Quand on manque de muscle pour tout remonter, quand passent les chars d’assaut et quand la petite bronzée fait des vagues : c’est l’actualité des montres… <!-- --> | Atlantico.fr
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440 diamants taillés en baguette pour mettre en valeur l’architecture mécanico-futuriste d’une pièce unique Hublot dédiée à Ferrari et dotée de cinquante jours de réserve de marche.
440 diamants taillés en baguette pour mettre en valeur l’architecture mécanico-futuriste d’une pièce unique Hublot dédiée à Ferrari et dotée de cinquante jours de réserve de marche.
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Mais aussi la fin de la « bulle horlogère » suisse, le coup de biseau néo-classique et la séduction problématique du carbure de tungstène…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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HUBLOT : Que faire quand on a un million de dollars à gaspiller ?

Imaginons – soyons fous – que vous ayez un million de dollars à flamber… Comme tout bon oligarque néo-milliardaire asiatique, vous veilleriez à vous offrir une de ces montres improbables, issue de quelque cerveau dément et sertie à outrance – si possible avec un détail qui surconnoterait l’ambition ostentatoire de ce fétiche statutaire. C’est là que vous tomberiez sur la nouvelle montre LaFerrari que la maison suisse Hublot a dédié à la marque italienne de bolides mécaniques. Cette MP-05 LaFerrari est facturée à peu près un million de dollars, mais on lui a pesé 13 carats de diamants baguette pour en souligner l’architecture (si vous les comptez, vous trouverez 440 « cailloux » blancs déposés par le petit Poucet suisse). Les connaisseurs auront apprécié le tourbillon vertical, perpendiculaire au mouvement, logé à 6 h, comme c’était la mode dans les années 2000. Sculptée comme un moteur de bolide dans un boîtier en or de 44 mm, cette MP-05 La Ferrari propose une lecture numérique de l’heure (à droite), ainsi qu’une hallucinante réserve de marche de 50 jours (décomptés à gauche) : cinquante jours sans remonter la montre : record du monde. Précision utile : impossible de remonter à la main les 11 ressorts de barillet de ce mouvement mécanique, vous manqueriez de puissance ! Il vous faudra donc l’assistance d’un remontoir électronique fourni avec la montre. Cette « montre » – si, si, elle donne l’heure – est plus facile à porter qu’on ne l’imagine. Comme elle n’existera qu’en pièce unique, en vente pendant les festivités des cinquante ans de la cité-Etat de Singapour, on imagine qu’elle sera très disputée entre les nouvelles fortunes grand-chinoises de la place…

HORLOGERIE SUISSE : Pour qui sonne le glas ?

Installée dans une « bulle » gonflée par dix ans de croissance sur les marchés émergents, l’horlogerie suisse vient d’entrer dans une zone de turbulences qui voit son activité se contracter à des niveaux inquiétants : les exportations de montres ont chuté de 9,3 % en juillet, avec une décroissance moyenne de 1,2 % sur les douze derniers mois. Une telle baisse ne s’était pas produite depuis la crise financière de 2009. En soi, ce ne serait pas dramatique – sauf que les deux principaux moteurs de la croissance de ces six dernières années sont en panne (- 39,8 % pour la Russie, - 39,6 % pour la Chine ou - 28,7 % pour Hong Kong en juillet). La décrue est sévère, d’autant plus qu’il n’y a pas d’autres moteurs de rechange sur cette planète. Le climat géopolitique autour de la Russie n’est plus guère plus favorable que le climat politique dans une Chine dont les dirigeants communistes semblent avoir perdu le contrôle de l’économie. Personne n’achète de montres quand on ne sait pas ce qu’on mangera, ni où on se logera le lendemain. Certes, les touristes chinois continuent encore à acheter quelques montres à l’étranger (+ 53 % de hausse du marché français en juillet, chiffre qui s’explique aussi par l’explosion du marché parallèle au départ de la France), mais les exportations suisses n’ont pas encore encaissé l’impact commercial à venir des montres connectées, comme les six millions d’Apple Watch qui devraient se vendre d’ici à la fin de l’année. Face à l’explosion – largement prévisible, mais rarement anticipée – de cette « bulle horlogère », que font les manufactures suisses ? Rien ou si peu ! L’attentisme est de mise : la régression des marchés provoque la dépression des équipes de direction. On en reparlera, forcément…

VICTORINOX : Mieux qu’un couteau suisse, une I.N.O.X. en acier ?

La marque emblématique des couteaux suisses – les vrais, ceux qui sont réglementaires dans les régiments de la Confédération – propose également des montres travaillées dans le même esprit de robustesse et de fiabilité. Témoin, cette collection I.N.O.X. dont la simplicité apparente cache une résistance hors du commun : ces montres ne sont qualifiées (bracelets en acier compris) qu’à l’issue d’une série de 130 tests destructifs comme jamais aucune marque de montres n’avait osé en pratiquer. Exemples : dix mètres de chute sur une surface en béton ou pression au passage d’un char d’assaut de 64 tonnes. Cette I.N.O.X. en acier (43 mm), désormais proposée avec un bracelet en acier tout aussi violemment testé, est animée par un mouvement électronique suisse. Superbement dessinée, elle est étanche à 200 m, avec un vif souci de luminescence dans l’obscurité. Pour les exercices extrêmes, on peut la renforcer d’un « bumper » amovible en matériau synthétique encore plus résistant. L’I.N.O.X. est déjà une icône chez les amateurs de montres vraiment tout-terrain et tout temps…

BREITLING : Le carbure de tungstène comme nouveau métal précieux féminin ?

Trop de marques horlogères « machistes » oublient que l’autre moitié de l’humanité est composée de femmes, qui constituent donc un fabuleux gisement commercial. 9a, c’est la bonne intuition de départ. C’est après que ça se gâte : comme Breitling ne vend plus très bien ses Chronomat trentenaires, au design un peu ringard et pas encore assez vintage, autant les refiler à ces dames. 38 mm, c’était une taille masculine avant l’an 2000, mais c’est aujourd’hui une taille féminine. Le Chronomat 38 Sleek T affirme désormais « mettre les femmes aux commandes ». Argument majeur : une lunette lisse en carbure de tungstène, matériau high-tech qui fera sans doute vibrer le cœur des diplômées en métallurgie avancée, mais on a des doutes sur les autres dames de notre connaissance, qui commencent à considérer que le restylage d’un chronographe masculin avec un cadran en nacre comme seul marqueur « féminin » est un indice de mépris plus qu’une preuve d’attention. Faire de ce Chronomat 38 Sleek T un « condensé de Breitling au féminin », surtout à 6 580 euros, c’était la gaffe à ne pas faire. Les concurrents s’en méfiaient. Breitling a plongé…

JAQUET DROZ : La modernité sans agressivité, en deux coups de biseau ?

Rien de plus (néo)classique que cette Grande Heure Minute Quantième de Jaquet Droz, qui abandonne un instant sa traditionnelle Grande Seconde décentrée pour replacer au centre toutes les aiguilles, qui reprennent les codes identitaires de la marque. Le boîtier a été légèrement redessiné : toujours en 43 mm, il a pris du muscle sans perdre sa couronne de remontage facettée, mais en sacrifiant au passage une partie de son élégance intemporelle. La touche de modernité très bien venue, en revanche, c’est le creusement en double biseau du guichet de la date, qui crée une référence géométrique forte dans un ensemble dont la fluidité pourrait verser sans cela dans la mièvrerie ou la banalité. Chez Jaquet Droz, avec le guillochage en larges « Côtes de Genève » du cadran bleu, la réussite esthétique est au rendez-vous de cette rentrée, mais il ne faudrait pas oublier les avancées mécaniques de ce mouvement, doté d’un spiral au silicium de haute technologie, visible à travers le fond transparent de la montre.

EBEL : Le bronzage nostalgique d’une splendeur (dé)passée ?

Peut-on être et avoir été ? C’est la question lancinante que se posent les marques qui ont été des fétiches générationnels – pour Ebel, c’était dans les années 1980 – avant de retomber ensuite dans une débine douloureuse et chaotique. Jamais remise du succès fulgurant de ses icônes désormais quasi quadragénaires, la maison Ebel se demande comment faire reporter aux filles les montres de leurs mères. Pas sûr que ce soit une bonne idée, même si cette Wave – un des meilleurs best-sellers horlogers des années Giscard-Mitterrand – en version Lady Bronze ne manque pas de charme, ni de féminité. Le bronze, c’est pour la couleur du cadran, très mode, dans l’esprit jungle urbaine et safari citadin. Les « vagues » d’or rose (PVD, qu’allez-vous penser ?) se prolongent du bracelet vers les aiguilles pour y créer une intéressante harmonie dorée qui nimbe de lumière chaude les diamants du cadran. Derrière le miel de cette ambiance, un mouvement automatique suisse. C’est une montre de rentrée qui teinte de nostalgie les couleurs de l’automne qui vient. Les 30 mm du boîtier constituent une taille parfaite pour cette « montre à vivre », à laquelle il ne manque plus qu’une touche de glamour pour renouer avec les splendeurs d’un passé féérique…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

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