Quand la montre de l’écolier français dépasse le million d’euros, quand l’Aigle fixe les étoiles et quand la soie donne de l’esprit au poignet : c’est l’actualité des montres (en temps de crise)…<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Style de vie
Une architecture mécanique ultra-classique pour la montre traditionnelle la mieux réalisée de ce dernier demi-siècle…
Une architecture mécanique ultra-classique pour la montre traditionnelle la mieux réalisée de ce dernier demi-siècle…
©

Atlantic-tac

Mais aussi une architecture mécanico-temporelle en trois dimensions, des chiffres bleus qui annoncent une disruption stylistique et un gâteau d’anniversaire à l’épreuve du grand feu…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

Voir la bio »

NAISSANCE D’UNE MONTRE : La montre anti-industrielle qui bat des records…

Regardez bien la montre ci-dessus et ci-dessous, puis demandez-vous pourquoi elle peut bien valoir 1,3 million d’euros : c’est la somme rondelette qu’un amateur a posé sous le marteau de Christie’s pour acquérir cette « montre-école » dont l’aventure mérite qu’on s’y arrête. Les trois noms sur le cadran vous sont probablement inconnus : Greubel pour Robert Greubel, un des meilleurs maîtres-horlogers français de sa génération ; Forsey, pour Stephen Forsey, un des meilleurs maîtres-horlogers britanniques de sa génération ; Philippe Dufour, incontestablement le meilleur maître-horloger suisse de notre temps. Les deux premiers ont créé la marque Greubel Forsey, qui fait la joie des très riches collectionneurs (prix moyen autour de 300 000 euros). Le troisième est un « trésor vivant » et son atelier est un conservatoire du savoir-faire horloger (mécanique et esthétique) le plus respectueux de la tradition. C’est justement pour préserver ce savoir-faire qu’ils ont entrepris de créer, ensemble, une « montre-école », qui récapitulerait tous les métiers de la montre en réalisant, à la main, de A à Z, à l’ancienne, chaque composant de la montre (à 99,9 % pour être précis), jusqu’à la moindre vis. Tout a été filmé, enregistré et soigneusement archivé pour les générations futures. Une belle récompense pour la réputation de la place horlogère tricolore : la fabrication de cette montre a été menée à bien par un Français, Michel Boulanger, professeur d’horlogerie à l’Ecole d’horlogerie de Paris. Ce n’est pas que cette montre soit « bien » faite : c’est qu’on ne pourrait pas la faire mieux, ni en Suisse, ni ailleurs ! Plus qu’une montre techniquement et décorativement irréprochable, ce « tourbillon » mécanique est donc une déclaration d’amour aux beaux-arts des objets du temps, tels qu’on les bichonne en Suisse depuis cinq siècles. C’est un manifeste qui va faire date : c’est pour cette raison que les collectionneurs ont poussé les enchères jusqu’à 1,3 million pour cette première pièce (virtuellement unique, puisque « montre-école ») d’une série de douze montres, toutes déjà souscrites et même sursouscrites plusieurs fois. Ce tropisme des collectionneurs pour la vraie tradition est une gifle pour les marques horlogères trop globalisées et trop formatées, dont l’offre inconsistante n’est plus du tout excitante, sauf pour quelques nouveaux riches émergents de lointaines capitales exotiques…

POIRAY : Le charme de la soie pour draper un poignet féminin…

La maison Poiray a su imposer le principe d’une jolie petite montre pour les jolies petites Françaises, à des prix raisonnables qui permettent encore quelques caprices horlogers. Pour celles qui voudraient changer de montre sans changer leur montre, la créatrice Inès de Parcevaux a imaginé des « bracelets foulards » qui consistent à replier un mini-carré de twill de soie pour en faire une « manchette », sur laquelle on portera sa Poiray grâce à deux boucles spéciales, qui s’adaptent à la montre Ma Première (la plus fameuse des Poiray, avec son boîtier carré) aussi bien que la montre Ma Préférée (le nouveau boîtier rond de la marque). Comme il y a trois couleurs pour ces mini-carrés, on a de quoi s’équiper pour l’été : c’est tout de même plus chic, avec une inimitable touche de bon goût – la French Touch –  et un style glam-vintage qui n’aurait pas déplu à Grace Kelly. Comme d’autres créations de foulards sont annoncées pour la rentrée, on n’a pas fini de repérer de ces nouveaux bracelets de soie au poignet de toutes les Françaises fidèles à Poiray depuis plus de quarante ans…

BOVET 1822 : Une architecture du temps en trois dimensions…

On trouve plus volontiers la signature Pininfarina sur des voitures que sur des montres, mais cette OttantaSei dessinée pour Bovet 11822 est un hommage du meilleur atelier de design automobile au meilleur de ce que la mécanique suisse peut produire. Comme toute voiture qui se respecte, la montre dispose d’un « p re-brise » avant et d’un pavillon à l’arrière (fond transparent), mais également de deux « fenêtres » latérales gravées au laser (sur les flancs du boîtier). Le mouvement de la montre est lui-même traité comme un moteur d’automobile, avec des éléments clairement séparés et un parti-pris de transparence que vient encore souligner l’affichage de l’heure, des dix jours de réserve de marché (une sacrée performance) et la mise en avant du « tourbillon volant », d’une lisibilité très pédagogique et d’une remarquable légèreté visuelle. Passons rapidement sur les caractéristiques techniques et les avancées mécaniques de ce mouvement totalement réalisé dans les ateliers de la manufacture Bovet 1822 : elles sont exceptionnelles ! Terminons par le style tridimensionnel de cette architecture du temps, très contemporaine dans son esprit et même avant-gardiste par son design…

ZEITWINKEL : Des chiffres bleus qui jouent les séducteurs…

Très discrète (sans doute trop), la manufacture indépendante suisse Zeitwinkel fête cette année ses dix d’existence. Dix années d’une scrupuleuse honnêteté dans l’approche de l’horlogerie : design « germanique » ultra-soigné, c’est-à-dire efficace et pas forcément très pimenté, finitions impeccables, mouvements mécaniques vraiment « faits maison » [là où tant de marques se prétendent à tort « manufactures »], ateliers artisanaux soucieux d’un authentique Swiss Made et production réduite pour en conserver le contrôle et offrir une certaine exclusivité aux amateurs. Pour cet anniversaire, Zeitwinkel se « lâche » en s’offrant des chiffres sur le cadran de cette 082° : une entorse bénigne aux codes graphiques des autres collections, mais ces chiffres sont d’autant plus sexy qu’ils sont d’un joli bleu et qu’ils animent un cadran en émail grand feu de toute beauté. Une proposition très réussie, dont on espère que le succès poussera ultérieurement cette manufacture encore un peu timide vers des esthétiques plus excitantes…

ULYSSE NARDIN : Des chiffres romains à l’épreuve du feu…

Tiens encore une montre avec des chiffres bleus ! Tiens, encore une montre anniversaire avec un cadran en émail grand feu ! On va s’arrêter là, parce qu’on pourrait croire que l’une s’est inspiré de l’autre, et vice versa. C’est pour célébrer ses 170 ans que la manufacture Ulysse Nardin (groupe Kering) lance une édition limitée à… 170 exemplaires [les Suisses manquent d’imagination !] de cette Classico Manufacture, caractérisée par le fait que son esthétique est… classique et son mouvement est… manufacturé[bis repetita]. Les chiffres bleus sont romains et plutôt bienvenus sur ce cadran émaillé d’un blanc que son émail grand feu préservera de toute altération pendant des siècles. Profitons de l’occasion pour pratiquer un exercice salutaire : décomptez les différences entre deux montres qui se paraissent se ressembler (la Zeitwinkel ci-dessus et cette Ulysse Nardin) et vous comprendrez que l’horlogerie est l’art de procéder à d’infimes variations sur des thèmes éternels…

BELL & ROSS : « Des étoiles nouvelles dans un ciel inconnu »…

Généralement, Bell & Ross donne dans un style plus militaire que féminin, et plus « instrumental » que sensuel. Le défi, c’était de faire se rencontrer les deux univers. La BRS DiamondEagle a donc conservé le boîtier carré inspiré par les compteurs de bord des avions de chasse, mais en recréant sur le cadran un ciel nocturne piqué de diamants qui y dessinent la constellation de l’Aigle. Il existe une version très sertie (66 diamants sur la « lunette » : ci-dessous) et une version plus sobre de cette montre-bijou, qui nous relie aux grands mythes zodiacaux de l’Antiquité et aux codes de la joaillerie créative. Ceci tout en évoquant l’épopée des grands explorations, quand les conquistadors « penchés à l’avant des blanches caravelles, regardaient monter en un ciel ignoré, du fond de l’Océan des étoiles nouvelles » (José-Maria de Heredia, Les Trophées)…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

Lien : https://businessmontres.com/

Le sujet vous intéresse ?

À Lire Aussi

Quand les horlogers suisses n’y comprennent rien, quand l’éternité dialogue avec la fatalité et quand le bonheur mesure 19 mm : c’est l’actualité des montres (en temps de crise)… Quand le Bisontin ironise sur Goldorak, quand les marteaux tourbillonnent et quand la bulle titille les tricheurs : c'est l'actualité des montres (en temps de crise)…

Mots-Clés

Thématiques

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !