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Pourquoi notre cerveau nous prédispose tous à être des climato-sceptiques
©Reuters

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Alors que la Conférence de Paris sur les changements climatiques se tiendra à la fin de l'année, la lutte contre le dérèglement climatique est devenue un thème préoccupant à la fois les citoyens et les hautes sphères étatiques. Pourtant, dans les faits, l'être humain semble programmé pour être plutôt sceptique sur le sujet.

Lors du dernier sommet du G7 en Bavière (Allemagne), le 7 et 8 juin dernier, les principaux pays industriels ont accepté de renoncer, graduellement, aux énergies fossiles, dans un souci de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Si les actions gouvernementales tendent à se multiplier en matière de lutte contre le réchauffement climatique, et ce, même à l’échelle individuelle, cela peut s’expliquer notamment par le fait que les individus sont naturellement mal équipés pour faire face à ce type d’enjeux. En d’autres termes, le cerveau est programmé pour être sceptique devant certains risques.
En effet, au cours de l’évolution de l’homme, ce dernier a appris à répondre de façon plus intense aux menaces immédiates et facilement imaginables mentalement. Par conséquence, les risques plus lointains et abstraits ont été relégués au second plan. Ainsi d’après une étude américaine réalisée en 2008 par la George Mason University en Virginie avec le Yale Project on Climate Change concernant le sentiment de vulnérabilité face au réchauffement climatique pas plus de 32% des sondés envisageaient que le réchauffement climatique puisse un jour les affecter de manière directe.

Les menaces intentionnelles d’un individu en particulier sont prises avec davantage de considération que les menaces non intentionnelles résultant de l’action collective. L’être humain se concentre davantage sur les changements de phénomènes qui ont lieu chaque jour plutôt que sur ceux qui évoluent progressivement au fil des années. De plus, régler la croyance que l’homme a, c’est-à-dire l’importance accordée au changement climatique, apparait bien plus commode pour l’homme qu’effectuer un changement de comportement comme se passer de l’avion ou même avoir moins d’enfants.

Le prix Nobel d’économie Daniel Kahneman, expert également en psychologie cognitive, se déclare plutôt pessimiste pour la suite. D’après lui, il y a peur d’espoir ; la conscience psychologique des individus ne permettra pas de surmonter leur réticence à réduire leur niveau de vie.

A choisir entre déni et mécanismes de défense, ou sentiment de culpabilité et acceptation de sacrifices personnels, l’homme opte plus naturellement pour la première option. Les résultats d’enquêtes, souvent variables quant à l’importance donnée par les sondés au réchauffement climatique et les difficultés à mettre en œuvre les convictions sont les illustrations d’une forme de dissonance cognitive chez l’individu.

Il faut aussi noter, ce sujet passionne peu les foules. En effet, le changement climatique est souvent jugé ennuyeux par le grand public. Il s’agit souvent de phénomènes complexes, lents, revêtant un aspect impersonnel majeur comme beaucoup de sujets fondamentaux. Les individus éprouvent donc des difficultés à se saisir de ces questions pour juger ensuite de leur importance. Selon une étude réalisée par l'institut BVA pour Place to B et publiée en mars 2015, seuls 13% des personnes interrogées estiment que la lutte contre le réchauffement climatique est une priorité.
Face à ce défi, près de 9 Français sur 10 considèrent néanmoins que des solutions existent (sondage Ipsos pour Havas Paris, janvier 2015).

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