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Deux types de wifi sont appelés à se développer : l'un à basse fréquence et l'autre à haute fréquence.
Deux types de wifi sont appelés à se développer : l'un à basse fréquence et l'autre à haute fréquence.
©Reuters

Restons câblés !

On a beaucoup parlé du bug de l'an 2000, qui ne s'est pas produit, et très peu de celui qui pourrait bien arriver d'ici 2020 si nous ne nous y préparons pas : le bug du wifi. Face à l'accroissement effréné du nombre d'appareils connectés, notre capacité à couvrir l'ensemble des besoins est devenue un enjeu majeur.

Bertrand Duperrin

Bertrand Duperrin

Bertrand Duperrin est directeur au sein du cabinet Nextmodernity et blogeur. Il est un des spécialistes français de l’évolution conjointe des modes de travail et des technologies.

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Atlantico : Selon Greg Ennis, pionnier du wifi et membre de l'association internationale Wifi alliance, deux types de wifi sont appelés à se développer : l'un à basse fréquence, et l'autre à haute fréquence. Quelle est la différence entre les deux ?

Bertrand Duperrin : La différence porte sur la vitesse et la portée. En fonction de la fréquence on peut avoir une vitesse supérieure mais avec une portée moindre et davantage de capacité à traverser les murs et cloisons ou quelque chose qui porte davantage mais au prix d’une vitesse moindre. Plus la fréquence est basse plus la connexion est rapide, plus elle est élevée plus la portée est importante.

Pourquoi est-il nécessaire de développer ces deux types de connexions au réseau internet ? Quels sont nos nouveaux modes de communication du net qui obligent à une révolution du wifi sur deux plans ?

Même si on en parle moins que du bug de l’an 2000 il y a vraiment des craintes que les infrastructures réseau ne tiennent pas la charge face aux demandes futures. Une sorte de bug de 2020. Il faut se souvenir de l’évolution des besoins en connectivité depuis 15 ans. En 2000 on n'avait qu’un appareil connecté, un ordinateur, et le plus souvent de manière filaire. Et encore… à cette époque tout le monde n’avait pas internet chez soi. Puis on a eu besoin de se connecter en mobilité, sans fil. Chez soi ou en déplacement. Puis on a eu un nombre de plus en plus important d’appareils à connecter. On est passé d’un ordinateur à plusieurs dans un même foyer, puis des téléphones, des tablettes. Aujourd’hui des infrastructures de lieux publics comme des hôtels ou des salles de conférence, parfaitement dimensionnées pour les années 2008-2010 doivent être totalement remises à plat et redimensionnées. L’an dernier j’ai appris, en assistant à une conférence aux Etat-Unis, que le Wifi de l’Hotel supportait environ 3  fois plus de connexions qu’il n’y avait de participants. 3 appareils par personne ! Cela fait beaucoup mais on le ressent surtout dans les lieux publics, pas chez soi. 

Demain les objets connectés vont changer la donne. Selon le cabinet Gartner en 2020 ce seront 26 milliards d’objets connectés qui viendront se connecter aux réseaux, en plus des appareils que nous connaissons déjà. 26 milliards et avec, logiquement, une certaine concentration géographique dans les premiers temps. Ce qui va ne faire qu’ajouter au problème.

D’où l’inquiétude logique des experts : lorsque nous serons entourés d’objets connectés que chaque lampe, interrupteur, objet de la vie quotidienne, du pèse personne au frigo deviendra connecté. Lorsque toutes les infrastructures urbaines, chaque machine dans une usine deviendront des senseurs, des émetteurs de données, est-ce que le wifi actuel sera capable de tenir la charge sans dégradation du service ? A l’horizon de  2020 la réponse qu’ils nous donnent est "difficilement". Si l’on regarde plus loin la réponse est "non". Pour reprendre la métaphore des autoroutes de l’information je dirai qu’on se prépare à des embouteillages massifs en raison du nombre de véhicules et des quantités transportées.

Une partie du problème, celle du nombre de véhicules, a été résolue avec la norme IP V6 qui permettra d’allouer une adresse à chaque objet. Maintenant se pose la question du volume ce qui est davantage une question d’infrastructure. 

Pour autant tous les objets n’ont pas les mêmes besoins. Un téléphone ou un ordinateur a besoin de gros débits quitte à rester proche d’une borne, un objet connecté a besoin de moins de bande passante, ce qui peut s’accommoder de bornes plus espacées et d’un débit inférieur. D’où l’idée de faire cohabiter deux normes : une voie rapide et une voie plus lente. Chacune dédiée à un type de besoin.

A l'avenir, peut-on s'attendre à ce que le wifi couvre des surfaces géographiques bien plus importantes ? En quoi notre quotidien en sera-t-il changé ?

Le premier enjeu sera de transporter des quantités croissantes de données, le second de couvrir des zones plus larges car les objets seront partout, même dans les zones les plus reculées ou les moins peuplées. Alors bien sûr on peut s’attendre à une couverture géographique plus importante même si l’enjeu est surtout de créer des canaux de circulation pour tous les besoins et tous les appareils connectés. Quant à notre quotidien l’objectif premier c’est justement qu’il ne soit pas changé, dans un premier temps en tout cas. Il faut faire en sorte que l’augmentation du nombre d’appareils connectés ne se traduise pas par une dégradation des conditions de connexion. Dans un second temps ils y aura un bénéfice par ricochet lié aux appareils connectés et aux services qu’ils seront en mesure de rendre. Qu’ils s’agisse d’objets personnels chez soi, d’infrastructures urbaines et publiques ou dans des usines et autres lieux de production. Pas des objets que l’on utilisera directement mais qui auront des effets indirects en fonctionnant en toile de fonds.

Sommes-nous condamnés à toujours augmenter notre capacité de connexion ? Jusqu'où cela ira-t-il ?

Pour ce qui est de la capacité de connexion individuelle, pour nos appareils personnels, on va atteindre un plateau au fur et à mesure que tous les pays arrivent au même niveau. Cela va prendre encore un certain temps mais on s’en approche. Il va par contre se poser la question des  volumes de connexion au fur et à mesure qu’on va consommer davantage de contenus lourds (comme des vidéos). Par contre les objets connectés posent d’autres questions : leur nombre est aujourd’hui difficile à prévoir même si on sait que cela va se compter en dizaines de milliards rapidement et leurs usages ressent à inventer donc on a aucune idée du volume de données qu’ils vont transmettre à un horizon de 10 ou 20 ans.

L’enjeu n’est pas notre capacité de connexion mais l’offre de connectivité : pour de plus en plus d’appareils dans des lieux de plus en plus dispersés sans qu’ils soient nécessairement utilisés directement par des humains.

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