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Remontée des pro-Brexit : les motivations surprises que révèle le détail des sondages de la dernière ligne droite
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Immigration, économie, indépendance, ouverture sur le monde et souveraineté sont les principaux sujets qui importent aux électeurs des deux camps. Pourtant, peu sensible aux propos techniques sur cette question, les anglais se laissent davantage aller à l'émotion.

Sophie Pedder

Sophie Pedder

Sophie Pedder est Chef du bureau de The Economist à Paris depuis 2003.

 

Elle est l'auteur de Le déni français aux éditions JC Lattès.
 

 

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Atlantico : Les sondages montrent que les deux camps sont toujours au coude-à-coude. Selon un sondage YouGov du 6 juin, 41% veulent rester dans l'Union européenne, et 45% en sortir. Les indécis, eux, représentent un peu plus de 11% des voix. Quels sont les arguments qui touchent l'un ou l'autre des deux électorats ?

Sophie Pedder : Pour ceux qui souhaitent quitter l'Union européenne, le principal argument qui les touche est celui du contrôle des frontières, et plus globalement celui de la maîtrise de l'immigration. C'était un sujet déjà important au début de la campagne, mais plus la date du référendum s'est approchée et plus il est devenu dominant. Cela s'explique en partie parce que les questions économiques n'ont eu que peu de portée dans le camps pro-Brexit : aucune étude crédible ne montre un impact positif d'une sortie, et les chiffrages du bénéfice budgétaire d'une sortie ont été décrédibilisés par des manipulations de statistiques. Le camp en faveur du Brexit est donc stratégiquement revenu sur l'immigration. Ils y ont d'ailleurs été aidés avec des événements tels que la crise des migrants ou les attentats terroristes, même si le lien n'est pas direct.

Déterminants sociologiques du vote (Source The Guardian)

Pour ceux qui souhaitent rester, leurs raisons sont en premier lieu la rationalité économique, avec l'accumulation d'études sérieuses -- du FMI, de la Banque d'Angleterre, du Trésor britannique, de l'OCDE -- qui démontrent l'impact négatif sur l'économie britannique d'une sortie de l'Union européenne. Ensuite, la sécurité et la coopération dans la lutte contre le terrorisme.

Toujours selon ce sondage, les jeunes paraissent beaucoup plus réticents que leurs aînés, fracture que l'on ne retrouve par ailleurs pas en France sur la question d'une sortie de l'Euro... Comment l'expliquer ?

Il existe de nombreuses différences entre les électeurs français et britanniques. Pour vous répondre, je pense que la fracture générationnelle britannique sur ce sujet est liée au fait que les anciennes générations ont connues la période pré-adhésion à l'UE EN 1973, tandis que les jeunes n'ont connu que le schéma actuel. Les jeunes britanniques, aussi, vivent dans une société et une économie mondialisée, ils voyagent beaucoup plus que leurs parents, et ils ne veulent pas que de nouvelles barrières se dressent entre eux et les universités européennes ou l'emploi en Europe par exemple. Les jeunes sont donc plus pro-européens.

Qu'est-ce qui pourra donc modifier l'opinion, faire changer d'avis ou décider les électeurs à l'approche de la date du vote ?

Le scénario malheureux serait évidemment un attentat qui bouleverserait sensiblement l'opinion. Mais je pense que parce qu'il est difficile pour les indécis de faire un choix, et parce que cette campagne a vu des tentatives de manipulations, avec un chef du Parti travailliste peu convaincant, c'est la peur de l'inconnu qui va jouer un rôle déterminant. Il faut bien comprendre que le choix du brexit est un choix assez violent, entre le statu quo et l'incertitude. C'est pourquoi je pense que la plus grande partie des indécis voteront soit pour rester dans l'UE soit ils se réfugieront dans l'abstention. Je pense que ce qui comptera tout particulièrement les dernières heures et les dernières minutes avant le vote, c'est cela, la peur de l'inconnu.

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