiques : réfection de cuisine, de salle de bains, peinture des façades, installations d’ascenseurs...

Ainsi, le marché de la rénovation énergétique apparaît-il comme l’un des rares marchés à cumuler une série d’avantages peu courants par les temps de crise actuels, notamment : une visibilité à long terme, puisque si l’on parle de multiplier par 2 on est sur un horizon à plus de 15 ans au mieux et à 25 ans au pire…), condition de base pour construire un projet durable ; un potentiel de croissance économique lié à la rénovation énergétique de 15 à 50 milliards d’Euros/an en fonction du nombre de rénovations menées annuellement ; un espoir important de création d’emplois locaux et non délocalisables, une dynamique d’innovations pour créer de nouveaux matériaux et solutions, et sans doute l’opportunité de redynamiser la filière du bâtiment et, last but not least, le fait essentiel de lutter contre le changement climatique.

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