Le plastique pour faire des routes, c’est (pas) fantastique<!-- --> | Atlantico.fr
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La ville de Rotterdam envisage de créer des routes en plastique recyclé.
La ville de Rotterdam envisage de créer des routes en plastique recyclé.
©Reuters

Route en bouchons

Biocarburant, textile... Aujourd'hui, le plastique est partout. Et ses usages se développent. La ville de Rotterdam, aux Pays-Bas, a annoncé envisager de construire des routes en plastique de bouteilles recyclées. Une fausse bonne solution, le cycle de vie du plastique étant alors stoppé avant son obsolescence.

Delphine Lévi Alvarès

Delphine Lévi Alvarès

Delphine Lévi Alvarès est responsable du plaidoyer et des relations internationales pour Zero Waste France, anciennement Cniid (Centre national d'information indépendante sur les déchets).

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Atlantico : La ville de Rotterdam aux Pays-Bas envisage de construire des routes à base de bouteilles de plastique recyclées. Quels sont les nouveaux usages du plastique que l'on ne soupçonne pas aujourd'hui ? Ces solutions sont-elles viables et moins polluantes ?

Delphine Lévi Alvarès : Ce type de procédé s’appelle du "downsizing", c'est-à-dire qu'on retire sa valeur à une matière, en l'occurrence le plastique, qui aurait pu être encore recyclée. Un matériau comme le plastique, qu'on aurait pu faire durer encore un peu plus, voit son cycle de vie s’arrêter pour construire des routes. On stoppe littéralement la vie d'une matière. On utilise aussi le plastique comme combustible, en l’occurrence en biocarburant, c’est-à-dire que sa durée de vie est encore plus limitée que pour la route. Ce qui revient là aussi à mettre un terme à la durée de vie d’une matière. On produit enfin des pulls en polaire à base de plastique mais là aussi cela revient à bloquer le cycle de vie de la matière plastique car le polaire n’est pas recyclable. Dans le cas des routes aux Pays-Bas, on fait passer pour écologique un usage qui ne diminue pas la capacité d’une matière à produire des déchets. Elle n'en produit pas plus mais la même quantité. Ce qui incite à produire toujours exactement la même quantité de détritus. 

L'exemple des routes de Rotterdam est-il la preuve que l'économie circulaire fonctionne et est appelée à se développer ? Le plastique est-il la matière la plus appropriée pour l'économie du recyclage ?

Il n’y a pas de circularité si vous arrêtez le cycle de vie de la matière. Si vous faîtes de revêtements de routes avec des matériaux qui sont en fin de cycle parce qu’il n’existe pas de techniques de recyclage ou parce qu’il ne peut plus être recyclé, c’est encore une autre question. Mais si vous utilisez un matériaux qui pourrait avoir d’autres vies en ne lui en donnant qu’une seule, vous ne pouvez pas dire qu’il s’agit d’économie circulaire. L’économie circulaire n’est pas très bien définie, c’est le problème, ou en tout cas a une définition pas partagée par tous les différents acteurs et chacun va définir lui-même les propres limites pour servir son propre intérêt. Le plastique ne fait pas partie des matériaux qui se recyclent le plus longtemps ni le plus facilement, contrairement au verre et à  l’acier qui, eux, se recyclent indéfiniment et de façon très simple. A l'instar du papier, qui a plus que sept vies, ou le carton. Mais le plastique n’est clairement une matière durable, il ressort lui-même d’une matière finie, et on ne peut pas le recycler indéfiniment. Et on produit rarement des produits 100% en plastique recyclé et sans apport de matière première vierge. 

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