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"Windows 10 anniversary" proposé dès le 2 août en anglais : pourquoi cette màj risque bien d'apporter plus de bugs qu'elle était censée en résoudre..
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Cadeau empoisonné

Pour fêter les 12 mois de la version 10 de Windows, le géant informatique a présenté une nouvelle mise à jour pour ses utilisateurs. Destinée a faciliter l’usage de l’interface graphique, elle a en fait endommagé l’ensemble de leur système informatique, affichant “Windows ne répond plus”.

Gilles Dounès

Gilles Dounès

Gilles Dounès a été directeur de la rédaction du site MacPlus.net  jusqu’en mars 2015. Il intervient à présent régulièrement sur iWeek, l'émission consacrée à l’écosystème Apple sur OUATCH.tv, la chaîne TV dédiée à la High-Tech et aux loisirs.

Il est le co-auteur, avec Marc Geoffroy, de l'ouvrage iPod Backstage, les coulisses d’un succès mondial, paru en 2005 aux Editions Dunod.

Vous pouvez suivre Gilles Dounès sur Twitter : @gdounes

 

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Atlantico : Comment expliquer que cette mise à jour censée "actualiser" et moderniser le système informatique des utilisateurs ait pu l'endommager (performances ralenties, blocage de l'activité avec la mention "Windows ne répond pas"… ) ?

Gilles Dounès : Le moins qu'on puisse dire, c'est que le temps où les clients faisaient la queue à minuit devant les magasins pour acheter – non pas le dernier JK Rowlings – mais pour être sûrs d'être les premiers à ramener leur boîte de Windows 95 ou 98 est désormais bien loin… Il est vrai que le mode de distribution a changé depuis. Mais si on jette plus sérieusement un petit coup d'œil en arrière, on se rend compte rapidement que l'histoire des mises à jour de Windows n'a jamais été un chemin bordé de roses… ou plutôt, que les accrocs ont été nombreux. Pour répondre à votre question, il y a bien entendu des explications factuelles, circonstancielles, mais il y en a également d'autres beaucoup plus structurelles.

Toutes les mises à jour système sont sujettes à leur lot de bugs divers et variés, et ce d'autant plus que le système est dit "ouvert", c'est-à-dire que l'utilisateur peut le personnaliser à peu près comme il lui chante, en lui ajoutant tout un tas d'extensions et de modifications. La conséquence, c'est que les développeurs de Redmond se trouvent confrontés à tout un tas de configurations plus ou moins exotiques au moment de la mise à disposition de la nouvelle version de l'OS, et ce même s'ils ont pu avoir quelques remontées depuis un an que Windows 10 est sorti, grâce aux programmes de remontée de crash.

Du coup, cette diversité des configurations matérielles à prendre en compte s'est trouvée cette année d'autant plus importante que Microsoft a pris depuis Windows 8 la décision de proposer son OS sur l'ensemble de ses écrans, ou presque, desktop, laptop mais également tablette et hybride à écran détachable. Pour compliquer encore le tout, Windows 10 est également à présent le système d'exploitation de la Xbox, alors que la problématique de la gestion et du maintien à niveau sécuritaire de sa base installée a toujours été un problème épineux. Tout ceci alors que les ingénieurs de Microsoft ont probablement manqué de temps et de ressources (ce type de mise à jour de type Service Pack demande d'ordinaire 18 à 24 mois de développement), et alors que Windows n'est plus ni la vache à lait, ni le bastion de la domination de la marque, sur fond de désaffection croissante des utilisateurs qui se laissent de plus en plus tenter par des solutions basées sur Chrome, Mac OS, iOS ou Android.

Pour autant, il est assez décevant de constater que sous la direction de Satya Nadella, Microsoft a conservé quelque chose des caractéristiques assez brutales du management de l'ère Bill Gates/Steve Ballmer, laquelle s'est caractérisée par une veille concurrentielle d'autant plus agressive que la société savait pertinemment avoir assis très rapidement son monopole, à la faveur de circonstances particulières et d'erreurs stratégiques assez inexplicables de ses partenaires ou concurrents. On n'en reste à l'esprit et à la lettre du fameux Contrat de Licence d’Utilisateur Final : vous n'avez pas acheté un logiciel, et l'éditeur vous concède tout juste le droit d'utiliser sa propriété intellectuelle. Point.

Il y a un an, la version Windows 10 avait instauré une nouvelle règle : les mises à jours seraient automatiques et permanentes. Que peut-on donc faire face aux bugs informatiques de la version "anniversaire" ? Est-il possible de la désinstaller ?

On l’a vu, cette problématique des mises à jour est depuis longtemps un caillou dans la chaussure de Microsoft, principalement pour des raisons de sécurité et de coût de la maintenance sur un parc installé des plus hétéroclites. Or depuis l'été 2003 et la révélation des failles de sécurité en cascade de Windows XP, et dont la remise à plat a bouleversé le calendrier des sorties de ses OS, Microsoft n'a pas cessé de courir après le temps perdu tel le lapin de Lewis Carroll. Dans le même temps, si ses revenus générés par les systèmes d'exploitation diminuent – Office et plus généralement les services en ligne ont pris le relais, et Redmond a été contraint de diminuer ses prix, voire d'imiter Apple qui propose gratuitement une nouvelle version de son OS chaque année – les obligations de maintenance et de sécurité demeurent. C’est d'ailleurs la sécurité qui est mise en avant par les dirigeants de Microsoft pour cette mise à jour hâtée, même si les fonctionnalités nouvelles ne manquent pas. La mise à disposition de cette mise à jour correspond d'ailleurs à la fin de la période de gratuité pour plupart des utilisateurs de Windows 7 ou de Windows 8, et il n'est pas impossible que Microsoft, dont les revenus sont en baisse, ait pu également avoir quelques arrière-pensées de ce côté-là…

Reste que l'éditeur a bel et bien littéralement tordu le bras de ses clients pour les forcer à faire cette fameuse mise à jour, qui reste apparemment difficile à désinstaller : si la MàJ ne se termine pas correctement à partir du système Windows Update, on peut essayer de télécharger l'ensemble de l'archive d'installation ISO complète sur le site de l'éditeur, et de l'installer à partir d'une clé USB ou d'une partition de disque dur externe. Si vous avez conservé le DVD de réinstallation des réglages usine de votre matériel (et si celui-ci est fourni par le constructeur), on peut également réinstaller la configuration de départ, ce qui signifie éventuellement perdre tout ou partie du travail effectué depuis la dernière sauvegarde…  au passage, on ne saurait trop marteler la nécessité de faire une sauvegarde de sa configuration très régulièrement, en particulier avant une mise à jour système ou lorsque est suspendue au-dessus de sa tête ce genre d'épée de Damoclès.

Une fois réinstallé le système précédent, il reste à espérer être suffisamment rapide et perspicace pour déceler, dans le pop-up d'avertissement de la mise à jour, le lien caché au milieu du texte, d'une couleur légèrement différente, et qui va vous mener vers la page où vous pourrez refuser la mise à jour. Vous avez dit "da Vicious" code ? Il semble que la déconnexion du réseau (wi-fi ou Ethernet) de l'appareil concerné, juste après la confirmation de l'intégrité de la mise à jour puisse être une solution pour préserver l'intégrité du système. Mais ce n'est guère enthousiasmant en termes de productivité, dans la mesure où de plus en plus de fonctionnalités ou de services professionnels sont reportés du poste local vers les services en ligne. N'importe comment, la seule solution pérenne consiste néanmoins comme d'habitude à attendre un correctif de la part de l'éditeur.

Ces problèmes de mise à jour sont-ils le propre de Microsoft ou sont-ils le lot de tous les systèmes informatique ?

Bien entendu, ces petites misères sont le lot de tous les utilisateurs et de toutes les plates-formes, y compris de celle d'Apple qui limite pourtant la granularité des configurations dont elle doit gérer la mise à jour, puisque la firme de Cupertino en maîtrise seule le développement. Pour autant, il y a eu quelques ratés mémorables et souvent quelques embarras à la mise à disposition, même s'ils étaient de moindre importance.

Pour autant, et pour les raisons qui précèdent, la firme dirigée par Tim Cook s’enorgueillit année après année de voir la quasi-totalité des machines capables d'accueillir la nouvelle mouture de son OS effectuer réellement la transition, qu'il s'agisse de Mac OS ou de iOS. Et ce alors même que la compatibilité descendante de ces différents systèmes d'exploitation est de l'ordre de 4, 5 voire 6 ans, largement au-delà de ce que peuvent proposer ses différents concurrents, qu'il s'agisse d’Androïd, de Chrome ou de Microsoft. Mais dans le même temps, les utilisateurs de la marque à la Pomme ont bien intégré, parfois à leurs dépens, les messages d'avertissement qui accompagnent la mise à disposition de chaque nouvelle version du système d'exploitation : "il est fortement recommandé d'effectuer une mise à jour de votre appareil avant l'installation de votre logiciel". Les plus anciens d'entre eux appliquent même une règle de bon sens qui consiste à attendre deux ou trois jours après la mise à disposition de la mise à jour avant de l'effectuer soi-même, pour le cas où des problèmes sérieux apparaîtraient dès le début. 

On ne saurait trop recommander aux utilisateurs des autres plates-formes de faire de même, et d'effectuer des sauvegardes si ce n'est des plus régulières possible, du moins avant chaque changement de configuration… si toutefois le système leur en laisse la possibilité. Dans le cas contraire, et plutôt que de continuer à râler dans son coin, Il est peut-être temps de se poser la question d'un changement de support, dans la mesure où les solutions de virtualisation comme Parallels ou VM Ware existent chez la concurrence…

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