Quand les cônes se veulent iconiques et quand l’eau vient illuminer le squelette archéo-futuriste : c’est l’actualité des montres à la veille de la Wonder Week<!-- --> | Atlantico.fr
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Un Mad Max suisse qui chasse le Swiss Made bidon, avec son arbalète et ses bank-notes (à ne pas manquer)…
Un Mad Max suisse qui chasse le Swiss Made bidon, avec son arbalète et ses bank-notes (à ne pas manquer)…
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Mais aussi une montre faite avec du vacherin suisse fait avec du lait suisse, les 5 000 bouteilles de champagne pour la paix des poignets à côté de l’ONU, le goût de la transparence chez les horlogers qui en manquent et les ponts en titane qui sont les ponts d’or de la renaissance…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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WONDER WEEK: Un grand sommet international pour la paix des poignets…

Les Genevois ont l’habitudes grands sommets internationaux : la Wonder Week horlogère qui commence ce week-end en a tous les fastes. Ballets de limousines, tapis rouges, champagne à gogo, déclarations officielles aussi creuses que sonores, négociations dans les coulisses et gros enjeux financiers. De quoi éclipser, mercredi prochain, la première visite officielle du président chinois Xi Jinping à Genève. Il se rendra au palais des Nations, siège européen de l’ONU, mais il se gardera bien de faire les deux kilomètres qui le sépareront du Salon international de la haute horlogerie (trente marques horlogères de premier plan y exposent leurs nouveautés) ou le kilomètre qui lui ferait découvrir la petite vingtaine d’autres manufactures horlogères qui ont planté leur pavillon dans les palaces du bord du lac. La Wonder Week, faite pour organiser la paix des poignets, c’est à peu près 50 000 « petits cafés » servis, 5 000 bouteilles de champagne débouchées dans la semaine et 500 nouvelles montres dévoilées par 50 marques d’excellente réputation. Nous vous en présentons quelques-unes en avant-première ci-dessous, mais n’espérez pas les trouver en boutique avant de longs mois et, surtout, préparez-vous à des additions très salées : tout en jurant vouloir se remettre à l’écoute de leur public, les marques n’en pratiquement pas moins allègrement l’assommoir financier – ce qui n’exclut pas, nous allons le voir, un certain humour dans l’autodérision…

H. MOSER & CIE: Mieux que le « Swiss Made », la Swiss Mad Watch…

La jeune équipe de la vénérable manufacture H. Moser & Cie a décidé de mettre les pieds dans le plat en ridiculisant le label officiel « Swiss Made », qui est un fantastique vecteur de tricherie pour les marques suisses : une montre peut se révéler fabriqué à 95 % en Asie, mais quelques subtilités administratives en feront une montre « suisse » si 60 % de la valeur – et non de la provenance – de ses composants est d’origine suisse ! Donc, feu sur le « Swiss Made » de papier (voir la vidéo ci-dessous) et vive la montre parodique Swiss Mad Watch, qui sera la montre la plus suisse jamais produite, puisque son boîtier est réalisé dans une résine qui inclut quelques coulées de fromage suisse. Même le bracelet est en cuir de vache suisse, les couleurs du cadran reproduisant le rouge du pavillon national, alors que les index évoquent la croix confédérale apposée sur ce drapeau. Plus rigolo encore : le prix parodique de cette Swiss Mad Watch : 1 0 812 91 francs suisses – la fête nationale suisse commémorant la fondation légendaire de la Confédération le 1er août 1291. Bien vu, bien joué, bien argumenté, mais il existe, parallèlement à cette pièce unique satirique, en forme de manifeste indigné contre la honte du « Swiss Made » administratif, une série de Swiss Mad Watch tout ce qu’il a de plus intéressante et de sérieuse, dans des matériaux traditionnels. Les Suisses ont beau rire d’eux-mêmes, ils ne peuvent pas s’empêcher de faire des belles montres…

FRANCK MULLER: Un passion épatante pour la transparence…

C’est l’année du boîtier en verre saphir, une variété de verre (le même que celui dans lequel nous buvons) un peu plus résistante et cristalline que les autres. Le grand chic est de décliner dans ce verre saphir les grands classiques d’une manufacture : la transparence est une ardente obligation pour des horlogers suisses qui en manquent par ailleurs singulièrement ! Quand le mariage de l’heure et du saphir est réussi, comme avec cette Vanguard Sapphire de Franck Muller, la montre y gagne une nouvelle dimension, surtout quand l’architecture de son mouvement se révèle mise en valeur et se nimbe de lumière. C’est stratosphériquement coûteux, c’est mécaniquement beaucoup compliquéde faire simple et harmonieux quand on peut examiner de près chaque détail (en plus, ici, nous avons affaire à un précieux « tourbillon », subtilité mécanique dont la manufacture Franck Muller est un des premiers producteurs suisses) et esthétiquement très plaisir. Ce verre saphir est particulièrement résistant au choc et aux rayures, mais évitez de faire chuter la montre sur le marbre de votre salle de bain : en général, ça ne pardonne pas !

CHRISTOPHE CLARET: Les cônes qui veulent devenir iconiques…

Comme les meilleurs concepteurs horlogers suisses de ce temps, Christophe Claret est… français ! Ce qui donne à ses montres une petite touche originale. Sa nouvelle Maestro a l’avantage d’être plus « accessible » que ses productions habituelles (tout est relatif : il faudra tout de même compter dans les 65 000-70 000 euros), mais surtout esthétiquement plus homogène, avec son balancier suspendu, ses deux barillets superposés (qui lui permettent de fonctionner sept jours sans devoir être remontée) et son calendrier « conique » à deux chiffres, posé à 5 h. L’autre cône du cadran, à 4 h, c’est le pense-bête mécanique, le nœud au mouchoir, l’indication « Memo » qu’on a quelque chose à faire et qui apparaîtra tant qu’on n’aura pas effectué la manœuvre destinée à effacer la flèche de couleur du cône (on remplace alors le rubis rouge par un diamant blanc). Tiens, en parlant de pierres précieuses, les trois « cailloux » qui coiffent les deux cônes et le balancier rouge sont des vrais rubis ! Il faut beaucoup de métier et un sacré sens de la belle montre pour parvenir à une telle maîtrise de l’esthétique et de la mécanique. Le beau était autrefois une des spécialités des artistes français : merci à Christophe Claret de nous le rappeler…

HYT: Un baroque rétro-futuriste qui fait baigner le temps dans l’eau…

HYT pour Hydro-mechanical Timepieces : le concept est dans le nom, avec des heures « hydro-mécaniques » ou « fluido-mécaniques » pour être plus précis, parce que le liquide coloré qui circule dans les capillaires pour indiquer l’heure est tout sauf de l’eau. L’idée de ce concept de rupture reste cependant d’exprimer le temps qui passe avec un fluide, mais cette Skull Pocket va beaucoup plus loin dans le baroque rétro-futuriste. D’une part, il ne s’agit plus d’une montre-bracelet, mais d’une montre de poche. C’est plus chic comme geste : sortir sa montre de sa poche, au bout d’une chaîne, a une ampleur patricienne que ne possède plus le coup de poignet rapide et banalise qui permet de consulter son cadran. Ouvrir le clapet qui cache le temps est tout aussi impérial ! Avantage annexe : on peut porter une montre de poche en plus de sa montre connectée : quand on vit au rythme de la planète numérique, c’est un détail qui compte. D’autre part, ces heures fluidiques s’inscrivent autour d’un crâne – motif décoratif suprêmement chic – avec deux mini-LED qui viennent illuminer pendant quelques secondes le liquide quand on enclenche le poussoir à 4 h : une animation électrique purement mécanique (comparable à la dynamo d’un vélo) et un peu « fragile » qui renforce l’aspect pré-industriel de la montre. La vraie tendance, c’est aussi la post-modernité, quelque part entre Jules Verne et Michel Onfray. Allez comprendre…

GIRARD-PERREGAUX: Il suffit de passer le pont (en titane)…

S’il y a une marque dont nous commençons à vous parler plus souvent, c’est bien Girard-Perregaux, qui était une « Belle au bois dormant » récemment réveillée lors de son rachat par le groupe Kering et remise en forme par sa nouvelle direction. C’est donc, en quelque sorte et quelque part, une marque « française » de haute horlogerie, quoique suisse jusqu’au bout des aiguilles. Témoin de ce sursaut dans les nouvelles hautes mécaniques qui entendent rester accessibles par leur prix : la nouvelle montre Neo-Bridge, qui reprend la tradition des montres à « trois ponts d’or » qui assure la gloire de la maison depuis le XIXe siècle, mais en la modernisant par le dessin de ces « ponts » (pièce longitudinale qui assure le maintien des rouages placés dessous) et par leur matériau. Soyons précis : le mot « accessible » accolé au prix d’une montre suisse reste un exercice relatif, mais les 24 000 euros demandés pour cette magnifique Néo-Bridge en titane sont relativement peu coûteux (!) pour la somme de qualités mécaniques et esthétiques de l’ensemble – voici deux ans, en pleine « bulle » horlogère, cette montre aurait été facturé pratiquement au double de ce prix. Autant en profiter tellement c’est simplement beau et très expressif au poignet : tant que les Suisses sauront produire d’aussi belles montres à ce prix, il n’y aura pas le feu au lac…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

Lien : https://businessmontres.com/

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