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Patience, persévérance et élégance
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Atlantico chic

Alors que le retour du gentleman élégant semble se confirmer, beaucoup d’hommes (re)découvrent avec passion les bienfaits de l’élégance personnelle et l’impact de l’éducation dite « sartoriale » sur leur existence. Mais beaucoup commettent également l’erreur de vouloir aller trop vite. Leçon de patience par Hugo Jacomet, blogueur star de l’élégance parisienne.

Hugo Jacomet

Hugo Jacomet

Fondateur et éditeur de "Parisian Gentleman", Hugo Jacomet est une plume reconnue dans le domaine du style masculin.

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Travailler à son style personnel n’est pas une entreprise facile et encore moins superficielle pour qui comprend, et vous êtes de plus en plus nombreux dans ce cas, que la façon dont vous vous présentez à autrui, que ce soit dans le cadre professionnel, social ou privé, peut avoir un impact considérable sur votre existence (voir : Une bonne éducation sartoriale peut changer votre vie).

Je suis d’ailleurs toujours éberlué de voir tant de cadres supérieurs, vêtus comme des sacs, avec des costumes deux fois trop grands pour eux, des chaussures de (très) petite qualité et des cravates à motifs improbables (souvent offertes par leurs enfants à Noël), passer à des heures et des heures à parfaire leurs « présentations » powerpoint, les images et les transitions entre chaque « slide », alors qu’ils ne semblent, à l’évidence, ne consacrer que très peu de temps à leur présentation personnelle. Pourtant, avec un peu d’éducation sartoriale, ils pourraient littéralement multiplier par dix leur charisme et donc l’impact de leurs messages.

Car franchement, vaut-il mieux une « slide » disant « bonjour à tous » au début d’une présentation (avec une pauvre illustration de travail en équipe tellement convenue qu’elle en devient risible), plutôt qu’un homme sobrement vêtu, avec un costume discret, mais à sa taille, une belle chemise blanche fraîchement repassée, une  jolie cravate unie bien nouée, des souliers propres et bien cirés, disant bonjour avec un simple sourire à son auditoire ?

En d’autres termes la façon dont nous nous présentons aux autres n’est-elle plus considérée, dans la plupart des grandes entreprises, comme un médium à part entière, au moins aussi important que ces stupides présentations informatiques dont tout le monde a sa claque mais dont personne ne semble plus pouvoir  se passer ?

Le pire c’est que plus les années passent et plus je me rends compte que l’esthétique des présentations powerpoint (ou leurs équivalents plus modernes) semble définitivement plus importante pour les cadres en question que leur présentation personnelle…

Et c’est selon moi un vrai drame, dont la portée est bien plus profonde que vous pouvez l’imaginer, car cela touche à la façon dont nous nous présentons (littéralement) à autrui, la manière dont nous « inter-agissons » avec les autres et, finalement, à notre charisme et à notre comportement global.

A l’inverse, comme vous le diront (en douce) tous les auditeurs de ces « conférences-conventions-forums-réunions », écouter un orateur ayant du style, tant vestimentaire que verbal, et n’utilisant qu’un minimum de ces affreuses béquilles informatiques, sont souvent adorés et admirés par leurs auditoires (tous niveaux hiérarchiques confondus). Cherchez l’erreur… ci dessous.

Tu vas à un mariage ?

Le problème est en effet bien plus vaste même s’il a tendance, depuis quelques années grâce à la (petite) révolution en cours dans notre domaine, à s’adoucir.

Car si tout le monde se réjouit du retour de l’élégance chez les hommes, chez PG nous recevons toujours, à ce jour, de nombreux mails nous expliquant que la démarche sartoriale n’est pas si simple à mettre en route notamment dans certaines grandes entreprises où la moindre pochette, le moindre soulier patiné voire la moindre cravate bien ajustée (surtout le vendredi) font souvent l’objet de railleries de collègues dignes des années 80 (les railleries pas les collègues, quoique…) du genre : « tu vas à un mariage ? » ou « tu as ton entretien annuel? » ou, encore pire « tu as un entretien d’embauche ? ».

Affligeant mais encore tellement vrai…

Quelle est donc la solution ? Comme toutes choses dans la vie : La patience,  la persévérance et l’expérience.

AU BOUT DE LA PATIENCE, IL Y A LE CIEL

©Andy Julia

La découverte de la puissance de la démarche sartoriale peut en effet pousser certains d’entre vous à vouloir tout changer tout de suite et à en faire un peu trop. Je connais bien cette erreur pour l’avoir commise, à titre personnel, de nombreuses fois et m’être retrouvé, à mon corps défendant, au mieux « trop » habillé, au pire « sur-habillé ».

Cette erreur de débutant est encore plus criante pour ceux d’entre nous qui, n’ayant aucun problème de pouvoir d’achat, se ruent littéralement sur les beaux costumes, les belles chemises, les belles cravates, les beaux souliers et les beaux accessoires chroniqués dans Parisian Gentleman ou dans Atlantico Chic, sans avoir pris le temps de réfléchir au but de leur démarche et, surtout, de faire leurs propres essais et découvertes au delà des quelques règles fondamentales énoncées dans ces colonnes ou dans (quelques) autres.

La patience est donc une fois encore, que cela nous plaise ou pas, la solution et ce, quels que soient vos moyens. Voici donc quelques conseils, fondés sur ma propre expérience et sur mon observation, quotidienne, des erreurs et des progrès de mes congénères :

1- Apprenez à maîtriser les fondamentaux de l’élégance masculine en consultant, par exemple, l’Académie Parisian Gentleman, qui regroupe, au même endroit, une centaine d’articles pratiques consacrés au sujet.

2- Prenez le temps, quels que soient vos moyens, de découvrir par vous-mêmes la hiérarchie des vestes qui vous va le mieux : personnellement, j’ai appris que les vestes et les manteaux croisés étaient, de loin, ceux qui mettaient le mieux ma silhouette en valeur. Cela ne veut pas dire que je ne porte jamais de vestes droites, mais cela veut dire que lorsque j’ai vraiment besoin de me sentir au meilleur de moi-même, je porte toujours un costume ou un manteau croisés dans lesquels je me sens invincible.

©Lyle Roblin

3 – Ensuite j’ai découvert qu’étant de taille moyenne (1m78), les revers à cran aigu sur les vestes droites étaient les plus avantageux pour moi car ils avaient une vraie tendance à allonger ma silhouette.

Et lorsque je porte des vestes à cran normaux (notch lapels), je fais toujours attention à ce que ceux-ci soient positionnés assez haut sur le revers. Déterminer ces quelques clés stylistiques personnelles m’ont pris, au bas mot, deux bonnes années.

©Lyle Roblin

4- Si vous doutez encore des couleurs qui vous vont le mieux, alors investissez dans cinq chemises blanches bien ajustées à votre morphologie. Une chemise blanche est toujours une solution gagnante et est ce qui fait la différence entre un homme et un garçon (voir ici l’excellent article de Sonya Glyn Nicholson, l’éditrice américaine de PG, sur le sujet : The White Shirt : Telling the Men from the Boys).

5- Ensuite faites des essais, beaucoup d’essais afin de trouver votre deuxième couleur, en ne mésestimant pas les couleurs moins courantes : j’ai récemment découvert, après plus de 6 années de PG,  que le rose était une excellente couleur pour moi.

Puis découvrez votre troisième couleur afin d’établir votre hiérarchie personnelle que vous aurez vite fait de lier avec les différentes occasions de la vie (formelles, business, casual). Pour ce faire, nul besoin de dépenser des fortunes, il existe sur le marché pléthore de chemisiers et de fabricants de cravates (anglais, français, italiens) qui vous permettront de faire des essais en vous donnant l’occasion de vous tromper de temps à autre sans vous ruiner.

©Gentlemanchemistry.com

6- Soyez prudent avec les motifs et essayez les avec des pièces peu chères, comme les chemises ou les cravates. Et si vous avez un doute, commencez par des motifs « fondus » (des rayures discrètes, des carreaux « fondus ») et surtout pas par des motifs criards ou des rayures sur-dimensionnées.

7- N’utilisez, au début, qu’un seul accessoire par mise : soit un mouchoir, soit un bijou de cravate, soit un bijou de boutonnière, mais évitez de les multiplier. J’ai mis trois années à pouvoir être moi-même à l’aise avec une pince à cravate et un mouchoir et je reste à ce jour très prudent avec les bijoux et ornements de boutonnières.

8– Pour les pochettes, plus que pour tout autre accessoire, faites des essais et ne vous fiez jamais à votre première impression dans le magasin ou sur le présentoir.

Comme l’explique si bien Dirnelli dans son fameux article intitulé Les Dix Commandements de la Pochette, le mouchoir de poche fait partie de ces accessoires qu’il vous faut absolument essayer sur vous avant de former votre jugement.

Une pochette avec un beau motif que vous trouvez très belle sur un présentoir peut s’avérer être une catastrophe sur vous alors qu’un mouchoir anodin et uni, peut se révéler flamboyant dans votre poche. A titre personnel, j’ai récemment découvert que la couleur « rouille » était celle qui me convenait le mieux pour mes pochettes et je ne porte quasiment désormais que cette couleur (qui d’ailleurs se marie avec quasiment tout). Cela m’a pris cinq années pour faire cette découverte, qui peut sembler anodine, mais qui change tout.

©Lyle Roblin

Je pourrais multiplier ces exemples à l’infini pour illustrer mon propos, mais je pense que vous avez saisi l’idée.

La démarche sartoriale, comme toute démarche importante ayant un impact direct sur l’existence, nécessite un peu de temps et beaucoup de patience. Bien sûr, si vos moyens vous le permettent, le Bespoke tailoring à Paris, Londres, Milan ou Naples, est l’école parfaite qui vous forcera à être patients, même si vous avez dépensé des milliers d’euros…

Mais si vous n’avez pas la possibilité d’emprunter, au moins tout de suite, cette voie royale, alors suivez les quelques conseils ci-dessus et surtout n’oubliez jamais que, comme le dit le proverbe africain, « au bout de la patience, il y a le ciel. »

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