Houellebecq serait-il le Balzac de la bourgeoisie décadente du 21e siècle ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Michel Houellebecq.
Michel Houellebecq.
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Atlantico Lettres

La crise de la société contemporaine vue à travers la littérature de l’auteur de “Plateforme”. Une critique du journal "Service littéraire".

Philippe  de Saint Robert

Philippe de Saint Robert

Philippe de Saint Robert écrit pour Service Littéraire, le journal des écrivains fait par des écrivains. Dernier ouvrage paru : “Écrire n’est pas jouer" (Editions Hermann). 

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ce n’est pas d’aujourd’hui que le phénomène Houellebecq bouleverse le champ ordinaire de la littérature.

Ceux qui dès le début le lirent au premier degré ne perçurent pas sa critique née du désastre de mai 68 ; certains crurent même qu’il en faisait l’éloge. Pourtant, que voudrait dire cette phrase de “L’Extension du domaine de la lutte” : « Tout comme le libéralisme économique sans frein, et pour des raisons analogues, le libéralisme sexuel produit des phénomènes de paupérisation absolue » ?

Bernard Maris, économiste dérangeant, sait lire. Je dis dérangeant parce que Houellebecq économiste lui a valu un sermon d’un certain Mathieu Laine dans une feuille néo-libérale (Le Point) : « Non, Houellebecq n’est pas marxiste ! » Bien sûr, à aucune ligne Bernard Maris ne range Houellebecq dans la catégorie marxiste mais, pour les piliers ordinaires de la réaction, qui n’est pas néo-libéral est nécessairement marxiste. Passons. « Si la souffrance des héros de Dostoïevski est liée à la mort de Dieu, celle des héros de Houellebecq naît de la violence du marché », écrit Bernard Maris qui ajoute : « Houellebecq déteste le libéralisme, l’idéologie des individus libres luttant tous contre tous. (…) Les personnages de Houellebecq vivent cette intériorisation de la peur (…). Aucun romancier n’avait jusqu’à lui aussi bien perçu l’essence du capitalisme, fondé sur l’incertitude et l’angoisse. » Bernard Maris va au-delà de l’analyse purement économique : « Comme Baudelaire et Mallarmé ont su tirer de l’Ennui une poésie magnifique, Houellebecq utilise la cendre du marché pour nous entraîner dans des romans éblouissants. Poète portant au pinacle Baudelaire, lui aussi transforme l’ennui en or, l’ennui de cette science « effroyablement ennuyeuse », comme dit le héros de Plateforme. » Pour Bernard Maris, Houellebecq est à notre bourgeoisie décadente ce que Balzac fut à la bourgeoisie conquérante du capitalisme triomphant.

Houellebecq économiste, de Bernard Maris, Flammarion, 160 p., 14 €.

Source : Service Littéraire, le journal des écrivains fait par des écrivains. Le mensuel fondé par François Cérésa décortique sans langue de bois l'actualité romanesque avec de prestigieux collaborateurs comme Jean Tulard, Christian Millau, Philippe Bilger, Éric Neuhoff, Frédéric Vitoux, Serge Lentz, François Bott, Bernard Morlino, Annick Geille, Emmanuelle de Boysson, Alain Malraux, Philippe Lacoche, Arnaud Le Guern, Stéphanie des Horts, etc . Pour vous y abonner, cliquez sur ce lien.

Service Littéraire. Le mensuel de l'activité romanesque

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