La révolution Al Jazeera

50 millions de téléspectateurs arabophones chaque soir, des dizaines de millions d'internautes sur son site Web (en progression de 2 500% depuis le début des révoltes arabes)... Al Jazeera s'est aujourd'hui imposée comme un acteur incontournable du Paysage Audiovisuel Mondial, 15 ans seulement après sa création.

Emmanuelle Anizon revient pour Telerama sur l'histoire de la chaine lancée en 1996 par l'émir du Qatar à la suite du putsch qu'il a réalisé contre son propre père. Dotée de moyens financiers considérables, Al Jazira a recruté les meilleurs journalistes arabophones formés par la BBC dès son lancement. Elle continue aujourd'hui d'offrir des ponts d'or pour s'offrir les services des meilleurs professionnels dans le monde, et notamment pour renforcer sa déclinaison anglophone lancée en 2006.

Si Al Jazeera est parvenue à devenir la "voix des sans voix" au Moyen Orient, elle fait souvent mieux que CNN et la BBC grâce à un réseau d'informateurs et de contributeurs anonymes qui lui permettent de couvrir aujourd'hui les révoltes arabes comme personne.

Mieux : grâce à Al Jazeera english, le groupe de télévision qatari présente une vitrine au ton beaucoup plus neutre que sa déclinaison arabophone. Les reportages y sont davantage "calibrés pour les vertueuses oreilles démocrates", écrit la journaliste de Télérama.

Après avoir démontré en Afghanistan puis en Irak qu'elle disposait des moyens de ses ambitions, Al Jazira a "incarné médiatiquement" les révoltes arabes. En Tunisie, en Egypte, en Libye, les manifestants ont scandé son nom. La chaine qatari, qui n'accorde que peu d'importance au Qatar, profite du vent de l'histoire pour asseoir sa légitimité. Elle envisage maintenant de se développer en Afrique ou en Amérique Latine, avant de s'attaquer aux Etats-Unis.